Rachi explique quק Hachem S’est dévoilé à Avraham dans les plaines de Mamré, car Mamré l’avait conseillé à propos de la Brit Mila.
Rachi puise sa source dans le Midrach Tan’houma parachat Vayéra, dans lequel apparaît le récit suivant :
Avraham avait trois amis : Anère, Echkol et Mamré. Après que Hachem ait ordonné à Avraham de se circoncire, ce dernier alla demander conseil à ses trois amis. Avraham se rendit tout d’abord chez Anère et lui expliqua l’ordonnance de Hachem, puis il lui demanda conseil sur la façon d’agir. Anère lui répondit ainsi : “Souhaites-tu donc t’handicaper ? Les proches des rois que tu as tués peuvent surgir à tout moment pour t’assassiner et ton état ne te permettra pas de fuir !” Insatisfait du conseil, Avraham se rendit auprès d’Echkol. De la même façon, il lui expliqua l’ordonnance de Hachem et lui demanda conseil sur ce qu’il devait faire. Echkol lui répondit : “Tu es déjà âgé, si tu te circoncis, tu perdras beaucoup de sang, tu ne le supporteras pas et tu en mourras.” Insatisfait là encore de cette réponse, il se rendit enfin auprès de Mamré. Celui-ci, très étonné de la demande d’Avraham lui répondit : “ Comment moi, pourrais-je te conseiller à propos d’une telle ordonnance ? Cet ordre vient de Celui Qui t’a sauvé de la fournaise ardente. C’est également Lui Qui a fait tant de miracles pour toi lors des guerres que tu as menées contre les rois, et dont tu es sorti victorieux. Tu n’a donc qu’à agir selon Son ordonnance !” Hachem dit à Mamré : « Tu lui as donné le conseil de se circoncire, ainsi Je me dévoilerai à lui dans ton territoire. »
Sur ces mots du Midrach, les Daat Zkenim posent la question suivante : “Comment est-il possible qu’un homme tel qu’Avraham, qui par la force de sa Emouna et de son Bita’hon avait pu se mesurer et surmonter toutes les épreuves que Hachem lui avait envoyées, demande conseil à des amis pour l’accomplissement de la Mitsva de Brit Mila, alors qu’il en avait reçu l’ordre divin !? » Par ailleurs, comment Anère et Echkol ont-ils pu répondre de la sorte, alors qu’ils avaient aussi été témoins des miracles que Hachem avait accomplis pour Avraham ? Comment pouvaient-ils s’inquiéter pour la sécurité ou la santé d’Avraham si celui-ci exécutait l’ordre divin ?
Le ‘Hatam Sofer écrit dans ses Drachot (Chabbath Chouva 29a) : pourquoi la fête de Souccoth qui a été instaurée en souvenir des Nuées de Gloire se déroule-t-elle en Tichri, alors que les Nuées de Gloire étaient présentes toute l’année dans le désert, et cela pendant les quarante ans que les Bené Israël s’y trouvèrent ? Pourquoi par ailleurs, ne pas fêter le souvenir du puits de Myriam et de la manne, qui étaient eux aussi des miracles dévoilés ? Pourquoi ne rappeler que le souvenir des Nuées de Gloire ?
La joie de la fête de Souccoth tire sa source dans le pardon accordé par Hachem aux Bené Israël à l’issue de Yom Kippour. La preuve que les Bené Israël ont été pardonnés de la faute du Veau d’or est le retour des Nuées de Gloire dans leur camp. En effet, lors de la faute du veau d’or, les Nuées de Gloire avaient disparu du camp d’Israël. Mais après Yom Kippour, les Bené Israël furent pardonnés. Moché descendit le lendemain du mont Sinaï et demanda aux Bené Israël d’apporter des offrandes d’or, de cuivre… Ces offrandes, qui seront utilisées pour la construction du Michkan, serviront d’expiation à la faute du veau d’or. Tout le peuple s’agita pendant quatre jours, afin d’apporter ce qu’il avait de plus cher. C’est alors que les Nuées de Gloire réapparurent. Une grande joie régna ce jour-là dans le camp d’Israël, car ce fut le signe que leur faute avait été expiée.
C’est donc le 15 Tichri que les Nuées de Gloire se réinstallèrent dans le camp et que les Bené Israël retournèrent dans leurs Souccoth.
Il est écrit dans les Pirkei de Rabbi Eliezer qu’Avraham fut circoncis le jour de Yom Kippour. En effet, chaque année, Hakadoch Baroukh Hou voit le sang de la Mila d’Avraham Avinou et pardonne les fautes de ses enfants lors de Kippour.
Le pardon qu’Hachem nous accorde le jour de Kippour pour la faute du veau d’or, revient donc entièrement au mérite du sang de la Mila d’Avraham Avinou ! Un pardon qui occasionna, ne l’oublions pas, le retour des Nuées de Gloire, autrement dit de la Soucca, dans la joie la plus intense !
Revenons maintenant à notre première question : comment Avraham a-t-il pu demander conseil à ses amis au sujet de la Brit Mila ? La vraie question d’Avraham n’était pas de savoir s’il devait ou non faire la Mila, il ne remettait absolument pas en cause l’ordre de Hachem, il voulait en fait obtenir un conseil sur le moment le plus adapté pour l’accomplir. Avraham Avinou ne savait pas s’il devait accomplir la mitsva de la Brit Mila le jour de Kippour, jour difficile à cause du jeûne qui l’affaiblirait, ou le lendemain, jour plus propice, afin d’être moins exposé au danger.
C’est sur ce point précis qu’Anère et Echkol ont répondu. Selon eux, il valait mieux reporter l’accomplissement de cette mitsva au lendemain afin de diminuer les risques. Mamré, quant à lui, grâce au conseil plein de Emouna et de Bita’hon qu’il lui donna, eut le mérite de voir son nom sanctifié et ses plaines choisies pour le dévoilement d’Hachem à Avraham. Avraham écouta le bon conseil. C’est donc à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans, le jour de Kippour, jour de jeûne et de Tefila, qu’il accomplit lui même sa Mila !
C’est en l’honneur de ce dévouement sans limites que chaque année, de génération en génération, nos fautes sont pardonnées ; ce sont grâce à ces gouttes de sang que la faute du veau d’or a pu être expiée et que les Nuées de Gloire sont revenues dans le camp des Bené Israël.
Rav Mordekhai Bismuth
Extrait de l’ouvrage « OUSHPIZINE » du Rav Mordekhai Bismuth disponible en téléchargement libre sur notre site http://www.ovdhm.com