L’accueil chaleureux de Netanyahou à la Maison Blanche

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La scène était symbolique : Benjamin Netanyahou de retour à la Maison-Blanche, accueilli pour la deuxième fois en deux mois par Donald Trump. Cette fréquence tranche nettement avec les relations qu’il entretenait avec Joe Biden, durant lesquelles une seule rencontre avait eu lieu en presque deux ans et demi. Ce changement de dynamique entre Jérusalem et Washington marque un tournant diplomatique majeur, dans un contexte international explosif.

Sous l’administration Biden, les relations israélo-américaines étaient empreintes de méfiance et de retenue. L’approche publique était prudente, les critiques à peine voilées sur la gestion israélienne de la situation à Gaza, et l’accent mis sur la nécessité d’un encadrement humanitaire constant. À l’inverse, Trump a offert à Netanyahou une plateforme directe, sans fioritures diplomatiques : les portes sont grandes ouvertes, les gestes politiques forts et les garde-fous pratiquement absents.

Le chef du gouvernement israélien a d’ailleurs été le tout premier dirigeant étranger reçu par Trump après son retour à la présidence, début février. Cette rencontre avait alors été perçue comme un geste hautement symbolique, destiné à tourner définitivement la page de la froideur de l’ère Biden. Aujourd’hui, la nouvelle visite illustre une coopération qui dépasse les seuls symboles : elle s’inscrit dans une stratégie commune face à une conjoncture régionale tendue, avec plusieurs dossiers brûlants sur la table.

Parmi les priorités discutées : la relance de l’offensive militaire israélienne à Gaza, la gestion de la crise des otages, les tensions croissantes avec la Turquie, et bien sûr, l’épineuse question du programme nucléaire iranien. À cela s’ajoute un volet économique sensible : les nouveaux droits de douane imposés par Trump sur les importations israéliennes, à hauteur de 17 %, que Netanyahou cherche à renégocier.

 

La pression économique est loin d’être négligeable pour un pays comme Israël, dont l’économie subit déjà les contrecoups de 18 mois de guerre. Mais cette rencontre a aussi une forte portée politique : elle montre à l’opinion israélienne que Netanyahou reste capable de faire valoir les intérêts d’Israël auprès de son allié historique, sans passer par les circuits diplomatiques traditionnels.

L’impact géopolitique est tout aussi notable. Alors que les États-Unis renforcent leur présence militaire au Moyen-Orient, notamment à travers des frappes contre les Houthis au Yémen et une surveillance accrue de la mer Rouge, la visite de Netanyahou envoie un message clair aux ennemis d’Israël. L’administration Trump ne se contente plus de soutenir Israël diplomatiquement : elle agit militairement pour sécuriser la région. Et l’Iran, qui reste la priorité sécuritaire numéro un pour les deux pays, est clairement visé.

Dans ce contexte, les tensions avec la Turquie sont venues s’ajouter aux autres menaces régionales. Alors que Recep Tayyip Erdogan multiplie les déclarations hostiles à l’égard d’Israël, Ankara tente de s’implanter davantage en Syrie, un développement que Jérusalem observe avec inquiétude. Des frappes israéliennes ont d’ailleurs visé récemment plusieurs bases syriennes stratégiques, dans ce qui est interprété comme une tentative de limiter l’influence turque dans la région.

 

Washington, par sa position au sein de l’OTAN, pourrait jouer un rôle de médiateur dans cette rivalité croissante. Mais du côté israélien, le message est clair : toute tentative de compromettre sa sécurité dans la région, qu’elle vienne d’Iran, de la Syrie ou de la Turquie, sera contrée.

Enfin, cette rencontre entre Trump et Netanyahou sert aussi les intérêts politiques des deux hommes. Pour le président américain, elle permet de mettre en avant l’efficacité de sa stratégie commerciale : un dirigeant étranger se rend à Washington pour négocier des tarifs douaniers imposés par les États-Unis. Pour Netanyahou, c’est une démonstration de force intérieure : pendant que ses opposants sont embourbés dans les controverses politiques, lui affiche une diplomatie directe et un accès sans filtre à la première puissance mondiale.

Lors de son déplacement aux États-Unis, Benjamin Netanyahou bénéficie d’un dispositif de sécurité impressionnant : des dizaines de véhicules l’escortent, des unités spéciales assurent sa protection rapprochée, une ambulance l’accompagne en permanence, et chaque itinéraire est sécurisé par des centaines de policiers. L’accueil chaleureux des responsables de l’administration Trump ne laisse place à aucun doute : ils le traitent avec un respect quasi historique, allant jusqu’à le comparer, en privé, à un Churchill des temps modernes.

 

Jforum.fr

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