Malgré les efforts déployés pour parvenir à un accord de cessez-le-feu avec le Hamas, Israël doit s’efforcer de rétablir la paix et la tranquillité le long de la frontière avec Gaza. Les tirs de roquettes sur les communautés voisines de Gaza se poursuivent sans relâche, ainsi que de violentes perturbations à la barrière marquant la frontière, des ballons incendiaires et même des tentatives d’infiltration.
Face aux difficultés rencontrées pour établir un minimum de calme le long de la frontière, certains Israéliens appellent Tsahal à pénétrer dans la bande de Gaza et à la reconquérir. L’armée israélienne est certainement capable de le faire, mais la question n’est pas de savoir combien de jours il faudrait à l’armée pour vaincre le Hamas, mais plutôt ce qui se passerait le lendemain. Plus précisément, combien de temps faudrait-il à Israël avant d’être contraint de retirer ses forces sous le coup de la pression internationale? Et même si le président des États-Unis, Donald Trump, soutient pleinement le gouvernement israélien, nous devons encore tenir compte de la patience du public israélien avant qu’il ne demande au gouvernement de ramener les garçons à la maison et de laisser Gaza aux Gazaouites, ou de les abandonner au Hamas.
Nous pouvons, bien sûr, espérer contre tout espoir, que les Égyptiens, voire le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, accepteront eux-mêmes de gouverner Gaza. Cependant, nous ne pouvons pas nous attendre de manière réaliste à ce que les Égyptiens versent leur propre sang dans une lutte pour renverser le Hamas et Abbas est probablement incapable d’imposer son règne à Gaza, qu’il avait, déjà, perdu contre le Hamas il y a douze ans.
En Israël, il y a ceux qui semblent vouloir transformer le Hamas en Hezbollah. Après tout, ce serait bien la conséquence de leurs appels à établir un “calme libanais” le long de la frontière de Gaza : se désengager complètement de Gaza dans le cadre d’accords et d’ententes tacites avec le Hamas, similaires à ceux conclus avec le Hezbollah. Cependant, pour assurer le calme complet le long de la frontière de Gaza, le Hamas doit, non seulement, être aussi fort que le Hezbollah, mais également être libéré des restrictions et des barrages du blocus qui le mettent actuellement sous pression.
Certes, même ceux qui saluent le calme qui règne sur la frontière nord ne peuvent ignorer le prix à payer (la dissuasion réciproque) : le Hezbollah s’est armé de plus de 100 000 missiles, qui recouvrent la majorité du territoire israélien. Il n’est pas certain que la paix et le calme éphémères à la frontière de Gaza vaillent un tel prix.
Il est important de noter que le calme actuel le long de la frontière nord pourrait également parvenir à une date d’expiration, après quoi nous apprendrions encore une fois que les missiles dans les entrepôts du Hezbollah n’ont pas rouillé aussi rapidement que prévu, et que le canon apparu au premier acte réapparaîtra lors de la prochaine action de tir.
La situation qui prévaut à la frontière avec Gaza est inconfortable pour Israël, mais elle ne doit pas être transformée en défaite et certainement pas en victoire pour le Hamas. Le seul endroit où le Hamas gagne quelque chose, c’est dans la presse israélienne qui, pour des raisons politiques ou une soif “d’évaluations”, dépeint une organisation terroriste vaincue comme étant le vainqueur.
Le Hamas est dans une situation sans issue. Il bat des ailes et s’élève contre la marée montante, plongé dans une guerre pour la survie qu’il ne peut pas vraiment gagner. Son combat consiste à garder la tête hors de l’eau, rien de plus. Durant son règne, le Hamas a transformé la bande de Gaza en zone sinistrée. La population souffre d’un désespoir économique sans précédent. Eux et leurs enfants n’ont aucun espoir pour un avenir meilleur. Maintenant, le Hamas envoie les jeunes de Gaza mourir sur la barrière de la frontière lors d’une campagne futile.
Le Hamas n’a jamais été aussi isolé dans le monde arabe et sur la scène internationale. Il est coincé entre le marteau égyptien et l’enclume israélienne et semble perdre le soutien de la population de Gaza, qui le tient pour responsable de sa situation calamiteuse.
Alors que le Hamas est battu et faible, il n’a rien à perdre, ce qui explique la lutte d’Israël pour le dissuader suffisamment. Dans sa faiblesse, cependant, le Hamas est également disposé à accepter les miettes qu’Israël propose : des salaires pour les fonctionnaires et des fonds insignifiants pour des initiatives économiques lui permettant de survivre, juste un peu plus longtemps, mais guère au-delà.
Semblable à ses combats avec d’autres ennemis dans la région, la bataille d’Israël contre le Hamas ne se terminera pas par une sorte de coup de grâce magique. C’est une lutte permanente où le camp le plus ferme, mais aussi capable de se maîtriser, émergera victorieusement. Le Hamas se dirige rapidement vers une impasse, sans espoir d’avenir. Ni un affrontement militaire avec Israël ni un arrangement avec lui ne modifieront cette réalité.
Eyal Zisser est chargé de cours au département d’histoire du Moyen-Orient à l’université de Tel Aviv.