L’AFP a corrigé sa légende, qui parle désormais d’une « Vue du Mont Bental sur la partie du plateau du Golan occupée par Israël ».
La confrontation entre le régime iranien, qui manœuvre militairement en Syrie et ambitionne à partir de ces positions de détruire l’Etat d’Israël, et ce dernier qui travaille à l’en empêcher, continue.
Dans ce contexte, Israël aurait frappé dimanche des objectif militaires proches de Damas. En réponse, un missile a été tiré depuis la Syrie en direction de la partie israélienne du plateau du Golan, où il visait apparemment des civils, les skieurs de la seule station de sports d’hiver israélienne située sur les pentes du mont ‘Hermon. Le missile a été intercepté par la défense israélienne sous les yeux des skieurs.
Et par la suite, l’Agence France-Presse (AFP) indique qu’« Israël a indiqué avoir ciblé des positions iraniennes en Syrie, tôt ce lundi, après avoir intercepté dimanche une roquette visant son sol et lancée depuis le territoire syrien. »
Dans les illustrations accompagnant la dépêche, ni les soldats ni les leaders iraniens n’apparaissent. Comme si la guerre n’était le fait que d’un seul camp, l’AFP a choisi de montrer Benjamin Netanyahou et des soldats israéliens. Mais pas n’importe quels soldats :
La photo, signée du fixeur AFP Jalaa Marey, porte la légende : « Des soldats israéliens avec en arrière plan le mont Bental sur la partie du plateau du Golan occupée par Israël, le 20 janvier 2019 ».
Ces soldats, nous les avons trouvé à l’oeuvre à plusieurs endroits sur internet, dont ici sur Wikipédia :
Il s’agit de sculptures réalisée sur le mont Bental (qui n’est donc pas en arrière plan, comme indiqué sur la légende) avec des pièces d’artillerie, reliquats de la guerre de Kippour en 1973, récupérées et recyclées par un sculpteur d’origine néerlandaise, Joop de Jong. Le mont Bental, un volcan éteint, était alors occupé par une position syrienne. Israël a repoussé l’assaut de l’armée syrienne et conquis le Golan. Depuis, la fortification syrienne, devenue site touristique, a été réaménagée en une sorte de mémorial dont les soldats de De Jong font partie (au même titre que d’autres réalisations plus humoristiques). L’endroit dominant la partie syrienne du plateau du Golan où la guerre fait rage, et la frontière sensible avec Israël, des casques bleus observateurs de l’ONU y sont aussi installés.
Lorsque l’on sait que le conflit est dû uniquement à la volonté des Iraniens et de leurs alliés d’éradiquer Israël (réitérée aujourd’hui même par le chef de l’armée de l’air iranienne), le choix de soldats israéliens en position offensive pour illustrer le sujet est discutable. Mais le choix de sculptures en les faisant passer pour des soldats est, lui, indéfendable !
C’est la Metula News Agency (Mena) qui a signalé cette légende mensongère ce matin, commentant : « Tous les prétextes sont toujours bons pour rappeler que le Golan est un “territoire occupé” par Israël. Toujours cette discrimination à caractère raciste, qui pousse ces journaleux français à omettre la même mention lorsqu’il s’agit de qualifier les occupations turque, russe, iranienne, libanaise en Syrie. C’est vrai que ceux-là ne sont pas juifs ». La Mena épinglait en particulier un article du Monde dont la légende a depuis été modifiée. Mais la faute émanait de l’AFP et on la retrouve sur des sites comme La Croix, le Courrier international, Clicanoo (île de la Réunion) ou CNews.
InfoEquitable a écrit à la rédaction de l’AFP pour demander une rectification.
N.B. Nos lecteurs ont de la mémoire. Ils nous signalent que l’AFP avait procédé à la même manipulation il y a six ans : https://davidouellette.net/2013/01/31/mise-en-scene-mensongere-de-lagence-france-presse-sur-cyberpresse-ca-2/?fbclid=IwAR2BcRo272kuUTRwyQurJKELfOkLmps7-VipnDufF24IcYqCJpFohgwM1Nw