- « Le Fatah oblige les chrétiens à ne jamais signaler les violences et le vandalisme dont ils sont victimes. Sinon, l’Autorité palestinienne apparaîtrait incapable de protéger la vie et les biens des citoyens de la minorité chrétienne… Cette mauvaise image pourrait aussi avoir des répercussions négatives sur le plan financier. N’oublions pas que l’Autorité Palestinienne est puissamment aidée, notamment par l’Europe. » – Dr. Edy Cohen, Centre d’études stratégiques Begin-Sadat.
- Le labeur quotidien de l’Autorité palestinienne, de ses partisans, des médias et autres, est d’ériger les Palestiniens en victimes permanentes des agressions et discriminations israéliennes. Ce narratif victimaire serait compromis si la communauté internationale prenait soudain conscience que les Palestiniens persécutent certains de leurs compatriotes – uniquement pour des motifs religieux.
- « Plutôt que d’arrêter les auteurs de violences contre des édifices chrétiens, l’Autorité palestinienne préfère bloquer l’information. Ce qu’elle réussit parfaitement. A part quelques petits journaux locaux, les grands médias internationaux ont complètement ignoré les faits. » – Dr. Edy Cohen, Israël Today .
- Comme l’explique Justus Reid Weiner, avocat et universitaire spécialiste de la région, « la persécution systématique des Arabes chrétiens qui vivent dans les zones palestiniennes ne rencontre aucun écho au sein de la communauté internationale, ni auprès des défenseurs des droits de l’homme, des médias et des ONG. Dans une société où les chrétiens arabes n’ont ni porte-parole, ni protection, il ne faut pas s’étonner qu’ils finissent par s’en aller. »
Le christianisme est sur le point de disparaître de son lieu de naissance, y compris Bethléem (photo). Selon Justus Reid Weiner, avocat et universitaire, « les persécutions systématiques des Arabes chrétiens qui vivent dans les zones palestiniennes ne rencontrent aucun écho au sein de la communauté internationale, ni auprès des ONG, des défenseurs des droits de l’homme, des médias… Dans une société où les chrétiens arabes n’ont ni porte-parole, ni protection, il n’est guère surprenant qu’ils finissent par s’en aller ». (Source image : Daniel Case / Wikimedia Commons) |
En cette période de persécution des chrétiens au sein du monde musulman, la détresse des chrétiens palestiniens fait l’objet d’une omerta particulière.
Open Doors, une association humanitaire spécialisée dans la défense des droits des chrétiens, positionne les persécutions que les chrétiens palestiniens subissent à un niveau « élevé ». L’origine de cette oppression tient, selon Open Doors, en deux mots, « oppression islamique » :
« Les musulmans convertis au christianisme subissent les pires exactions anti-chrétiennes et la simple adhésion à l’une ou l’autre des églises de la région les met en danger. En Cisjordanie, ils vivent sous la menace et sont soumis à de fortes pressions ; à Gaza, le danger est si grand que la plupart vivent leur foi chrétienne dans le plus grand secret … L’islamisme radical a une telle influence aujourd’hui que les églises historiques doivent adopter une approche quasi diplomatique lorsqu’elles s’adressent à des musulmans. »
Si la persécution des chrétiens qui vivent dans des pays musulmans – Pakistan, Égypte, Nigéria pour ne citer qu’eux…- commence à être sérieusement documentée, les souffrances des chrétiens sous tutelle de l’Autorité palestinienne demeurent masquées.
Ce silence tient-il à un niveau de persécution moindre que dans d’autres pays musulmans ? Ou est-ce l’extrême conflictualité de l’arène politique et médiatique israélo-palestinienne qui place les chrétiens palestiniens dans une situation unique ?
« The Persecution of Christians in the Palestinian Authority » (La persécution des chrétiens sous l’Autorité palestinienne), un récent article du Dr. Edy Cohen, publié le 27 mai, par le Centre d’études stratégiques Begin-Sadate, répond longuement à ces questions.
L’étude du Dr Cohen fait état de trois cas de persécutions récentes de chrétiens, que les soi-disant « grands médias » ont parfaitement ignoré :
« Le 25 avril, les habitants terrifiés du village chrétien de Jifna près de Ramallah … ont été attaqués par des musulmans en armes… L’attaque a eu lieu peu après qu’une femme du village ait porté plainte contre le fils d’un éminent dirigeant du Fatah qui avait agressé sa famille. En représailles, des dizaines d’hommes du Fatah ont fait irruption dans le village, tirant des centaines de balles en l’air, lançant des bidons d’essence enflammés et hurlant des injures. Des équipements publics ont été gravement endommagés. C’est un miracle que personne n’ait été tué ou blessé…
« Le deuxième incident a eu lieu dans la nuit du 13 mai. Des vandales ont brisé la clôture d’une église de la communauté maronite du centre de Bethléem, ont pénétré le bâtiment par effraction, puis l’ont profané avant de se retirer emportant un coûteux matériel, notamment des caméras de sécurité.
« Trois jours plus tard, ce fut le tour de l’église anglicane du village d’Aboud, à l’ouest de Ramallah. Des vandales ont percé la clôture, brisé les fenêtres de l’église et y ont pénétré par effraction. Ils l’ont profanée, ont recherché des objets de valeur et volé beaucoup d’équipement.
« Selon sa page Facebook, l’église maronite de Bethléem a signalé qu’elle était victime pour la sixième fois d’actes de vandalisme et de cambriolages ; en 2015, un incendie criminel a provoqué des dégâts considérables et contraint l’église à fermer pendant une longue période. »
Ces trois attaques qui ont eu lieu en l’espace de trois semaines sont conformes au type de sévices que les chrétiens subissent dans d’autres régions à majorité musulmane. La profanation et le pillage d’églises sont les brutalités les plus répandues, mais il n’est pas rare que la populace musulmanes attaque les minorités chrétiennes chaque fois que celles-ci – perçues comme des « dhimmis » ou des « citoyens » de troisième classe, qui devraient s’estimer heureux d’être tolérés – osent évoquer leurs droits, comme ce fut le cas au village chrétien de Jifna le 25 avril :
« [L] es émeutiers ont réclamé [aux chrétiens] le paiement de la jizya– une taxe par tête qui a été imposée tout au long de de l’histoire aux minorités non musulmanes vivant sous domination islamique. Les victimes les plus récentes de la jizya sont les communautés chrétiennes d’Irak et de Syrie mises en coupe réglée par l’Etat islamique. »
En outre, comme chaque fois quand des musulmans attaquent des chrétiens, la police de l’Autorité palestinienne est resté sourde aux appels à l’aide des habitants [chrétiens] » de Jifna. Aucun suspect n’a été arrêté non plus. Il en a été de même pour les deux autres églises attaquées, « aucun suspect n’a été arrêté ».
En résumé, les chrétiens palestiniens subissent le même schéma de persécution – attaques d’église, enlèvements et conversions forcées – que leurs coreligionnaires de dizaines d’autres pays musulmans. La différence cependant, est que la persécution des chrétiens palestiniens n’est jamais « couverte par les médias palestiniens ». En fait, explique Cohen, « un bâillon complet a été imposé le plus souvent » :
« La seule chose qui intéresse l’Autorité palestinienne est que ces exactions ne soient jamais divulguées. Le Fatah exerce ainsi de fortes pressions sur les chrétiens pour qu’ils ne dénoncent pas les actes de violence ni le vandalisme dont ils sont fréquemment victimes. Une mauvaise publicité risquerait de porter atteinte à l’image de l’Autorité Palestinienne, celle d’un acteur incapable de protéger la vie et les biens de la minorité chrétienne placée sous son autorité. L’Autorité palestinienne ne souhaite évidemment pas apparaître comme une entité radicalisée qui persécute les minorités religieuses. Une telle image aurait forcément des répercussions négatives sur l’aide internationale massive, d’origine européenne notamment, que l’AP reçoit. »
Il faut aussi garder en mémoire que le gagne-pain quotidien de l’Autorité palestinienne, de ses partisans, des médias et d’autres acteurs de la scène moyen orientale, repose sur la victimisation des Palestiniens. Le narratif du souffre-douleur permanent des agressions et discriminations commises par Israël serait compromis si la communauté internationale apprenait que les Palestiniens eux-mêmes persécutent leurs compatriotes – essentiellement pour des raisons religieuses. Un peuple soi-disant opprimé aurait du mal à susciter la sympathie s’il apparaissait qu’il opprime lui aussi, sans vergogne d’autres minorités.
Les responsables de l’AP sont si sensibles à cette difficulté « qu’ils font pression localement sur les chrétiens pour que jamais, ils ne dénoncent de tels incidents, lesquels aboutiraient à lever le masque. L’Autorité Palestinienne apparaitrait alors comme un régime islamiste de plus au Moyen-Orient », écrit Cohen dans un autre article.
« Plutôt que d’arrêter les agresseurs des lieux de culte chrétiens, l’Autorité palestinienne préfère empêcher les grands médias de rapporter de tels incidents. Et elle y réussit très bien. A part une poignée de journaux locaux qui se donnent la peine d’informer réellement, les grands médias internationaux observent un silence total ».
Une dynamique similaire est à l’œuvre concernant les réfugiés musulmans. Les politiciens et les médias d’Europe occidentale les présentent comme des personnes persécutées et des opprimés en quête d’une main secourable, alors que ces migrants musulmans persécutent et oppriment eux-mêmes souvent les réfugiés chrétiens qui sont parmi eux. Ils les terrorisent dans les centres d’accueil de réfugiés ou bien les noient en Méditerranée.
Dans tous les cas de figure, la triste et simple évidence est que le christianisme est sur le point de disparaître sur les lieux mêmes où il est né, y compris Bethléem. Justus Reid Weiner, avocat et universitaire, expert de la région, explique :
« La communauté internationale, les défenseurs des droits de l’homme, les médias et les ONG observent un silence presque total sur les persécution systématique dont sont victimes les Arabes chrétiens vivant dans les zones palestiniennes … Dans une société où les chrétiens arabes n’ont ni porte-parole, ni protection, il n’est pas surprenant qu’ils s’en aillent. »
Raymond Ibrahim, auteur du livre Sword and Scimitar, Fourteen Centuries of War between Islam and the West, (Le sabre et le cimeterre, quatorze siècles de guerre entre l’islam et l’Occident), est Distinguished Senior Fellow du Gatestone Institute et Fellow du Judith Rosen Friedman du Middle East Forum.
Source fr.gatestoneinstitute.org