Illustration : Le rav Litsmann, aux côtés du rabbi de Gour, son rabbi
Le rav Litsman, ministre de la Construction, a prévenu que si l’on décidait, au sein du gouvernement, d’établir un confinement généralisé sur le public à Roch haChana, il démissionnerait de son poste. Or il a été décidé d’établir un confinement, et donc le rav Litsman s’est accompli, et a démissioné.
Il y a en effet quelque chose de dérangeant dans ce qui se passe depuis quelques mois dans le pays : d’un côté, voici que l’on bloque les synagogues et que l’on empêche les gens de sortir de chez eux (enfin, pour plus de 500 m), alors que, d’un autre côté, les fameuses manifestations de re’hov Balfour, et d’ailleurs dans le pays, restent licites, bien qu’il n’y ait aucune limite au nombre de personnes qui puissent y participer, et aucune obligation a priori de porter des masques…
Nous nous sommes déjà faits l’écho de la solution trouvée : on n’évite de mettre dans les compte-rendus du ministère de la Santé la possibilité que la personne atteinte du corona l’ait fait à la suite de sa participation à une manifestation, comme cela ce genre de regroupement de gens en public n’est pas dangereux…
Mais ce n’est pas que dans ce domaine que le gouvernement ne se conduit pas avec correction et équilibre : on punit très facilement les villes orthodoxes et on les bloque, à titre de « ville rouge », alors que celle d’à côté, où le développement de l’infection n’est pas forcément moindre, n’aura pas droit à ces limitations.
Le rav Litsman, donc, a prévenu que si l’on mettait en place un confinement généralisé – mais que l’on laisserait les manifestants continuer, il se retirerait du gouvernement, et c’est ce qu’il a fait.
Est-ce que cela va être utile ? L’avenir le dira.
En tout cas, tout le monde a poliment fait part de ses regrets de voir ce membre du gouvernement le quitter, et surtout d’une telle manière. D’ailleurs au courant des discussions une dure opposition entre le député Amsalem et le conseiller juridique du gouvernement, Mendelblit, s’est faite jour, justement au sujet des manifestations, qu’Amselem jugeait qu’il faut limiter, mais Mendelblit, comme seul un Mendelblit peut se conduire, trouvait à son habitude qu’il est impossible d’aller contre l’expression démocratique du peuple, quand bien même serait-elle dangereuse pour la santé du public… Finalement, les cris ont servi à ce qu’il soit décidé que les services du ministère de la Santé s’intéressent à établir des règles à ce sujet…
Il est tout à fait probable que les restrictions à plusieurs vitesses imposées à certains et pas à d’autres soient discutables et devraient l’objet d’enquêtes.
Mais un truc que je ne comprends pas : alors que la progression du virus s’emballe et est en passe de devenir exponentielle – oui, là maintenant, oui, à l’approche des fêtes – le rav a-t-il oublié que le Pourim de cette année fut une catastrophe meurtrière pour beaucoup de communautés à travers le monde ?
N’a-t-il pas entendu qu’en ce qui concerne la France par exemple, il est évoqué un chiffre d’environ 10% de morts juifs dans le total des morts (alors que les juifs représentent moins de 1% de la population française) ?
Ne comprend-il pas que l’exceptionnelle fréquentation des synagogues que vont représenter les 2 jours de Rosh Hashana et de Kippour ainsi que les réunions familiales de la période sont susceptibles d’accroitre sensiblement le nombre de personnes contaminées qui iront elles-mêmes contaminer leur famille ainsi que d’autres personnes ?
Faudra-t-il entendre que dans les hôpitaux débordés par l’afflux de malades, on a choisi ceux dont on allait s’occuper et ceux que l’on allait laisser de côté, pour retrouver une certaine lucidité !?