La peine du 9 av

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LA PEINE DU 9 AV ce mercredi 26 juillet dès 21:37 à Paris

La révolte
Le 9 Av, les Meraglim, les Explorateurs, revinrent d’un périple de 40 jours en Erets Israël et firent, à l’exception de deux d’entre eux, Yehoshoua Bin Noun et Kalev Ben Yefouné, un rapport désastreux, dénigrant et calomniant l’aide que Hachem pouvait leur procurer pour prendre possession de la Terre d’Israël. Ils réussirent à insuffler le désespoir dans les esprits, suggérant qu’il était au-delà de leur possibilité de vaincre les populations qui y résidaient. Le peuple pleura toute cette nuit et un mouvement de contestation prônant le retour en Égypte – quitte à retrouver leur statut d’esclaves – prit forme. Plus encore, ils se révoltèrent contre Moché Rabbénou et Aharon Hakohen et les auraient lapidés si Hachem ne s’était pas alors manifesté.

Les raisons
Manque de confiance, de foi en la capacité de Hachem d’accomplir sa promesse de donner la Terre d’Israël en héritage aux Bené Israël, inquiétudes quant à la préservation de leur statut de chefs parmi le peuple qu’ils avaient dans le désert et qu’ils perdraient en Eretz Israël, l’obligation de s’affairer aux obligations du Olam Hazé, pour se nourrir et se protéger au lieu de continuer à dépendre entièrement de la Chekhina, la Présence divine, qui leur procurait tout. Ce sont là autant de raisons qui ont motivé leur dénigrement et leur refus d’accepter de prendre possession de la Terre d’Israël.

Vous avez pleuré pour rien, vous aurez des raisons de pleurer ce jour là ! C’est en substance ce qu’il en a résulté.

Jour d’affliction
Depuis lors, le 9 Av est demeuré une date très triste, attachée aux malheurs décrits dans la Parachath Be’houkotaï et celle de Ki-Tavo, si Israël ne respecte pas les lois de la Tora. Les événements les plus marquants furent bien sûr les destructions des Premier et Deuxième Temples de Jérusalem. Ils furent précédés et suivis de terribles atrocités et d’immenses souffrances pour le peuple Juif. Il y en eut par la suite hélas bien d’autres, que ce soit l’expulsion des Juifs d’Espagne, ou encore le début de la Première Guerre mondiale, qui éclata le 9 Av, et qui portait en germe la Deuxième Guerre mondiale, avec les actes barbares et terribles commis durant la Shoa, dont nous souffrons encore aujourd’hui.

Une même date
Mais revenons aux deux Temples. Le Premier fut détruit du fait des fautes de ‘avoda zara, l’idolâtrie, de chefikhout damim, les meurtres, de Guilouyé Arayoth, la perversion des mœurs, qui étaient pratiqués en Israël. Ces interdits figurent parmi les Dix Commandements reçus au Mont Sinaï. En plus de la destruction du Temple et des souffrances endurées, l’ultime sanction fut la déportation en Babylonie durant 70 ans. Quant au Second Temple, il fut détruit du fait de la sinath ‘hinam, la discorde, généralement traduite par haine gratuite, qui nous coûta, en plus de toutes les souffrances, 2000 ans d’exil, qui dure jusqu’à ce jour.

Et nous attendons tous notre délivrance avec la venue du Machia’h, du Messie, que nous espérons prochainement et de nos jours.

La discorde
Mais la question demeure. Si la discorde fut à l’origine de cet exil, que faisons-nous pour qu’il cesse et que le Machia’h vienne ?

Cessons-nous d’être en désaccord, voire pire, de haïr notre prochain ? Attachons-nous à transformer la discorde gratuite en amour gratuit envers autrui ? Faisons-nous quelque chose dans ce sens ? Acceptons-nous de pardonner à celui qui nous a offensé ?

Très probablement n’en a-t-il pas pris l’exacte mesure et a-t-il agit sous influence, comme un « tinok chénichba », un enfant qui aurait grandi dans un milieu non-juif, imprégné de valeurs étrangères.

Pardonner
Le Kriyath Chema ‘al hamita, la prière que nous disons avant d’aller nous coucher, commence par la déclaration : « Maître du Monde, je pardonne à tous ceux qui m’ont mis en colère, m’ont provoqué, ont fauté à mon égard, que ce soit envers mon corps, mon argent, mon honneur, envers tout ce qui m’appartient, qu’ils aient agi involontairement ou non, par mégarde ou intentionnellement, dans ce monde ou à l’occasion d’une réincarnation, pour tout homme, et que personne ne soit puni à cause de moi ».

Si chacun disait cette prière en pensant au sens des mots et en les intériorisant, sûr qu’elle aurait une influence sur nous et que nous changerions d’attitude envers ceux qui nous auraient blessé ou abusé.

Il y a plusieurs décennies, nous nous somme excusés auprès de notre rav pour un manque de respect que nous avions eu envers lui. Il nous avait répondu que dès le soir même il nous avait pardonné.

Réparer 
Certes, la Tora a prévu que certains préjudices doivent être réparés, même parfois pécuniairement, et nous devons obtenir le pardon de la personne que nous avons lésée. Nous aurons l’occasion d’y revenir avant Roch Hachana et Yom Kippour. Mais il est essentiel d’être prêt à pardonner. Ladoun lekhaf zekhouth, vouloir d’emblée rechercher et trouver une raison positive justifiant l’action d’autrui, au lieu de la condamner, désamorce bien des préjugés et des tensions. Si cette propension à réfléchir positivement est bien établie, quantité de pensées négatives sur autrui se voient immédiatement éliminées. J‘apprécie alors chaque geste de façon favorable au lieu du contraire. Ce qui rend l’approche et les rapports beaucoup plus agréables et concourent au bien être et à une bien plus grande harmonie entre tous.

Corriger
C’est vrai qu’il nous incombe, du fait de notre responsabilité collective, à faire Tokha’ha, c’est-à-dire reprendre quelqu’un pour des manquements avérés dans l’attitude de notre prochain. Mais encore faut-il être sûr de les reconnaître, de savoir aussi comment s‘y prendre, si notre prochain est effectivement en mesure de nous entendre et si nous sommes nous-mêmes habilités à faire Tokha’ha, à le corriger avec amour pour qu’il ne récidive pas. A défaut, « chev ve’al ta’assé », ne fait rien, abstiens-toi et va apprendre les règles. Mais ne gardes pas envers lui de mauvais sentiments dans ton cœur.

Chacun souhaite certainement avancer dans cette voie. Aussi, nous suggérons le livre de Franck Ya’acov Eliyahou Lambez : « À la conquête du Chalom – comment combattre la sinath ‘hinam » que vous trouverez dans les librairies de la Communauté, ou à défaut chez l’auteur au 06 21 03 30 29 à Paris.

Les règles
Voici, avant de vous quitter, les quelques règles à connaître pour ce 9 Av, qui est célébré depuis ce mercredi 26 juillet (à 21:37 à Paris) jusqu’au 27 juillet (à 22:24 à Paris).

Le 9 Av est un jour de jeûne, sauf pour ceux dont l’état de santé ne le permet pas, car on n’a pas le droit de mettre sa vie en danger ! On ne s’enduira pas ni de crèmes, ni d’huile. On ne se lavera pas ce jour-là, si ce n’est les premières phalanges des doigts des mains, ou plus si nécessaire en cas de souillure, ni on ne se rincera la bouche. On ne portera pas de chaussures en cuir, mais en toile, en caoutchouc, en bois ou en synthétique. On n’aura aucune relation conjugale. On ne respirera pas de parfums. On s’assiéra à même le sol ou sur un siège bas, au moins jusqu’à l’heure de Min’ha (vers 14:30 à Paris). On ne se saluera pas. On n’aura non plus pas le droit d’étudier la Tora, si ce n’est des passages qui se rapportent au deuil et qui attristent, comme la Meguila Ekha, les lamentations. On évitera de travailler le 9 Av, sauf si on ne peut faire autrement. On ne portera pas ce jour de beaux vêtements. Les hommes ne porteront Talith et Tefilinnes que lors de la prière de Min’ha et non à Cha’harith, la prière du matin. On s’interdira toute manifestation de joie ou de légèreté car il s’agit bien de s’imprégner le plus possible du sens grave et tellement triste de ce jour. Bien avant que ne débute le jeûne, on procédera à une se’oudath mafséketh, un court repas de deuil constitué de pain et d’un œuf dur que l’on trempe dans de la cendre (la cendre d’une allumette par exemple). On pourra faire encore un autre repas après la seoudath mafséketh, sauf si l’on s’est engagé à faire rentrer le jeûne juste après et s’il reste encore le temps (il faut avoir fini avant 21:37 à Paris). On sait que viande et vin sont interdits sauf Chabbath depuis Roch ‘Hodech Av.

Le message
Que ces restrictions nous renforcent, qu’elles ne soient pas trop dures à supporter et qu’il nous soit donné de ressentir le trouble et l’affliction qu’ont vécu nos pères pour comprendre le message que Hachem leur a adressé, ainsi qu’à nous-mêmes. Les lectures et l’étude des Lamentations de Ekha devront y contribuer. De même que les contributions des rabbanim à l’onglet « Parasha » de notre site : dvartorah.org

Lorsque Machia’h, le Messie, viendra, le 3ème Temple sera reconstruit, la Présence divine règnera sur Jérusalem et sur toute la Terre d’Israël. Israël pourra alors devenir un Royaume de prêtres et un peuple saint pour toutes les Nations du monde. D’un jour de très grande affliction, le 9 Av deviendra un jour de très grande allégresse. Qu’il en soit ainsi de nos jours et très prochainement, Amen !

Association DVAR TORAH   www.dvartorah.org   info@dvartorah.org   33(0)148296529

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