Il s’avère que la plupart des Gazaouis s’opposent peut-être fermement au plan de Trump pour évacuer la bande de Gaza. Cependant, parallèlement, dès qu’ils auront la possibilité de quitter cet espace de mort, ils se précipiteront sur les clôtures pour fuir cette zone de guerre sans fin avec Israël.
Be’hadré ‘Harédim – Zeev Gur Aryeh – Photo : Médecins sans frontières
La question clé concernant le plan Trump pour évacuer la bande de Gaza est de savoir ce que pensent les partisans du Hamas eux-mêmes. Il est clair pour tous que si les Gazaouis veulent quitter l’endroit et que l’opportunité leur est donnée, les barrières tomberont et les foules se précipiteront sans que cela puisse être empêché, malgré les déclarations les plus dures que les pays arabes pourraient publier.
Hier, le Wall Street Journal a publié un sondage auprès de Gazaouis interrogés sur le plan de Trump visant à évacuer entièrement la bande de Gaza de ses habitants. Le dénominateur commun à toutes les réponses était l’absence de soutien idéologique au plan, mais une compréhension pratique qu’il s’agit de la meilleure solution pour eux.
Lina Ahmad, 29 ans, mère de deux enfants, a déclaré qu’elle s’oppose à la proposition de Trump et espère que les Gazaouis resteront à Gaza et se battront contre ce plan. Cependant, elle a précisé qu’elle se prépare à quitter Gaza et à s’installer en Espagne. « Je me sens responsable de mes enfants », a-t-elle expliqué. « Ils sont trop jeunes pour porter un tel fardeau. »
Lina a confié au journaliste son inquiétude constante que ses fils soient tués ou blessés pendant la guerre : « Pourquoi devons-nous vivre comme ça alors que nous avons une chance d’avoir une vie meilleure ? Pourquoi devrais-je forcer mon enfant à endurer cette vie ? »
Selon le Wall Street Journal, le retrait d’Israël du secteur de Netzarim et la possibilité pour les Gazaouis de retourner dans le nord de la bande leur ont permis, pour la première fois, de constater de leurs propres yeux l’ampleur des destructions causées par le Hamas lorsqu’il a décidé d’attaquer Israël. Des centaines de milliers de personnes ayant regagné le nord de Gaza ont compris qu’il n’y avait aucun avenir pour cet endroit.
Noha Saadawi, 34 ans, mère de trois enfants, a également exprimé une opposition ferme à l’idée de quitter Gaza, considérant cela comme une tentative de supprimer l’identité palestinienne. Cependant, elle a reconnu que les scènes de destruction massive ne laissent guère d’autre choix que de penser à l’émigration. « C’est inévitable », a-t-elle déclaré.
Anas Ahmad, 29 ans, qui est récemment revenue dans sa maison à Gaza après avoir passé un an dans une zone humanitaire au centre de Gaza, a déclaré : « La situation ici est si grave que même si nous reconstruisons tout, ce sera à nouveau détruit. On en a vraiment assez. »
Khaled Mohammed, 35 ans, père de deux enfants, résidant à Nuseirat après avoir fui le nord de Gaza au début de l’opération terrestre, a vivement critiqué le plan de Trump, estimant qu’il vise à nuire aux droits des Arabes à Gaza. « La déclaration de Trump est répugnante », a-t-il dit. « Il l’a fait parce qu’il nous déteste, tout comme les pays arabes qui ont rejeté le plan. Ils nous détestent aussi, mais pas parce qu’ils s’opposent à notre déplacement. »
Cependant, malgré ses critiques, Khaled a admis : « Pour chercher une vie meilleure pour ma famille, je quitterai Gaza. » Il a exprimé ses doutes quant à savoir si les pays arabes, qui refusent de leur permettre d’entrer sur leurs territoires, seraient prêts à les protéger s’ils restaient à Gaza. « Ma vie et celle de mes enfants sont plus importantes que la terre ou la cause palestinienne elle-même », a-t-il conclu. « Je veux partir pour protéger mes enfants. »
Le journal américain a précisé que tous les Gazaouis ne sont pas prêts à quitter Gaza volontairement. Certains, au contraire, affirment que la déclaration de Trump les pousse à rester et à endurer davantage.
Sarah Sobhi, 32 ans, mère de deux enfants originaire de Rafah et résidant maintenant dans un camp de déplacés à Khan Younes, avait initialement prévu de quitter Gaza après la fin de la guerre. Cependant, après avoir entendu la déclaration du président Trump, elle a changé d’avis : « Maintenant, je ne pars plus. Ce type ne nous chassera pas de notre terre. Nous ne le laisserons pas vider Gaza pour en faire une station balnéaire pour étrangers. »
Hanan Abu Qassem, mère d’un enfant, a déclaré qu’elle avait eu de nombreuses occasions de quitter Gaza pour rejoindre des amis au Canada ou au Danemark, mais qu’elle n’avait jamais pu surmonter son engagement à rester chez elle. Elle a toutefois admis qu’elle ne sait pas comment elle réagirait si le plan de Trump se concrétisait et qu’elle devait choisir. « Si vous me demandez maintenant si je suis plus encline à dire oui ou non, je dirais non, je resterai à Gaza. Mais seul D’ sait quelles seront les circonstances. Si je pars, et si la réponse est finalement oui – même si j’espère rester – ce sera pour une seule raison : mon fils unique. Ni Trump, ni la guerre, ni la mort ne me feront partir. Seul mon fils pourrait me pousser à le faire. »
La palestine, les palestiniens arabes sont des fantasmes qui s’écroulent.
Les gazaouis paient très cher leur adhésion à des mythes destructeurs. Et leur émigration est inéluctable. C’est le prix qu’ils paient pour que la paix advienne dans la région. Mais ce n’est qu’une partie du prix que les arabes vont devoir payer.