La pieuvre qatarie s’infiltre partout…

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Intrigues qataries : pots de vin, gratuité des voyages sur Qatar Airways, et pas seulement

Alors que l’implication possible du Qatar au sein du cabinet du Premier ministre attise les soupçons en Israël, l’émirat fait face à des enquêtes de corruption en Europe • Nasser Al-Khelaifi, haut responsable d’un fonds souverain qatari a des ennuis avec la police française et l’accord Open Skies (Ouverture des cieux), risque d’être suspendu en raison d’une corruption présumée dans le processus de négociation.

Le Qatar menace en réponse : « Nous retirerons les investissements en Europe »

Le chaud et le froid : négociations, rapprochements et menaces persistantes

L’affaire des trois conseillers de Netanyahou, au service du Qatar au sein du cabinet du Premier ministre, trouble profondément l’opinion publique israélienne, s’agissant du deuxième plus grand ennemi d’Israël, jusqu’à présent, entièrement voué à sa destruction, à travers ses instruments comme el Hamas : après les « manquements » flagrants de vigilance qui ont conduit au 7 octobre, peut-on envisager la compromission d’un des plus hauts niveaux de sécurité de l’Etat hébreu ? Des conseillers médiatiques israéliens proches du Premier ministre travailleraient au service de l’émirat du Golfe pour améliorer son image, et l’enquête du Shin Bet sur les intérêts de l’État islamique extrémiste au sommet du gouvernement israélien se poursuit. D’un autre côté, il y a eu des tentatives de rapprochement – notamment dans le  domaine du diamant, dans lequel Israël excelle – depuis que la pression des émirats du Golfe et de l’Arabie Saoudite s’est quelque peu relâchée à l’encontre de Doha, alors motivée par l’emprise de la secte des Frères Musulmans et ses réseaux terroristes, au sein de l’émirat du Qatar.

 

Procédés nocifs et graissages de pattes

 

En fait, les méthodes de travail du Qatar, qui, selon une série de cas passés, n’hésite pas à recourir à des pots-de-vin pour atteindre ses objectifs, font la une des journaux européens ces derniers jours. Après l’affaire du « Qatargate », dans laquelle il a été révélé que plusieurs membres importants du Parlement européen de tout le continent avaient reçu des millions de dollars, certains dans des valises pleines d’argent liquide, en échange du « blanchiment » de l’exploitation des travailleurs étrangers lors de la Coupe du monde qui s’est déroulée dans le pays, les Européens ne sont pas surpris, mais demandent aux autorités d’aller jusqu’au bout de leurs enquêtes sur cette affaire.

Un groupe de compagnies aériennes européennes, dont Lufthansa et Air France, ont envoyé ces derniers jours une lettre à la Commission européenne à Bruxelles, dans laquelle elles exigent la suspension immédiate de l’accord de ciel ouvert précédemment signé entre l’UE et le Qatar. L’accord, qui était un objectif qatari depuis de nombreuses années de négociations, a permis à la compagnie aérienne émiratie, Qatar Airways, d’opérer librement en Europe à partir de 2021 et de proposer des vols depuis n’importe quelle destination européenne. La compagnie a été accusée dans le passé par ses concurrents de financement public illégal, destiné à lui donner un avantage concurrentiel, et ces dernières années, les autorités l’ont considérée comme une entreprise qui « casse le marché » dans de nombreux cas, en termes de prix des vols vers l’Asie.

 

Le patron estonien de la Direction des Transports européens sur le grill pour délit d’initié

La demande inhabituelle des entreprises européennes s’appuie désormais sur les publications selon lesquelles le Parquet de l’Union européenne, un organe chargé d’enquêter sur les délits de corruption et de fraude qui nuisent aux intérêts économiques de l’organisation, a ouvert une enquête pénale contre le chef de la Direction européenne des transports (DG MOVE).

Un scandale pointe du doigt Henrik Hololei, originaire d’Estonie, comme ayant colporté des informations secrètes aux Qataris depuis les salles de négociation où l’accord a été discuté. En échange, le Qatar aurait offert au haut responsable des vacances de luxe aux frais de l’Emirat, des cadeaux pour lui et sa famille, ainsi que des sommes d’argent dont le montant est encore en cours d’estimation. Le journal français « Libération », qui a rendu compte de l’affaire, a déclaré, entre autres, qu’elle était « sans précédent en termes de niveau de responsabilités de suspects » et qu’elle durait depuis des années.

 

Une enquête qui traîne

 

Le site Politico a révélé une partie de l’affaire il y a environ deux ans, lorsque le journal a rapporté que le haut fonctionnaire – l’équivalent d’un ministre du gouvernement mais au niveau de l’Union européenne – avait bénéficié de vols gratuits illimités de Qatar Airways pendant que ses collaborateurs négociaient l’accord de ciel ouvert. Suite à ce reportage, il a démissionné de son poste et l’enquête traîne depuis. Le lobby européen des compagnies aériennes exige désormais « une transparence totale et une enquête judiciaire contraignante pour vérifier si l’accord est valide et s’il doit être prolongé ».

Le lobby accuse également le Qatar de ne pas fournir d’informations financières sur son soutien à sa compagnie aérienne, laissant entendre qu’il crée une concurrence déloyale par le biais de subventions gouvernementales, interdites par le droit de l’UE. Le Qatar a fait de gros efforts pour parvenir à un accord dès 2021, avant la Coupe du monde qui s’y est tenue un an plus tard et qui devait présenter une image positive au monde.

 

Le nouvel épisode des pots de vin de Nasser Al-Khelaifi

 

En France, des révélations ont marqué la semaine dernière, selon lesquelles les procureurs du pays ont déposé un acte d’accusation contre Nasser Al-Khelaifi, l’un des hauts responsables de la Qatar Investment Authority (QIA), qui exploite les fonds de gaz naturel de l’émirat pour des investissements mondiaux, et qui agit également en son nom en tant que président du club de football du Paris Saint-Germain. Al-Khaleifi avait déjà fait l’objet d’une enquête pour corruption et fraude. La police avait perquisitionné son domicile, mais la Cour suprême avait annulé cette décision après une bataille juridique. Certaines informations soupçonnent Al-Khelaifi d’avoir influencé des décisions commerciales en échange de pots-de-vin.

 

Les médias de Vivendi, Lagardère à la solde du Fonds souverain qatari

 

Selon des informations en France, Al-Khelaifi aurait accepté en 2018 de modifier la position du fonds d’investissement qatari, qui détient une participation majoritaire dans la société de médias française Lagardère, sur diverses questions commerciales, en échange de la nomination de ses associés à des postes clés. Au cœur de l’affaire se trouve le comportement du PDG de l’entreprise, Arnaud Lagardère – démissionné puis remis en selle – qui a mené un style de vie hédoniste aux dépens de l’entreprise, a utilisé ses fonds et a également manipulé le cours de l’action. Al-Khaleifi aurait collaboré avec le PDG. Les enquêteurs avancent. L’enquête accuse Al-Khaleifi  d’« achat de votes » au sein du conseil d’administration dans le cadre de décisions commerciales.

 

Al-Khelaifi nie les accusations portées contre lui et le Qatar a lancé une attaque publique contre ce qu’il qualifie de « chasse aux sorcières » menée dans le pays contre les « hommes d’affaires qataris ». Des sources à Doha, interrogées par les médias français, ont menacé que l’émirat ne « déplace ses investissements » loin de la France, ce qui nuirait à la dette publique, creusée sous Macron et incidemment au Paris Saint-Germain, l’équipe phare du football français qui a ouvert son portefeuille pour faire venir de grandes stars ces dernières années. Le Qatar détient 87 % des parts de l’équipe. Doha s’est également engagé auprès de la Présidence la plus fortement controversée de la V République, à investir une dizaine de milliards d’euros en France dans les années à venir.

 

L’Europe otage de son fournisseur de gaz dominant

Le Qatar s’est positionné ces dernières années comme l’un des plus grands investisseurs en Europe, grâce à une combinaison d’acquisition d’entreprises à l’image nationale importante, d’équipes sportives, de groupes de médias et de grandes entreprises. Au cœur de l’Allemagne, par exemple, la Qatar Investment Authority détient environ 15 % de Volkswagen, environ 10 % de Siemens et environ 8 % de Deutsche Bank. En France, elle détient des participations dans des dizaines d’entreprises, dont Airbus et Total.

En Grande-Bretagne, la Qatar Investment Authority a acheté le célèbre grand magasin Harrods, possède 10 % de la banque Barclays et environ 20 % de l’aéroport d’Heathrow. Le pays fournit également environ 10 % de la consommation européenne de gaz liquéfié et a des contrats à long terme avec l’Allemagne, les Pays-Bas et d’autres pays. L’Europe considère le Qatar comme son fournisseur essentiel, quad elle a dû se sevrer du gaz russe après la guerre en Ukraine.

Des enquêtes que le Qatar corrupteur a les moyens de faire traîner

L’Europe s’attaque à ces cas de corruptions sans se presser. L’enquête de décembre 2022 est toujours en cours, concernant les soupçons de corruption au plus haut niveau dans le cadre du « Qatargate ».

Dans le cadre de cette affaire, des députés suédois, belges et italiens, ainsi que la vice-présidente du Parlement, Eva Kaili de Grèce, sont soupçonnés d’avoir reçu d’importantes sommes d’argent et avantages du Qatar en échange d’éloges publics sur la qualité de l’emploi dans le pays, malgré les centaines de morts de travailleurs étrangers dans le secteur de la construction, et le « feu vert » européen donné à cette question. Le Qatar nie les allégations dans l’affaire du « Qatargate », ainsi que l’affaire aérienne et son implication présumée dans des décisions d’affaires en France. Le ministère français du Commerce a démenti toute menace d’arrêt des investissements dans le pays, affirmant que ceux-ci se poursuivaient conformément aux engagements.

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