
Jean-Pierre Lledo
Il devait envoyer le ‘Hamas en enfer, s’il ne libérait pas la totalité des otages. Et ne voilà-t-il pas qu’on lui accorde 3 mois pour qu’il les libère au compte-goutte, et D’ sait dans quel état. Mais ce n’est pas tout, près de 3.000 assassins, dont des centaines de condamnés à perpétuité, seront libérés, Tsahal devant se retirer, hormis le couloir Philadelphie, laissant ainsi la population gazaouie sous l’emprise du ‘Hamas qui a de quoi la dompter, par le ventre et par les kalachnikovs.
Et il faut être vraiment un hurluberlu de journaliste inconditionnel de Trump, pour expliquer que son comportement est la conséquence de ce que ‘’Benjamin Netanyahou, avec la meilleure volonté du monde, n’a pas eu la force de lutter efficacement contre l’Etat profond israélien, pendant ces plus de 400 jours de guerre.’’ [1]
Raisonnement on ne peut plus bancal. Puisque la meilleure manière d’aider Netanyahou à combattre cet ‘’Etat profond’’, c’était justement de l’aider à anéantir totalement le ‘Hamas. Et ce, pas forcément par une intervention militaire, mais selon la même méthode que Trump veut utiliser pour vaincre son propre « deep state », en asséchant ses sources d’approvisionnement financier.
Et donc, si Trump était si puissant, pourquoi, au lieu d’envoyer son représentant pour faire le forcing sur Netanyahou, n’a-t-il pas attendu quelques jours pour faire le forcing sur le ‘Hamas, déjà terrassé par Tsahal, mais aussi sur ses alliés locaux, déclarés, du Qatar, et objectifs de l’Arabie saoudite et de l’Egypte.
Si le ‘Hamas et ses alliés ont réussi à faire plier Trump, voilà un bien mauvais message d’abord pour Israël, mais plus encore pour Trump lui-même et pour les USA qui venaient pourtant de lui offrir un raz de marée électoral.
Être investi quelques jours après un tel revers, qui ne restera pas inaperçu chez ses principaux adversaires, on peut se demander qui a bien pu le conseiller ainsi, alors que toute son équipe chargée du Moyen-Orient ne cessait pas d’annoncer, depuis des semaines, la plus grande fermeté.
Probablement personne. Probablement un coup de tête. Et voilà un autre message encore plus inquiétant.
Quoiqu’il en soit, avant d’être celle de Netanyahou, la défaite est celle de Trump.
Sa première, et espérons-le sa dernière.
Jean-Pierre Lledo, cinéaste, essayiste, 18 Janvier 2025
[1] JP Grumberg – https://israel247.org/pourquoi-netanyahou-est-contraint-daccepter-un-mauvais-accord-sur-les-otages-140424.html