La conception était qu’Assad était stable : les renseignements ont été surpris

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Une chute inattendue du régime syrien

Ce n’est pas seulement le régime d’Assad qui s’est effondré cette nuit, c’est tout l’axe de la résistance qui montre des signes avancés de désintégration. Depuis plus d’une décennie, la Syrie est plongée dans une guerre civile sanglante, marquée par des crimes de masse commis par Assad : tortures, déplacements forcés, camps de détention et de mort, attaques au gaz sarin contre les civils, et même un crématorium pour brûler les corps des détenus assassinés.

Trois acteurs ont soutenu Assad à différents stades de la guerre :

  1. Vladimir Poutine, qui a décidé que la Syrie, en tant qu’État client de Moscou, ne tomberait pas, pour éviter un scénario similaire à celui de Mouammar Kadhafi.
  2. Ali Khamenei, le guide suprême iranien, voyant en la Syrie une profondeur stratégique essentielle à la survie de l’axe de la résistance. Sans Damas, le Hezbollah aurait été isolé et incapable de recevoir des armes lourdes ou un soutien logistique.
  3. L’Occident, en particulier Barack Obama, qui a abandonné sa ligne rouge sur l’utilisation d’armes chimiques par Assad. En acceptant un accord avec Poutine pour le démantèlement supposé des arsenaux chimiques syriens, Obama a envoyé un message aux Syriens : « Vous êtes seuls. »

Un tournant stratégique pour la région

La chute d’Assad équivaut à une chute du mur de Berlin au Moyen-Orient. Ce n’est pas tant le dictateur lui-même, mais ce qu’il représente qui est significatif. Le Hezbollah a été affaibli par Israël, l’Iran redoute une défaite humiliante en Syrie, et les forces d’Assad, en proie à des désertions massives, n’ont pas mené un seul combat sérieux contre les rebelles.

D’après le Dr Raz Zimmt, expert en affaires iraniennes, certains médias iraniens ont déjà adouci leur discours en parlant des rebelles comme une « opposition armée ». À Moscou, où l’attention est focalisée sur la guerre en Ukraine, le soutien au régime syrien s’est essoufflé.

Une surprise pour les services de renseignement

Cette évolution est une surprise tectonique. Les Turcs, parrains des principaux groupes rebelles, n’ont pas anticipé leur progression rapide ni l’effondrement du régime. Pas plus que Téhéran ou Moscou. Même les services israéliens, AMAN et le Mossad, n’avaient rien vu venir. Israël avait construit une stratégie entière basée sur la stabilité d’Assad, supposée garantie par la Russie. Cette perception a conduit Israël à chercher un rapprochement avec Moscou et Assad pour limiter le soutien au Hezbollah.

Cependant, la réalité s’est avérée tout autre, plaçant Israël dans une situation embarrassante. L’idée que le régime syrien était stable et en voie de réhabilitation a conduit à des erreurs stratégiques.

Défis pour Israël

Les dilemmes actuels d’Israël sont nombreux. Les groupes rebelles présents près de la frontière ne sont pas encore les islamistes d’HTS (anciennement liés à Al-Qaïda), mais ils ne sont pas fondamentalement différents. Parmi les options examinées, Israël pourrait envisager de sécuriser une zone tampon dans le Golan syrien ou de déclarer une zone démilitarisée du côté syrien, à faire respecter par des frappes aériennes et d’artillerie.

Le président turc Erdogan, qui exerce une influence considérable sur les chefs rebelles, représente un autre défi. Un rapprochement avec la Turquie ne semble guère attrayant pour Israël, d’autant que le leader rebelle Abu Mohammad al-Julani a commencé son parcours djihadiste inspiré par la seconde intifada en Israël.

Un avenir incertain

Les rebelles ont promis de ne pas massacrer les Alaouites et de créer une Syrie qui respecte toutes ses communautés. Cela reflète une tentative apparente de se démarquer des atrocités commises sous l’époque de Daech. Cependant, il est encore trop tôt pour être optimiste. Le démantèlement de l’axe iranien semble imminent, mais il est accompagné de l’émergence de forces sunnites fondamentalistes violentes. En deux mots : le Moyen-Orient.

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