Autour de la table de Chabbat n°331 Kedochim
Paracha Kedochim (ndlr : nos lecteurs en Terre Sainte devront se procurer notre Dvar Tora des années précédentes de la parachath « Emor« )
Cette semaine notre paracha commence par : « Kedochim tihiou…. Ki kadoch Ani etc… » c’est-à-dire « Soyez saints car Je (Hachem) suis saint. » Les commentateurs (Rachi et d’autres) enseignent que Moché Rabbénou a réuni tout le campement (hommes, femmes et enfants) pour leur transmettre ce message éternel « Soyez saints ! » Or, comme vous le savez, la Tora ne reste pas que dans le domaine des grandes pensées et du transcendant, au contraire, elle tient à ce que l’homme grandisse (spirituellement) dans les actions en se rapprochant au plus de son Créateur.
Le rav émérite, le Or Ha’haim, donne deux explications sur ce « Kedochim tihiou… ». La Tora vient rajouter une Mitsva « ‘assé » dans le domaine des relations interdites. En effet, la semaine dernière (à la fin de la paracha « A’haré ») il était question de toutes les interdictions touchant le domaine fondamental qu’est la vie de famille (les interdits d’adultères et les incestes, que Hachem nous en garde). Or, cette semaine la Tora vient rajouter une injonction de « Soyez saint ». C’est-à-dire que si à D’ ne plaise un homme viendrait à transgresser un de ces interdits, il aura EN PLUS aggravé son cas en annulant l’injonction de la Tora : « Kedochim tihiou ».
Une deuxième explication (toujours du Or Ha’haim), est que la Tora vient donner un niveau de sainteté à tout celui qui s’abstient de transgresser une quelconque faute (pas forcément lié avec les relations). Par exemple, un homme qui aurait une grande faiblesse pour faire de grandes « glissades » sur son IPhone dernier cris sur des sites très bizarres entre 23 heures et 3 heures du matin… Et après avoir lu notre « magnifique Table du Chabbat » s’en abstiendra le dimanche suivant ou mieux encore, dès le lundi ira d’un pied ferme dans une boutique sur les grands boulevards afin de lui placer un super filtre pour ne plus désormais tomber dans le panneau… A ce moment il aura accompli la Mitsva de « Kedochim Tihiou » : Bravo ! Consécutivement à cela, à 120 ans lorsqu’il montera au Ciel (pour recevoir le salaire de ses Mitsvoth et aussi le paiement de ses fautes) il aura droit à tout un cortège d’anges tout de blanc vêtu qui viendra lui remettre de belles médailles de « Kedochim » car il a fait preuve d’un niveau de sainteté exemplaire lorsqu’il a décidé de ne pas ouvrir son IPhone (le dimanche) et de mettre son filtre (le lundi). (L’exemple donné touche le domaine des portables mais il peut être extrapolé dans bien d’autres domaines).
Seulement le Midrach enseigne autre chose encore. Il est dit dans le Midrach Torath Cohanim (chap 2.2) : » Si vous vous sanctifiez (les Bené Israël), Je ferais (dit Hachem) comme si vous m’aviez Moi-même sanctifié« . Le Méchekh ‘Hokhma (sur la Paracha) donne une explication. Le Créateur du monde est infini, sans aucune restriction ni défaut. Il n’a pas de besoins. Il est la perfection même. D’ restera pour toujours dans Sa splendeur sans aucune altération, avant ou après l’histoire du monde. SEULEMENT Hachem a voulu transmettre de Son bien aux créatures en leurs donnant la possibilité de faire la justice et le bien ou son contraire. De plus, parmi toute cette population s’est distinguée la famille d’Avraham Avinou (avec Isaac et Jacob) par un comportement exemplaire. Plus tard, au Mont Sinaï, Hachem donnera la Tora à Son peuple. Dorénavant la communauté a la possibilité d’agir dans les mondes supérieurs grâce aux Mitsvoth et au Limoud Tora, et les anges du Service divin sont dépendants de notre manière de prier et d’agir sur terre. (Voir Houlin 91 où la Guemara enseigne que les anges n’ont pas la possibilité de sanctifier D’ tant que la communauté ne l’ait pas fait sur terre grâce à la prière du matin).
Un autre exemple. Le rav Moché Haim Luzatto (auteur du Messilat Yecharim) écrit dans le Dérekh Hachem (4.6). Que Hachem a placé dans ce monde des forces du mal qui se renforcent durant la nuit. En particulier lorsque l’homme dort, l’impureté se répand jusque dans les corps. Lorsque l’âme n’est plus vraiment présente (les Sages, de mémoire bénie, enseignent que le sommeil ressemble à un soixantième de la mort. Voir Berakhot 57), et l’impureté se répand en particulier jusque sur les mains. Seulement au réveil, la Tora indique la voie à suivre. Pour faire disparaitre cette impureté il faudra prendre un ustensile contenant plusieurs reviit (15 cl) et faire l’ablution des mains (verser par trois fois sur chaque main un volume d’au moins un reviit. On commencera par la main droite puis la gauche, puis une deuxième fois à droite et gauche et ainsi une troisième fois). Suite à cela, écrit le Dérekh Hachem, le monde (entier) s’élèvera car au préalable il avait été rabaissé durant la nuit. La pureté de ce Nétilath repoussera l’impureté et éclairera l’obscurité.
On voit de là que ce sont nos actes qui amènent la lumière dans ce monde. Donc lorsque la Tora dit « Kedochim tihiou » c’est une injonction à la communauté d’élever le monde et de le façonner avec plus de droiture et de bonheur.
Quand le Rabbi tape du poing sur la table
L’histoire remonte à près de 70 ans en Israël. Il s’agit d’un jeune Bakhour Yechiva qui deviendra plus tard un des piliers dans l’éducation orthodoxe en Israël, le rav Tannenbaum Zatsal. À l’époque, il se trouvait près d’un kibboutz du pays lorsqu’un des membres du Kibboutz lui demanda de venir participer à un minian à l’occasion de la Brit Mila du fils d’un habitant du village. Le jeune Tannenbaum accepte et s’enquiert de savoir qui sera le Mohel ? Voilà qu’apparaît un homme vêtu d’un short court, de sandales et d’un bob sur la tête qui se présente comme mohel ! Le jeune bakhour lui demande où a-t-il appris le métier ? Il lui répond qu’il vient de Pologne et que là-bas il était Mohel affilié à la ‘Hassidout Wizhnits ! Mais depuis qu’il est monté en Erets Israël, beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts et aujourd’hui il se retrouve dans un kibboutz socialiste de l’Hachomer, que D’ nous en garde !
Finalement le jeune Tannenbaum assiste à la Mila. Avant de partir, le père du bébé demande à notre jeune si à son retour à Jérusalem il pourra transmettre le Chalom à son père qui est hospitalisé dans la ville sainte. Le bakhour s’exécute et à son retour à Jérusalem part visiter comme prévu le grand-père du bébé tout « frais ». Il lui dira que son fils lui transmet qu’il vient de circoncire son petit-fils comme la Tora le demande. Le grand-père en est tellement ému qu’il pleure à chaudes larmes. Le vieil homme dévoilera alors au jeune Tannenbaum les raisons de ses pleurs.
“Il y a quelques années, j’habitais alors la ville de Berlin en Allemagne bien avant la guerre. Un jour, la nouvelle se répandit que le grand Admour de la ville de Karlin viendrait passer le Shabbat à Berlin. Et le Chabbat de la Paracha Kedochim il doit faire un Tisch/« la table » avec ses ‘Hassidim dans la grande synagogue de la capitale. (Pour nos lecteurs qui ne le sauraient pas, c’est l’habitude des ‘Hassidim d’assister leur Rebbe à la table du Chabbat soir à la synagogue et de recevoir des berakhoth/bénédictions et des paroles de Tora et aussi de chanter avec lui). Comme c’était la première fois qu’un grand du monde de la ‘Hassidout arrivait à Berlin, j’étais décidé de voir le « Tisch ». Je me suis caché derrière le rideau de la ‘Ezrat Nachim à l’étage, pour tout contempler. L’Admour était entouré de ses ‘Hassidim et chantait les chants du Chabbat. Puis il prit la parole pour faire un Dvar Tora. Il posa la question suivante : pourquoi la Paracha commence par « Kedochim/soyez Saint » puis elle enchaîne avec la Mitsva de craindre les parents puis celle du Chabbat et enfin se termine par «Je suis Hachem» (ndlr c’est la suite des premiers versets de notre section) ? Quel rapport existe-t-il entre tous ces commandements ?
Le Rabbi de Karlin répondit de cette manière : « La Tora vient nous parler de 4 catégories d’hommes. La 1er catégorie, ce sont les hommes à qui il suffit de dire soyez « SAINTS » et immédiatement ils se renforcent dans la pratique des Mitsvoth, c’est le cas de mes ‘Hassidim. La 2ème catégorie d’hommes qui ne sont plus de ce niveau, mais qui gardent en tête et dans leur cœur l’exemple de leurs parents. C’est à eux que le verset fait allusion en disant : « Craignez vos parents ». La 3ème catégorie est celle des Juifs encore plus éloignés, ceux pour lesquels il ne reste que le Chabbat qui les rattache à la Tora. Enfin la 4ème catégorie, c’est vous…. les Juifs de Berlin pour qui ne reste ni Kedochim, ni les parents comme exemple, ni le Chabbat ! Il ne vous reste que «Ani Hachem/Je suis votre D.». Sachez qu’il y a un Créateur qui attend que vous vous comportiez comme des JUIFS, et pas comme des gentils ! À ce moment l’Admour a frappé sur la table et a désigné les berlinois, dont j’étais, qui se trouvaient dans la ‘Ezrat Nachim. Et ce coup frappé sur la table résonne encore dans mon cœur ! À ce moment j’avais une fille qui avait une relation avec un gentil de la capitale et qui devait se marier avec lui ! Après ce Tisch extraordinaire, j’ai décidé dans la SEMAINE de vendre mon business, de faire mes valises et de monter en Erets Israël ! Et si tu vois mon petit fils à ce Brit c’est le fruit de ce que l’Admour a frappé sur la table et a dit «Ani Hachem» après de si nombreuses années… »
Coin Halakha. Depuis le deuxième jour de Pessa’h on compte les jours du Omer, la Sefirat Ha’omer. C’est un décompte qui dure 49 jours jusqu’à la fête de Chavou’oth (Don de la Tora). Tous les soirs, à la tombée de la nuit, on doit compter les jours et les semaines qui se sont passés depuis Pessa’h. C’est une Mitsva liée avec le temps dont les femmes seront exemptes. Avant le décompte on devra faire une bénédiction préliminaire, « Acher kidechanou… ‘al sefirat Ha’omer ».
Si on a raté une nuit, on devra le lendemain matin faire le décompte (sans bénédiction), et après (le soir) on continuera la Sefirath Ha’omer avec bénédiction. Dans le cas où on a raté une journée entière (nuit et jour), on devra tout de même, continuer à faire le décompte mais sans bénédiction. En cas de doute, si la veille on a fait le décompte, le Choul’han ‘Aroukh tranche qu’on devra continuer à le faire AVEC la bénédiction d’usage (§ 489).
Chabat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.
David Gold, Soffer
Une grande bénédiction à David Mordéchaï (Philippe) Azoulay et son épouse (Jérusalem) ainsi qu’à tous les enfants
Une grande bénédiction à Daniel Albala et son épouse (Villeurbanne) à l’occasion des fiançailles de leur fille, Mazel Tov !
Je propose toujours de belles Mézouzoth (Beit Yossef -15 cm).