Israël est sur le point de récupérer 5 000 feuillets de documents des archives de Max Brod, l’exécuteur testamentaire de Franz Kafka, après une longue saga judiciaire.
La police allemande doit remettre mardi 21 mai à Israël des milliers de documents ayant appartenu à Max Brod, confident et exécuteur testamentaire de Kafka, épilogue de l’un des épisodes de la saga internationale autour de ces archives.
Brod, qui est mort en 1968, a contribué à faire la célébrité posthume de l’auteur tchèque en publiant certaines de ses oeuvres de référence. Encore aujourd’hui, l’intérêt de ses archives tient au fait qu’une grande partie de l’oeuvre de Kafka n’avait pas été publiée de son vivant et que tout document inconnu recèle potentiellement un texte inédit du célèbre auteur tchèque de langue allemande ou des détails sur sa vie.
Or en 2013, deux Israéliens approchent les archives littéraires allemandes de Marbach et de potentiels acheteurs privés en se disant en possession de documents inédits ayant appartenu à Max Brod, lui-même écrivain et journaliste.
Des documents volés chez la secrétaire de Max Brod
Suspicieuses, les autorités allemandes « comprennent rapidement qu’il s’agit de documents appartenant aux archives privées de Max Brod qui avaient été dérobés au domicile de sa secrétaire à Tel-Aviv », selon l’ambassade israélienne.
Trois valises, contenant environ 5 000 pages de documents personnels, atterrissent alors dans les locaux de la police fédérale allemande (BKA). Des experts littéraires sont appelés en renfort pour dresser un inventaire. « On peut dire que c’est une sorte de ‘Who’s Who’ du milieu culturel européen durant les quarante premières années du siècle dernier », commente Stefan Litt, commissaire auprès des archives israéliennes.
Dans les 5 000 feuillets qui seront transmis mardi après-midi lors d’une cérémonie à l’ambassade d’Israël à Berlin, un seul document signé de Kafka, une carte postale envoyée en 1910, a été retrouvé. Mais les autres manuscrits, qui comportent des passages inédits du journal de Brod et la correspondance avec son épouse, pourraient fournir davantage d’informations sur la vie de Franz Kafka.
Les papiers seront conservés à la Bibliothèque nationale israélienne
Les documents seront ensuite acheminés jusqu’à la Bibliothèque nationale israélienne conformément à une décision du tribunal allemand de Wiesbaden de janvier 2019. Elle bataille depuis plus de dix ans pour récupérer l’intégralité de la collection Max Brod,
Par ailleurs, dans une affaire distincte qui fait des allers-retours entre la Suisse et Israël depuis 10 ans, des manuscrits et dessins de Kafka doivent être exhumés des coffres-forts de la banque UBS sur décision de la justice à Zurich en avril dernier.
Franz Kafka, mort en 1924, avait demandé à son ami Max Brod de brûler ses manuscrits, mais ce dernier les avait conservés et emportés à Tel-Aviv quand il avait fui le nazisme. A sa mort en 1968, il a légué tous ces documents, dont certains écrits rares, à sa secrétaire, Esther Hoffe.
De nombreux litiges
Mais cette dernière n’a pas respecté les voeux de Brod et au lieu de transmettre les archives, évaluées à plusieurs millions de dollars, à une institution culturelle, elle les a partagées dans sa succession en 2007 entre ses deux filles.
La collection Brod est devenue alors l’enjeu de multiples litiges, portés jusque devant la Cour suprême israélienne. Apogée de la bataille judiciaire entre Israël, l’Allemagne et la famille Hoffe, le manuscrit original du Procès, vendu par la secrétaire pour deux millions de dollars aux archives de Marbach, a finalement été récupéré par la Bibliothèque nationale d’Israël.
Selon la presse israélienne, Esther Hoffe, qui avait affirmé avant sa mort avoir été victime d’un cambriolage, gardait ces documents dans des conditions douteuses, au milieu de sa dizaine de chats, dans le fourbi de son appartement de Tel-Aviv.
Source www.francetvinfo.fr