Tôt lundi matin, le 21 janvier, Tsahal a frappé les forces iraniennes Al Qods, les centres de commandement et les dépôts de munitions en Syrie pendant 50 minutes au cours de volées de missiles guidés, depuis les airs et le sol. Des sources syriennes et russes ont signalé que les défenses antiaériennes syriennes avaient intercepté au moins 29 missiles israéliens, provenant de trois directions : le Liban et deux régions du nord d’Israël, Galilée et le Kineret (mer de Galilée). Les Forces de défense israéliennes ont qualifié cette frappe d’opération la plus vaste jamais menée contre les forces du chef iranien d’Al Qods, Qassem Soleimani, en Syrie, et ont publié un communiqué mettant en garde l’armée syrienne de ne pas exercer de représailles contre le territoire, les citoyens ou les forces militaires israéliens. La région du Mt Hermon et les sites de ski ont été interdits aux civils à compter de lundi. Avant minuit, une série d’explosions a été entendue à Damas.
Selon le porte-parole de Tsahal, le brig.-gén. Ronen Manelis, les frappes aériennes ont été menées en trois vagues et ciblaient des cibles militaires appartenant à la Force Qods iranienne en Syrie, notamment des sites de stockage d’armes, un site situé à l’aéroport international de Damas, un site de renseignement iranien et un camp d’entraînement iranien.
Selon Manelis, le missile tiré vers Israël était un missile sol-sol de fabrication iranienne dont le lancement avait été préparé des mois à l’avance.
“Ce n’est pas le type de missile qui est tiré spontanément”, a-t-il déclaré, ajoutant qu’ils “en avaient profité hier pour le lancer vers le nord du plateau du Golan, où se trouvent des cibles à la fois civiles et militaires”.
Manelis a déclaré à la presse que le missile avait été tiré autour de la capitale Damas dans une région où “on” (les Russes) avait assuré à Israël “par les parties concernées” que les forces iraniennes ne se retrouveraient pas.
“Le tir du missile hier, un lancement qui aurait pu tuer des civils, a été tiré par des Iraniens de Damas dans une zone où on nous avait promis qu’il n’y aurait pas d’Iraniens“, a-t-il déclaré. “En fin de compte, un tel missile lancé par des Iraniens dans une région où ils ne sont pas censés se trouver est une tentative iranienne d’attaquer Israël, de mettre en danger la vie de civils et de cibles militaires.”
Manelis a souligné que le lancement du missile dimanche et la cible iranienne frappée tôt lundi a montré à quel point l’enracinement de l’Iran en Syrie est profond.
“C’est la troisième fois que l’Iran tente de s’attaquer à Israël au cours de l’année écoulée, a-t-il déclaré, ajoutant que” l’Iran exploitait la Syrie et que la Syrie payait un lourd tribut pour avoir facilité les actions de l’Iran. ”
L’unité du porte-parole de Tsahal a également déclaré dans un communiqué que “l’attaque iranienne contre le territoire israélien est une preuve supplémentaire de l’intention derrière les tentatives d’établissement de l’Iran en Syrie et du danger qu’elles représentent pour l’État d’Israël et la stabilité de la région. Tsahal va continuer à agir avec force et fermement contre l’établissement iranien en Syrie. »
Le commandant de l’armée de l’air iranienne a déclaré lundi que le pays était préparé à une guerre décisive avec Israël, “qui mettra fin aux attaques de Tsahal sur la Syrie“.
“Nos forces armées sont préparées à une guerre qui entraînera la destruction d’Israël”, a-t-il déclaré, selon des informations parues dans les médias.
L’unité du porte-parole de Tsahal a déclaré que le régime syrien était responsable de ce qui se passait sur son territoire et l’a averti de ne pas agir ou de permettre à d’autres acteurs dans le pays de prendre de nouvelles mesures contre Israël.
«L’armée israélienne est prête à faire face à divers scénarios et continuera d’agir selon les besoins pour assurer la sécurité des citoyens israéliens», lit-on dans sa déclaration.
Les sources militaires de DEBKAfile ajoutent : L’attaque antérieure de quatre avions de combat de l’armée de l’air israélienne dimanche en pleine journée au sud de l’aéroport international de Damas était clairement le signal d’un conflit israélien plus important avec la Russie et la Syrie pour appuyer l’offensive menée par Tsahal qui vise l’expulsion de la présence militaire de l’Iran en Syrie.
L’armée israélienne avait cinq motivations pour monter d’un cran son offensive :
- Ce premier raid aérien de l’IAF n’a pas suffi à se connecter à la cible.
- Les réponses de la défense anti-aérienne syrienne au raid israélien ont été étroitement synchronisées avec la base aérienne russe Khmeimim à Lattaquié et avec le centre national de coordination de la défense antiaérienne au siège de l’armée de l’air à Moscou.
- Le Premier ministre et ministre de la Défense israélien et le nouveau chef d’état-major de l’armée israélienne ont été confrontés à une décision difficile quant à la nécessité de renoncer à leur campagne contre l’Iran après avoir été avertis par la Russie de ne pas attaquer Damas ou son aéroport.
- L’armée israélienne a décidé de ne pas permettre de laisser la première opération menée par lieutenant général Aviv Kochavi en tant que chef d’état-major de l’armée israélienne se solder par un semi-échec.
- Le missile terrestre syrien tiré sur Israël et intercepté par sa batterie de défense du Dôme de fer sur le nord du Golan ne pouvait rester sans réponse, surtout quand ce n’était pas le premier. Un missile syrien a survolé le centre d’Israël le 26 décembre. On a alors supposé qu’une posture d’absence de réponse israélienne entraînerait un accroissement des volées de missiles sol-sol syriens avec le soutien de la Russie, à chaque frappe aérienne israélienne en Syrie.
Par conséquent, dimanche soir, Israël a relevé le défi, a jeté le gant à la face de Moscou, de Téhéran et de Damas et a tourné le dos à la mise en garde de Moscou exigeant que son aviation reste en dehors du ciel de Damas. Des conférences urgentes ont sans doute lieu entre les trois capitales pour leurs ébaucher leur prochaines démarches.
Adaptation : Marc Brzustowski