Je suis lassé d’entendre ces derniers jours les “petits roitelets” juifs français de gauche nous asséner leur vérité sur les causes de cette guerre finale entre Israël et le Hamas.
On a ainsi vu successivement une A. Sinclair en perdition intellectuelle depuis qu’elle est séparée de son mentor Strauss-Kahnien, un J. Attali quasi-sénile qui continue d’engranger les erreurs définitives et fatales, une D. Horvilleur, “rabbine” de personne sauf des médias du service public, et même un N. Devers, mini-BHL, “philosophe” qui sévit sur les plateaux de chaînes d’infos.
Et ce sans oublier A. Finkielkraut, pourtant souvent lucide et courageux et ayant même déserté les bancs de cette gauche décimée, mais malheureusement totalement étranger à la politique et à la société israéliennes, et surtout embourbé dans ses amitiés funestes de JCall.
Il est par contre juste de reconnaître qu’une fois n’est pas coutume, mais le BHL canal historique, qui, lui, connaît bien les rouages politiques israéliens, n’a pas versé (pour le moment ?) dans cette décrépitude intellectuelle.
Tous (et j’en oublie probablement), viennent nous réciter leur leçon apprise bien consciencieusement dans les colonnes du journal “Haaretz”, clonage israélien du “Monde”, journal de “référence” en matière de désinformation, et de “Libération”, organe officiel de la gauche dégénérée.
Et tous ces “progressistes patentés” de nous expliquer que cette catastrophe serait le fruit unique de la politique de B. Netanyahou.
Ben voyons, dirait l’autre !!
Je résume les analyses “de haut vol” qu’ils nous servent :
- Si cette catastrophe a pu avoir lieu, c’est d’abord parce que BN n’a pas voulu entendre les avertissements continuels envoyés par les renseignements israéliens ; pire, ces dernières semaines, il a, à plusieurs reprises, refusé de recevoir des chefs militaires de haut rang venus lui dire leur inquiétude.
- Si cette catastrophe a eu lieu, c’est aussi parce que BN, tenu par sa coalition “d’extrême droite”, a été obligé de concéder à sa frange ultra sioniste et religieuse, pour ne pas dire messianique et même suprémaciste, le fait d’envoyer force troupes en “Cisjordanie”, pour défendre les habitants de ces “colonies illégales” ; Il y en a même qui ajoutent que ce sont les religieux qui ont poussé BN à démobiliser de très nombreux militaires afin qu’ils puissent passer les fêtes de Simhat Torah en famille ; traduction : Smotrich et Ben Gvir ont obligé BN à dégarnir la frontière sud au bénéfice des implantations de Judée-Samarie dans lesquelles ils vivent eux-mêmes.
- Si cette catastrophe a eu lieu, c’est encore le résultat de la politique désastreuse de BN, qui depuis qu’il est au pouvoir, n’a cessé de favoriser le Hamas islamiste, ennemi héréditaire du Fatah laïc, et ce afin d’affaiblir in fine l’Autorité Palestinienne, et ainsi maintenir un statu quo désespérant.
- Et le pompon pour la fin : ce tragique épisode démontre de façon éclatante combien il est urgent de mettre enfin en place la solution à 2 états ! Propos d’ailleurs repris comme un mantra par plusieurs chancelleries : américaine version Démocrate, Quai d’Orsay version permanente, UE version impératrice ….
Comment peut-on en si peu de mots dire autant d’âneries (pour rester poli) ? Comment, si ce n’est en mettant son idéologie au service des faits, et non l’inverse. Et en poursuivant inlassablement le même objectif à long terme envers BN. J’y reviendrai plus loin.
Alors décryptons tout d’abord un peu.
Concernant tout d’abord les avertissements des renseignements que BN n’aurait pas voulu entendre: c’est exactement le contraire qui s’est produit ; les renseignements, qu’ils soient civils (Shin Bet) ou militaires, n’ont eu de cesse les semaines précédant ce 7 octobre de dire à l’échelon politique que la frontière sud était calme et ne présentait aucun risque à court terme. Il y a même un haut responsable militaire qui est venu le dire sur un plateau télé israélien seulement 4 jours avant ce fatidique 7 octobre. D’ailleurs les responsables militaires et du Shin Bet sont venus depuis le 7 octobre reconnaître publiquement qu’ils avaient failli et qu’ils étaient les premiers responsables de cette catastrophe qu’ils n’ont pas du tout vu venir, et ainsi dédouaner l’échelon politique. Tous les israéliens savent cela à présent, à part nos “Pieds nickelés” nationaux.
Pour ce qui est de la répartition des forces entre les 3 terrains de tensions : frontière nord avec le Liban et la Syrie, frontière sud avec Gaza et frontière intérieure avec les zones A (sous contrôle de l’AP) de Judée-Samarie, elle est là aussi le fruit de l’analyse des renseignements qui considéraient que la frontière sud était calme et que le Hamas avait d’ailleurs montré depuis 2 ans des signes d’apaisement (Cf. ci-dessous). Cette répartition des forces entre ces 3 fronts est donc le fruit de la position prônée par les renseignements à l’échelon politique, qui l’a validée.
Pour ce qui est de la politique menée par BN envers le Hamas, elle a été toujours ferme, même si elle n’a jamais été définitive ; rappelons au passage qu’il faisait partie des opposants farouches à l’évacuation du Goush Katif de Gaza portée entre 2002 et 2005 par A. Sharon. Mais, comme l’explique très bien M. Gurfinkel (1), cette catastrophe est la conséquence directe de l’intoxication des renseignements israéliens par le Hamas qui leur a fait croire après l’intervention de mai 2021 qu’il était prêt à une trêve longue en échange d’un desserrement économique de la bande de Gaza par l’ouverture de sa frontière aux travailleurs gazaouis ; mais c’est le gouvernement “de gauche” de Y. Lapid et non pas celui de BN qui a accepté finalement cette transaction à l’été 2022 en autorisant 20 000 permis de travail quotidiens ; BN n’a fait que maintenir cette autorisation après son retour au pouvoir en janvier 2023, ce qui après coup était une erreur.
Pire encore, très éclairante est l’analyse particulièrement pertinente de E. Shargorodsky (2), qui explique que si les renseignements se sont ainsi laissés endormir, c’est que leur état d’esprit était largement contaminé par un pacifisme occidental largement répandu dans les milieux “progressistes” israéliens, ainsi que chez les hauts dirigeants militaires, du Shin Bet et de la police.
Quant au dernier point concernant la nécessité absolue de mettre enfin en place la solution à 2 états, j’ai déjà eu l’occasion d’expliquer le contre-sens flagrant d’une telle position au regard de ce qui vient de se passer (3).
Alors pourquoi tous ces “progressistes” Juifs français s’acharnent-ils sur BN ? La réponse semble assez évidente, mais pour l’illustrer simplement, je voudrais vous rapporter une des phrases clés qui a conclu l’intervention du quasi-sénile, reprise avec assurance par le mini-BHL ; tous deux ont dit en guise de conclusion : “BN devrait aujourd’hui être en prison” ; et là tout s’éclaire : en prison pour ses erreurs stratégiques ou politiques, devrait-on leur demander ? Mais depuis quand emprisonne-t-on un homme politique pour ses erreurs politiques ? Les prisons de toutes les démocraties seraient pleines à craquer ! Alors pourquoi cette affirmation ?
Et bien parce que tous ces gens ont été et demeurent les petits télégraphistes européens de la gauche israélienne décadente qui essaye depuis des années de se débarrasser de BN par tous les moyens, y compris par d’un coup d’état juridico-médiatico-policier avorté (4), fomenté en particulier par l’ancien PM E. Barak, qui a été l’organisateur central de l’agitation de rues contre la réforme judiciaire menée depuis près d’un an.
Alors, sans nier la responsabilité globale de tout premier ministre en exercice, que BN a lui-même reconnue et qu’il faudra bien évidemment établir en détail après la guerre, il est nécessaire de continuer ici aussi en France à décrypter ce qui se passe réellement en Israël, à révéler le dessous des cartes, et à dénoncer toutes ces manipulations idéologiques.
© Gilles Bellaïche