En soi, l’argumentaire présenté ici n’est pas tellement innovant, car nul doute que les avis sont partagés quant à l’intérêt de nos jours d’avoir une armée dans les rangs de laquelle tous les jeunes doivent s’enrôler. Ce qui est intéressant avec le présent article, c’est qu’il émane d’une personne liée au groupe très extrémiste du député Moché Feiglin, quoi que faisant partie du Likoud, et qu’il a paru sur le site de Yedi’oth A’haronoth, à un moment où cette question revient avec gravité sur la place publique.
Nous n’avons pas rapporté les conclusions pratiques de cette personne, qui ne peut s’empêcher de proposer un minimum d’enrôlement et de formation militaire pour tous.
En tout cas, la moitié de la nation ne s’enrôle pas. De plus, l’armée israélienne est pleine de chômage caché, et de toute façon, les unités de combat ne recrutent pas de volontaires, et l’intelligent du point de vue sécuritaire, économique et moral est d’établir une armée professionnelle et efficace. Alors faisons-le !
Tova Even Chen
En ce qui concerne la loi concernant l’enrôlement des jeunes étudiants en Yechiva qui sera probablement présentée demain (lundi) à la Knesset, le but en est clair et le débat public ne traite qu’un point : l’égalité dans les charges (entre les jeunes des Yechivoth et les autres). Les flèches sont destinées au public ultra-orthodoxe : ce n’est que si tous les ‘Harédim s’engagent à l’armée que nous satisfaits et marquerons un V dans l’un des sujets controversés du public local. Seulement ainsi, pensent beaucoup, la société militaire en Israël cessera de se sentir exploitée. Est-ce vrai ? L’armée israélienne a été créée alors que nous étions 600 000 personnes, et aujourd’hui la population d’Israël compte plus de huit millions de gens. Les paramètres n’ont-ils pas changé, et quels sont les besoins actuels de l’armée?
Le public désire voir l’enrôlement sous les drapeaux des factions ultra-orthodoxes. Yair Lapid a pu déclarer en toute honnêteté par le passé que le désengagement de la bande de Gaza visait principalement à frapper les colons. Eh bien, il n’y a aucune raison de ne pas soupçonner que l’obsession en faveur de l' »égalité dans les charges » ne provienne des mêmes districts. Cependant, à la lumière des négociations froides sur les quotas pour l’enrôlement des ‘Harédim, une discussion différente semble être en cours, réelle et significative.
La semaine dernière, les députés Mossi Raz de Meretz et Yehuda Glick du Likoud ont organisé un panel chargé de s’intéresser à la question d’une « armée professionnelle ». Dans le feu de la discussion passionnée autour du service militaire des ultra-orthodoxes, on n’a pas remarqué qu’Israël est parmi les rares nations dans le monde occidental où il y a encore une conscription obligatoire.
La conscription est avant tout un déni flagrant de la liberté individuelle, et la raison de son application doit être suffisamment peaufinée et justifiée. L’armée est destinée à gagner la bataille, et le rôle de l’Etat est de protéger le peuple, qui est le souverain. Pour nier la liberté individuelle et même exiger que l’on sacrifie sa vie pour cela, l’État doit avoir une raison bien claire.
A la conférence en question sont venus des universitaires, l’armée, des représentants de la société civile et des députés de tous les horizons politiques. A mon sens, les porte-paroles émanant de l’armée, dont une partie étaient des généraux, des responsables des services sociaux et des spécialistes, n’ont pas apporté des chiffres empiriques, mais ont exprimé essentiellement leur envie de ne pas changer la situation. Même si une partie a reconnu qu’un tel changement s’imposait, ils ont menacé du fait qu’il s’agissait d’un long processus devant durer plusieurs décennies.
Alors voici quelques données:
- Il n’y a pas «d’armée populaire» en Israël. Environ 50% de ceux qui devraient le faire ne portent pas d’uniforme.
- Le chômage est évident dans le cadre de l’armée.
- Tous les combattants de tous les corps sont des «volontaires», avec une longue attente pour y être accepté. Seul environ un cinquième des candidats sont acceptés.
- Le coût : le fait que nous recrutions des jeunes pour trois ans, et ils ne travailleront pas ni se spécialisent dans la durée du service coûte à l’Etat 51 milliards de NIS par an.
- Pour gagner, surtout au Moyen-Orient, nous avons besoin d’une armée efficace et professionnelle dont la taille n’a pas réellement d’importance.
[…] Rien ne changera si nous avions une armée professionnelle rémunéré et bénévole, si ce n’est que nous gagnerions en économies et en nombre de vies épargnées.
Tova Even-Chen est militante rabbinique et sociale à Lod, candidate à la Knesset dans le parti « Zehouth » dirigé par Moshé Feiglin