Saluée par l’AFP pour son « expérience internationale des droits humains », l’ex-experte de l’ONU a relayé des appels au boycott anti-israélien et diffusé des fake news sur un prétendu assassinat de Yasser Arafat par Israël.
C’est une femme, elle est Française, passée par l’université américaine, « rapporteure spéciale » de l’ONU sur des questions touchant aux droits de l’homme… La nomination d’Agnès Callamard à la tête d’Amnesty International a été salué comme il se doit par Le Monde et l’AFP.
Qui est Agnès Callamard ? A en juger par son CV, la quinquagénaire peut se flatter d’une carrière internationale fort honorable doublée d’un caractère bien trempé.
Sortie ans les années 80 de Sciences Po Grenoble, Agnès Callamard a déjà travaillé dans le passé pour Amnesty International, puis elle fondé dans les années 2000 une ONG assez confidentielle, (HAP International – Humanitarian Accountability Partnership), avant d’être nommée à Genève « rapporteure spéciale des Nations unies sur les exécutions extra-judiciaires, sommaires ou arbitraires ».
A ce titre elle a dirigée des enquêtes de l’ONU notamment sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Parallèlement, elle enseigne à l’Université de Columbia, aux Etats-Unis où elle dirige le Global Freedom of Expression, un programme pour la liberté d’expression mondiale qui dispose d’un site internet.
Le communiqué d’Amnesty International annonçant la nomination d’Agnès Callamard souligne son « acuité intellectuelle, sa profonde expérience en matière de droits humains et son courage quand il s’agit de faire entendre sa voix ».
Experte impartiale ou militante engagée ?
Ce profil très positif colle en définitive à l’image qu’Amnesty International est parvenue à se forger depuis des décennies auprès d’une partie de l’opinion publique, celle d’une organisation de défense des droits de l’homme qui serait impartiale, objective et dénuée d’arrières-pensées politiques.
La réalité est peut-être plus nuancée.
Dans cet article, Le Figaro rappelle certaines prises de positions contestables de la rapporteure spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires.
L’an dernier, dans un rapport au Conseil des droits de l’homme à Genève, Agnès Callamard avait ainsi qualifié « d’illégale » la frappe de drone qui avait éliminé le général iranien Qassem Soleimani à Bagdad, le 1er janvier 2020.
Commandant de la force d’élite iranienne Al Qods, Qassem Soleimani était l’instigateur de nombreuses attaques menées notamment contre les Etats-Unis au Moyen-Orient.
« Les Etats-Unis n’ont pas apporté de preuve suffisante d’une attaque en cours ou imminente contre leurs intérêts à même de justifier la frappe contre le convoi dans lequel se trouvait Soleimani au moment de quitter l’aéroport de Bagdad le 3 janvier dernier », avait notamment soutenu Agnès Callamard dans son rapport.
Cette prise de position de la rapporteure spéciale de l’ONU avait suscité une vive réaction de l’administration américaine. « Il faut une sacrée dose de malhonnêteté intellectuelle pour sortir un tel rapport et blanchir un des terroristes les plus notoires au monde, avait déclaré le porte-parole du Département d’État. Cela démontre, une fois de plus, que l’Amérique a eu raison de quitter le Conseil des droits de l’homme ».
Des prises de positions systématiques contre Israël
Sur le dossier israélien, Agnès Callamard s’est distinguée depuis des années par des déclarations et prises de positions donnant systématiquement tort à l’Etat juif.
En avril 2018, la rapporteure spéciale de l’ONU avait rendu un rapport accusant l’armée israélienne de tirer de manière indiscriminée sur les civils gazaouites et qualifiant de « manifestations pacifiques » les violentes émeutes suscitées par le Hamas le long de la frontière entre Israël et Gaza.
Peut-être certains considèreront-ils qu’il s’agit là de dossiers complexes et sensibles et que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ne faisait en l’espèce que rappeler en toute neutralité les règles de droit international ?
Ce serait là faire preuve d’une grande naïveté et d’une belle ignorance sur le parti pris anti-israélien de cette instance des Nations unies au sein de laquelle siègent les pires dictatures de la planète et qui passe le plus clair de ses sessions à accabler Israël.
Force est de constater que la rapporteure spéciale Agnès Callamard a tout au long de son mandat su parfaitement s’adapter à la ligne anti-israélienne de la commission qui l’avait nommée.
Des tweets qui dérapent
Lorsqu’elle ne travaillait pas à l’ONU, Agnès Callamard s’exprimait sur son compte personnel Twitter.
Elle y fait preuve d’une évidente hostilité à l’égard d’Israël.
Sur les dizaines de tweets que nous avons retrouvés et qui font référence à l’Etat juif, tous portent un regard négatif.
Pas un seul n’apporte la moindre touche positive.
A titre d’exemple, ce tweet du 10 mai 2013 dans lequel la rapporteure spéciale de l’ONU relaie un appel à boycotter les universitaires israéliens.
Aujourd’hui, Agnès Callamard est à la tête d’une organisation internationale qui prétend défendre la liberté d’expression partout à travers le monde.
En mai 2013, elle diffusait complaisamment un appel illégal à ostraciser tout chercheur, enseignant, intellectuel… du seul fait de son appartenance au peuple israélien.
Un peu contradictoire, non ?
Le fake news de l’assassinat d’Arafat
Et puis, nous avons gardé le meilleur pour la fin.
Dans ce tweet de janvier 2013, l’experte impartiale de la commission des droits de l’homme de l’ONU croit pouvoir révéler un scoop :
S’appuyant sur un article du New York Times, elle affirme que « Shimon Peres a admis l’assassinat de Yasser Arafat ».
Autant dire que, à InfoEquitable, nous avons un peu sursauté.
Le mauvais feuilleton de l’empoisonnement du leader palestinien Yasser Arafat par les services secrets israéliens est une fake news éculée auquel aucun observateur sérieux n’a jamais accordé le moindre crédit.
Mais à en croire « l’experte » internationale, l’aveu du meurtre d’Arafat aurait été confirmé par Shimon Peres, à l’époque président de l’Etat d’Israël, dans une interview au New York Times.
N’ayant jamais eu vent d’une telle révélation officielle, nous nous sommes précipités sur cet entretien qu’Agnès Callamard a eu l’obligeance de nous signaler.
Après avoir lu et relu l’article, une constatation s’impose : Shimon Peres n’a jamais déclaré que Yasser Arafat avait été assassiné !
La lecture qu’a faite Agnès Callamard de cette interview repose sur une interprétation plus qu’abusive, pour ne pas dire sur un grave contresens.
Que dit Shimon Peres ?
Tout d’abord, le président israélien indique qu’il s’est opposé dans le passé à divers projets d’attenter à la vie du chef terroriste.
- « He also protected Arafat from plots to kill or deport him » (Il a aussi protégé Arafat de complots visant à le tuer ou à l’expulser), écrit le journaliste Ronen Bergman qui a rédigé ce portrait-interview de Shimon Peres.
Puis le journaliste pose la question suivante à Shimon Peres :
- « You didn’t think that Arafat should be assassinated ? » (Vous ne pensiez pas qu’Arafat devait être assassiné ?)
Shimon Peres répond longuement, voici sa réponse intégrale au journaliste du New York Times : Non, je pensais qu’il était possible de faire affaire avec lui. Sans lui, c’était beaucoup plus compliqué. Avec qui d’autre aurions-nous pu conclure l’accord d’Oslo? Avec qui d’autre aurions-nous pu conclure l’accord d’Hébron? Par contre, j’ai essayé de lui expliquer, pendant des heures, un parcours pédagogique complet: comment être un vrai leader. Nous nous sommes assis ensemble, avec moi mangeant de sa main. Il a fallu du courage. Je lui ai dit qu’il devait être comme Lincoln, comme Ben Gourion: une nation, une arme, pas d’innombrables forces armées, chacune tirant dans une direction différente. Au début, Arafat a refusé, il a dit: «Lah, lah, lah» [Peres fait une imitation assez convaincante d’Arafat en disant «non» en arabe], mais plus tard, il a dit: «OK». Il m’a menti droit dans les yeux, sans aucun problème [concernant les promesses de combattre les milices palestiniennes et les insurrections].)
On le constate, Shimon Peres évoque bien des projets de liquidation du chef terroriste qui avaient été envisagés à différentes époques par des responsables israéliens (ce qui est parfaitement connu) mais auxquels Shimon Peres dit s’être opposé et qui n’ont jamais été mis en œuvre.
L’assassinat de Yasser Arafat, rapporté par Agnès Callamard sur son tweet, est un grossier mensonge !
Manifestement, « la rapporteure spéciale de l’ONU chargée des exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires » a mal lu l’article, ne l’a pas compris mais a estimé après l’avoir parcouru en diagonale qu’il constituait un élément à charge pour accabler Israël.
Ce passage de l’interview était pourtant consacré à une thématique sur laquelle Mme Agnès Callamard avait été nommée « experte » auprès du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
Un tel niveau de militantisme allié à autant de mauvaise foi et d’incompétence est tout de même préoccupant pour le fonctionnement des instances internationales.
L’arrivée de Mme Callamard à la tête d’Amnesty International s’inscrit dans la même logique et n’en est pas moins inquiétante.
L’ONG relaie depuis des années des campagnes anti-israéliennes et reprend sans vergogne les calomnies de la propagande islamiste présentant Israël comme un Etat voyou et hors la loi.
Ces campagnes médiatiques ont un objectif bien précis : fragiliser Israël, légitimer auprès des décideurs et des opinions publiques les procédures comme celles lancées par les Palestiniens devant la Cour pénale internationale (CPI).
Au vu des écrits d’Agnès Callamard, nous avons toutes quelques raisons de redouter que ces quatre années de mandat à la direction d’Amnesty International soient l’occasion pour elle d’alimenter et d’exacerber ses options anti-israéliennes.
A InfoEquitable, nous resterons, sur ce dossier comme sur tous les autres, extrêmement vigilants.