Israël adopte une stratégie repensée qui consiste à sécuriser ses frontières par la création et le renforcement de zones tampons. Face à l’instabilité des régimes faibles et aux espaces non gouvernés, cette politique vise à empêcher les groupes extrémistes de s’implanter près des frontières israéliennes et de constituer des foyers de menaces permanentes.
L’émergence de vides de pouvoir dans plusieurs régions frontalières favorise l’installation d’organisations radicales. Pour Israël, la leçon est claire : il est impératif de ne pas laisser ces espaces sans surveillance, que ce soit du côté de Gaza, du Liban, ou encore en Cisjordanie. À ce titre, le ministre de la Défense, Israel Katz, a récemment expliqué lors d’une conférence avec des responsables régionaux que l’armée doit empêcher toute présence d’entités extrémistes à proximité des frontières. Cette approche repose sur l’expérience douloureuse de l’attaque du 7 octobre, qui a révélé les failles de la sécurité lorsqu’un groupe radical se retrouve trop proche des lignes de démarcation.
Les zones tampons : un outil multifront
La nouvelle doctrine de défense israélienne s’appuie sur la mise en place de zones tampons dans différents secteurs stratégiques. Dans le Liban, cette stratégie vise à créer une barrière préventive contre les infiltrations potentielles. Similairement, à Gaza, Israël cherche à établir un contrôle accru pour éviter la reprise de réseaux de contrebande et de trafic d’armes. En effet, l’un des points critiques identifiés est le « corridor de Philadelphie » : selon les analyses, si ce passage n’est pas maîtrisé, il pourrait rapidement devenir un conduit pour l’afflux d’armements en seulement 42 jours, renforçant ainsi la menace que représente le Hamas.
En Cisjordanie, la problématique est d’autant plus aiguë que les camps de réfugiés, depuis plus de deux ans, se transforment en véritables nœuds d’infrastructure pour le terrorisme. Des financements, des armements et des conseils fournis par des acteurs extérieurs, notamment l’Iran, ont permis la constitution de groupes paramilitaires dans ces zones. Pour y mettre fin, l’armée israélienne se voit obligée de maintenir une présence continue dans le nord de la région, assurant ainsi une réponse rapide et décisive face à toute tentative de renforcement de ces réseaux.
La situation en Syrie et le repositionnement stratégique
Le contexte syrien offre un nouveau terrain de jeu pour cette politique de zones tampons. Durant la guerre civile syrienne, qui s’est étendue de 2014 à 2024, Israël a entrepris de contenir l’influence iranienne sur le sol syrien. Après l’effondrement partiel du régime d’Al-Assad, les forces israéliennes ont été redéployées vers la zone tampon qui s’étend jusqu’au sommet du mont ‘Hermon. Aujourd’hui, Israël insiste sur la nécessité de démilitariser le sud de la Syrie, tout en soutenant étroitement la communauté druze, partenaire stratégique sur ce front. Ce repositionnement vise à créer un espace sécurisé, où toute présence militaire étrangère susceptible de constituer une menace serait exclue.
Changer l’équation sur plusieurs fronts
Au-delà des mesures isolées sur chacun des territoires, cette politique représente une tentative globale de modifier durablement l’équilibre sécuritaire de la région. Israël se réfère aux leçons tirées des périodes de troubles des années 1949 à 1956, puis lors des conflits qui ont suivi 1967, où les menaces se sont déplacées de la Jordanie vers le Liban dans les années 1970. Cette expérience historique a montré que l’absence d’une présence forte pouvait conduire à la montée en puissance de groupes insurgés, comme ce fut le cas avec le Hezbollah après le retrait israélien du Liban dans les années 1990.
Le défi pour Israël réside désormais dans la capacité à maintenir cette politique de zones tampons sur plusieurs fronts, en s’adaptant aux dynamiques locales et aux alliances changeantes. Les espaces laissés vacants par des régimes fragiles pourraient, en effet, être rapidement exploités par des forces extérieures. La coopération entre le régime syrien, l’Iran et le Hezbollah constitue un exemple de menace persistante, particulièrement autour du plateau du Golan, où la dégradation du pouvoir étatique offre un terrain fertile à des ambitions déstabilisatrices.
Un pari risqué pour la stabilité régionale
Si la création de zones tampons présente des avantages évidents en matière de prévention, elle n’est pas dénuée de risques. En concentrant les forces dans des secteurs précis, Israël doit rester vigilant quant aux conséquences involontaires : le vide de pouvoir ainsi comblé par des extrémistes pourrait, à terme, se transformer en un foyer de tensions récurrentes. La gestion de ces espaces exige une coordination étroite entre les forces armées et les instances politiques, ainsi qu’un engagement constant dans les négociations et le maintien des relations avec les communautés locales.
À l’heure où les menaces évoluent et se diversifient, Israël semble prêt à opérer un changement de paradigme majeur. Cette nouvelle politique, ambitieuse et multifacette, s’inscrit dans une logique de dissuasion proactive qui vise à prévenir plutôt qu’à réagir aux crises. Néanmoins, la question demeure : ce modèle assurera-t-il une paix durable, ou bien contribuera-t-il à intensifier les conflits en alimentant de nouveaux foyers de radicalisation ? Seul l’avenir dira si cette stratégie de zones tampons transformera positivement le paysage sécuritaire de la région.
En définitive, la démarche adoptée par Israël illustre un pari risqué mais nécessaire face aux défis d’un environnement instable. Les zones tampons, en tant qu’outil de prévention et de contrôle, pourraient offrir une protection renforcée si elles sont gérées de manière efficiente et en coordination avec des partenaires locaux. Toutefois, la persistance des menaces extérieures et les dynamiques de pouvoir dans les régions concernées rappellent que la sécurité n’est jamais acquise, et que chaque avancée stratégique doit être accompagnée d’une vigilance permanente.
Jforum.fr
Pourquoi parlez-vous de cisjordanie dans votre article ? « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. » Albert Camus. Parlez donc de la Judée-Samarie.
Celle-ci devrait d’ailleurs être nettoyée de la présence de tous les terroristes, ceux que vous nommez palestiniens.