Autour de la table de Chabbath, n° 485 Chemini
Ces paroles de Tora seront lues et étudiées le’ilouï nichmath rabbi Méir Mazouz zatsal, Roch Yechivath « Kissé Ra’hamim » (Bené Brak) et un des Grands de la génération de la Tora en Erets et dans le monde.
Sur les Korbanoth
La Paracha traite dans son début de l’inauguration des sacrifices dans le Michkan du désert. Aujourd’hui lorsque l’on parle ‘sacrifices’ tout de suite dans notre esprit c’est synonyme de sang et de cruauté vis-à-vis des pauvres animaux. Mais en fait il faut savoir que dans la Tora il existe de très profondes significations à l’égard des Korbanoth. Le Ramban au début du livre de Vayikra (1.9) rapporte une explication à ce sujet. Tout d’abord il ramène l’avis du Rambam dans son livre Moré Nevoukhim qui enseigne que les sacrifices dans le Mishkan puis par la suite dans le Temple de Jérusalem viennent pour évacuer de la vie juive toute idée de culte idolâtre. En effet, les civilisations de l’époque étaient remplies de services idolâtres comme par exemple en Egypte où existait le culte de l’agneau. Et c’est justement ce même agneau qui va être égorgé et offert au Créateur du Monde dans le Michkan pour déraciner toute idolâtrie dans le Clall Israël.
Le Ramban quant à lui s’élève contre cette position en évoquant qu’il n’est pas concevable que tout le service au Temple de Jérusalem ait pour but uniquement d’enlever de la tête du simple d’esprit la foi en de pareilles idioties : l’idolâtrie ! D’autre part, on voit que Noé, lorsqu’il est sorti de l’arche, a immédiatement offert des sacrifices au Créateur. Et on sait bien qu’à la sortie du Déluge il n’existait plus aucun peuple idolâtre sur la face de la planète. Finalement le Ramban donne son explication : on sait que lorsque l’homme faute il associe sa pensée à sa parole et à son acte. De la même manière pour arriver à la réparation de cette ‘avéra, l’homme devra mettre ses mains sur le Korban : c’est la semikha. Le vidouï ce que l’on traduit en français par confession, c’est-à-dire que le fauteur avant de faire la che’hita de la bête énoncera sa faute pour laquelle il amène son Korban : c’est une réparation de la parole qui a été fautive. Puis la che’hita et l’aspersion du sang de l’animal sur l’autel des sacrifices vient compléter la réparation de son acte. Cela vient aussi dire au fauteur qu’il aurait dû être à la place de cet animal, mais que par la grande miséricorde de Hachem on prendra cet animal à sa place.
Une troisième explication formidable est donnée par le grand kabaliste, le Ari zal. Le ‘Arvé Na’hal rapporte au nom du Ari, que le Korban signifie se rapprocher du Créateur. C’est que l’homme qui faute vis-à-vis de son Créateur fait ‘tomber’ une partie de son âme sainte dans les Klipoth : l’impureté. Et lorsque l’homme fait Techouva et amène son sacrifice expiatoire, alors son âme retrouve sa partie perdue et la ramène à la Kedoucha. Plus encore, Hachem fait un second prodige : les âmes qui ont pu se trouver dans la bête à cause de guilguoulim (ce sont les âmes qui n’ont pas eu le temps de faire Techouva sur certaines fautes avant de mourir et se retrouvent réincarnées dans des niveaux plus bas d’où elles proviennent) vont se trouver ‘réparées’ par l’offrande du sacrifice sur l’autel ! C’est remarquable.
Sur les différentes sortes de sacrifices : on sait tous qu’il existe plusieurs sortes d’offrandes. Il y a le sacrifice expiatoire comme le ‘Hatat et le Acham, mais il existe aussi un sacrifice qui est de l’ordre du ‘cadeau’ à Hachem comme les Nedarim et Nedavoth (ce sont les vœux) ou encore les Chelamim. Le rav Zilberstein אטילש rapporte au nom du Yalkout Guèrchouni et du Beth vemenou’ha que lorsque le fauteur amenait son sacrifice, le Cohen préposé à l’offrande dans le Temple avait la capacité de discerner la pensée du Juif pour savoir si véritablement il avait fait Techouva. Et dans le cas négatif il demandait alors aux Leviim de venir jouer de la musique pour éveiller le fautif à la Techouva complète. Cette idée est répandue dans la ‘Hassidouth et en particulier chez rabbi Na’hman de Breslav où on enseigne que les nigounim aident l’homme à sortir de sa tristesse et de la ‘avéra. Et un autre ‘Hidouch, c’est que de la fumée qui montait de l’autel des sacrifices on pouvait savoir si la Techouva était complète ou non. Si la fumée montait toute droite c’était un signe positif, mais si la fumée montait en zigzag (en hésitant), c’était un signe que la Techouva n’était pas complète. En parallèle à cette explication on vous rapportera les paroles du saint Zohar (Tsav 96.32) qui énonce que la fumée pouvait prendre la forme d’un lion, c’était le signe que le sacrifice avait été accepté par Hachem mais si elle prenait la forme d’un chien alors c’était négatif. Un autre fait intéressant c’est de savoir que tous les sacrifices étaient des animaux domestiques purs comme le mouton l’agneau ou le bœuf. Le Rabénou Be’haïé explique que la Tora accepte uniquement les espèces d’animaux qui sont pourchassés mais pas les prédateurs. C’est pour nous enseigner qu’il est toujours préférable d’être parmi les pourchassés plutôt que d’être parmi les pourchasseurs.
Deux autres raisons sont mentionnées dans les Midrachim pour lesquelles la Tora a choisi les bêtes domestiques plutôt que les bêtes sauvages : car il y a plus de facilité à se procurer des animaux domestiques, et aussi que leur tête est toujours en direction du sol : c’est à l’image de l’humilité. Les bêtes sauvages au contraire ont la tête portée vers le haut, ce qui est une marque d’orgueil. Et il est intéressant de remarquer que dans les temps futurs lorsque la prophétie d’Isaïe se réalisera où il est dit : « L’agneau et le loup vont résider ensemble et le lion et le gros bétail iront ensemble… brouter l’herbe » bien que dans ces temps messianiques les deux premières raisons n’existeront plus il restera quand bien même le fait que l’on continuera à offrir en sacrifice le mouton et le bœuf car Hachem aime les humbles et ceux qui n’ont pas la tête haute.
Le Sippour
Il s’agit d’un directeur d’école (on l’appellera rav Ya’akov) investi dans son travail qui inspecte les va et vient en matinée des enfants de son établissement. Notre homme remarque l’entrée d’une toute jeune élève accompagnée par une personne d’un certain âge. L’heure est tardive, le directeur se rappelle que cette fillette est régulièrement en retard, de plus ses parents ont beaucoup de mal à payer la scolarité. C’est son grand père (la personne qui l’accompagne) qui vient de temps à autres régler l’ardoise. Le directeur profite de l’occasion, dès que la jeune fille rentre dans la classe et que son grand père s’apprête à sortir de l’école, rav Ya’akov l’accoste et lui dit cordialement de venir à son bureau pour boire un verre d’eau fraîche. L’homme accepte et les deux se retrouvent assis face à face. Rav Ya’akov essaye de soutirer des informations pour comprendre la situation familiale de sa jeune élève. En fait, la famille est disloquée, et c’est son grand père qui l’a pris sous sa tutelle. Le directeur continue son investigation et lui demande quelle est la source de sa parnassa/subsistance ? L’homme s’esquive mais Ya’akov ne lâche pas et repart à la charge. Le grand père commence à balbutier, puis il rougit et enfin dévoile son vilain secret : « A cause de ma situation financière très précaire, je n’ai pas trouvé d’autre occupation que d’être…. VOLEUR ! » Le directeur n’en revenait pas, c’était la première fois qu’il avait devant lui un véritable cambrioleur ! Il savait que cette famille avait des difficultés mais pas à ce point. Le vieil homme continue : « Vous savez rav Ya’akov je vole, certes, mais je fais toujours attention de ne pas provoquer de dégâts. A chaque fois je laisse l’appartement propre, et je fais aussi toujours attention que les propriétaires ne soient pas présents lorsque je fais l’effraction afin de ne pas leur faire peur. J’opère lorsqu’ils sont sortis pour des occasions (mariages etc.) ou durant les périodes de vacances. J’entre par effraction dans l’appartement et je dérobe un ou deux portes-feuilles, deux ou trois bijoux et, je sors au plus vite. Vois-tu, je fais toujours en sorte que l’appartement reste propre ». Le directeur était abasourdi de sa déclaration mais le laissa continuer. Il dit : « Vous savez je ne vole pas pour le plaisir mais par ce que je n’ai pas de revenu ni de quoi manger. De plus, je fais attention de laisser chez les gens toujours de quoi acheter de la nourriture pour le lendemain ». Comme le grand père ne voit aucune invective ou courroux provenant du directeur, il rajouta : « Hier encore je suis rentré dans une maison et j’ai ouvert le frigidaire : il était vide. J’ai compris que les propriétaires étaient aussi dans la difficulté et je ne leur ai rien pris. J’ai ouvert mon portemonnaie et j’ai laissé sur leur table un billet de deux cents chèquels afin qu’ils aient de quoi acheter de la nourriture. Je suis partit sans rien leur prendre. » Le directeur écoutait attentivement sa déclaration, et comme il était avant tout un éducateur il réfléchit et dit : » Tu sais, en fait tu n’es pas un voleur, tu es un Tsadik qui est acculé à voler ! Sache que ta véritable nature est bonne. » Le grand père repoussa les paroles complaisantes du directeur. Mais rav Ya’akov revint à la charge et dit : « L’action d’hier montre ta vraie nature. Le fait que tu as laissé l’argent montre que tu es Tsadik. Tu as un cœur juif bien implanté en toi et des fois il s’active. C’est vrai que le vol est impardonnable, seulement tu as au fond de toi une bonne nature. Tu es Tsadik ! » L’homme était assez abasourdi par ces propos d’un homme tellement honorable (le directeur d’école), les deux hommes se serrent la main et le grand père reprit le chemin de sa maison. Quelques semaines passèrent et à nouveau le directeur remarque que le grand père arrivait en retard à l’école accompagné de sa petite fille. Cette fois c’est le grand père qui s’approcha du directeur et lui chuchota à l’oreille avec un grand sourire : « Ce n’est pas joli, mais tu m’as volé mon travail… Depuis cette fameuse discussion j’ai arrêté mon « travail » car tu m’as dévoilé ma vraie nature. Je voulais faire ma besogne et à chaque fois il y avait une voix qui s’éveillait en moi et me disait : « Comment tu peux faire une chose pareille alors que tu es Tsadik ! » Cela fait des semaines que cela dure et je n’ai pas fait un seul larcin durant toute cette période ! » Le directeur était très satisfait de ces paroles et très vite il chercha une solution pour sa parnassa. Il fit des recherches et finalement il lui trouva une occupation qui lui amène une subsistance et au final il abandonna complétement son ancien passe-temps. Merci Hachem ! Cette véritable histoire, qui n’est pas à prendre au pied de la lettre, car des fois il faut agir de la manière forte face à ceux qui font des larcins mais ce directeur d’école qui était avant tout un éducateur a vu dans cet homme la possibilité qu’il s’amende. C’est grâce à cela qu’il a pu l’extirper de son chemin erroné en lui donnant confiance.
C’est pour nous aussi une nouvelle manière d’envisager l’éducation de nos chères petites têtes blondes et brunes et aussi de notre proche entourage. Essayer de voir en eux la « Nekouda Tova »/ le point positif. Et c’est peut-être aussi le message de Pessa’h et de la Matsa (de la semaine dernière). Car elle est constituée d’éléments simples (farine et eau) sans levain. C’est à dire que la pate n’a pas eu le temps de monter. C’est le symbole de la simplicité. Pareillement avec notre prochain on cherchera à mettre en valeur ces bons traits de caractères et en cela on aura réussi à le réhabiliter à notre égard et à ses yeux.
Chabbath Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.
David Gold
Tél : 00972 55 677 87 47
E-mail : dbgo36@gmail.com
Une bénédiction à Pascal Choukroun et à son épouse (Lyon) dans ceux qu’ils entreprennent et pour tous les enfants
Un zivoug hagoun pour Albert Benguigui et une bonne santé
Une bonne santé à mon ancienne ‘Havrouta Ya’akov Hassoun et à son épouse (Raanana) et un bon zivoug pour leur fille
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