La perversion des esprits

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A la veille de la fin de l’année civile, l’ONG Human Rights Watch a publié un communiqué accusant Israël – je cite avec nausée mais je cite : « Israël commet le crime d’extermination et des actes de génocide à Gaza ».

Vous imaginez bien sûr que cette formule a fait les gros titres de toute la presse internationale qui s’est empressée de l’amplifier et de la diffuser à tout-va.

Quelques mots d’abord sur HWR, cette ONG opaque qui prétend refuser les financements provenant de gouvernements mais dont il a été prouvé qu’elle reçoit régulièrement des millions de dollars du Qatar notamment ou d’Arabie saoudite. Ceci explique sans doute pourquoi lorsque vous vous rendez sur la page de leur site internet, consacrée à cet Emirat du Golfe, HWR vante les progrès déployés par les autorités Qataries pour promouvoir le statut social des travailleurs étrangers dont, pourtant, de très nombreux rapports internationaux attestent qu’ils sont soumis à des conditions relevant de l’esclavage moderne. D’ailleurs en février 2021, le journal britannique The Guardian, publiait une enquête révélant que 6500 migrants (Indiens, Pakistanais, Sri-Lankais, Bangladais, Népalais) seraient morts en construisant les infrastructures destinées à accueillir la coupe du monde de football qui s’est tenue à Doha l’été 2022.

C’est donc cette organisation internationale « innocente » et dépourvue de toute mauvaise intention qui nous accuse. De quoi ? Du crime d’extermination ! Rien de moins.

De quoi s’agit-il en fait ? Le crime d’extermination figure dans la liste des infractions qui relèvent de la définition générique des « crimes contre l’humanité » dont on se souvient, et ce n’est pas un détail dans mon propos ce matin, que cette notion juridique est née en 1945 lorsqu’elle a été mentionnée pour la première fois dans la Charte de Nuremberg rédigée lors des procès contre les dignitaires nazis. Cette notion ayant évolué, les textes internationaux ont inclus et détaillé les actions qui pourraient constituer cette infraction majeure du droit international humanitaire que sont les crimes contre l’humanité, telles que l’esclavage, la déportation ou le transfert forcé de population, l’emprisonnement et la torture de masse, les violences sexuelles et la persécution de tout groupe identifiable, les disparitions forcées de personnes ou encore le crime d’apartheid.

Parler donc du crime d’extermination n’est pas un hasard. Loin de là.

Cette formulation n’est évidemment pas fortuite. Couplée à celle de génocide, elle permet de marquer les esprits et enfoncer un peu plus le clou de la réappropriation du martyr juif par le narratif propalestinien.

Ce n’est pas un détail sémantique mais bel et bien une opération superbement orchestrée qui vise d’une part à victimiser à outrance la partie palestinienne, mais d’autre part à renforcer le statut de bourreau de la partie israélienne identifiée et identifiable de manière à la fois consciente et inconsciente, voire pavlovienne, avec les pires régimes sanguinaires et tortionnaires de l’histoire récente, vous l’avez compris, il s’agit bien de comparer Israël à l’Allemagne nazie.

Toute la panoplie du vocabulaire de cette période est désormais ouvertement et couramment de mise pour parler du conflit en cours : Gaza est un camp de concentration à ciel ouvert, les soldats de Tsahal se conduisent comme des nazis ou même des SS, les dirigeants de l’Etat juif sont des criminels de guerre, Israël commet un génocide contre les Palestiniens et voilà, pour que les choses soient claires, nous sommes coupables du crime d’extermination. Extermination un terme terrible uniquement utilisé dans l’histoire récente pour parler de la Shoah.

Des accusations autant outrancières que totalement infondées mais qui s’en soucie vraiment ?

L’objectif de cette manipulation des esprits est pourtant simple : il relève de ce processus de déculpabilisation de l’Occident et de l’Europe en particulier coupables de 20 siècles de haine, de harcèlement et de persécutions à l’encontre du peuple juif jusqu’à la nuit sans fond de la Shoah.

Si les Juifs aujourd’hui sont donc des bourreaux, peut-être même pires que ceux qui les ont suppliciés hier, alors peut-être que l’Occident et l’Europe ne sont donc pas si coupables….

Nous sommes témoins de la pire des perversions des esprits, à laquelle se livrent sans complexes les médias, les ONG et les politiques de tous bords.

Daniel Saada était ambassadeur d’Israël en France

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