La Chine intensifie sa guerre avec les États-Unis

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La Chine serre la vis sur les métaux rares : un choc mondial en préparation

Pékin vient de prendre une décision qui pourrait bouleverser plusieurs secteurs industriels à travers le globe. Depuis deux semaines, la Chine a interrompu l’exportation de plusieurs métaux rares stratégiques, indispensables à la fabrication de composants de haute technologie. Une mesure qui, bien qu’elle ait peu d’impact économique direct pour la Chine elle-même, pourrait paralyser des industries entières en Occident, notamment dans les domaines de la défense, de l’automobile et de la robotique.

Une arme économique redoutable
Le gouvernement chinois a annoncé des restrictions sur la sortie du territoire de six métaux rares lourds, tous raffinés exclusivement en Chine, ainsi que des aimants spéciaux issus de ces matériaux. Ces derniers sont essentiels à la production de moteurs électriques, drones, missiles, véhicules autonomes ou encore satellites. Selon le New York Times, les exportations ne seront désormais autorisées qu’avec une licence spéciale, mais à ce jour, aucun mécanisme de délivrance de ces licences n’a été mis en place. L’inquiétude grandit donc chez les industriels face à la possibilité d’un arrêt prolongé de l’approvisionnement.
Parmi les éléments concernés figure l’oxyde de dysprosium, actuellement coté à plus de 200 dollars le kilo à Shanghai, et encore plus cher à l’international. Ce métal, crucial pour les aimants à haute performance, est intégré dans une multitude d’appareils électroniques, y compris les composants critiques des systèmes militaires et les véhicules électriques.

Impact limité en Chine, mais mondial ailleurs

La Chine concentre près de 99 % de la production mondiale de certains métaux lourds rares, et contrôle environ 90 % de la production annuelle mondiale d’aimants en terres rares – qui atteignait environ 200 000 tonnes en 2023. Le pays reste quasiment sans rival depuis la fermeture d’une usine au Vietnam, seul site alternatif notable, en raison de conflits économiques.

En restreignant ces exportations, Pékin minimise les dommages sur son économie, tout en créant une pression considérable sur ses partenaires commerciaux, notamment les États-Unis, le Japon et l’Allemagne. Ces derniers dépendent fortement des matières premières chinoises, même s’ils produisent eux-mêmes une partie des aimants finis.

Un signal clair dans la guerre commerciale
Cette décision s’inscrit dans un contexte de fortes tensions économiques entre Washington et Pékin. En réaction à une nouvelle hausse des droits de douane décidée par l’administration Trump, la Chine a non seulement augmenté ses propres taxes sur les produits américains, mais franchit un nouveau seuil stratégique en s’attaquant directement aux chaînes d’approvisionnement technologique. Le président Xi Jinping semble ainsi prêt à jouer la carte du monopole minier pour répliquer aux mesures commerciales occidentales.

James Litinsky, PDG de MP Materials – entreprise américaine spécialisée dans l’extraction de terres rares – a exprimé son inquiétude quant aux conséquences pour les programmes militaires. Il souligne que la robotique et les drones, considérés comme les technologies de guerre du futur, sont désormais vulnérables à un manque de matériaux critiques.

Des stocks faibles, une résilience inégale

Le Japon, déjà frappé par un embargo similaire en 2010, a cette fois anticipé et constitué des réserves suffisantes pour environ un an. Ce n’est pas le cas des États-Unis, où les entreprises hésitent à immobiliser des capitaux dans des stocks coûteux. Résultat : une exposition accrue au risque d’interruption brutale.

Daniel Pickard, qui préside le Comité consultatif sur les minéraux critiques auprès du Département du commerce américain, confirme que les effets de ces restrictions pourraient être « significatifs » pour les industries nationales. Une partie des composants essentiels aux serveurs d’intelligence artificielle et aux smartphones – notamment les condensateurs – pourrait rapidement se raréfier.

Une stratégie préparée de longue date

Le geste de la Chine n’est pas improvisé. En 2019, au plus fort des tensions commerciales du premier mandat de Donald Trump, Xi Jinping avait visité personnellement le site de production de JL Mag Rare-Earth à Ganzhou, leader mondial des aimants à terres rares. Ce déplacement avait alors été interprété comme un avertissement : la Chine pourrait un jour utiliser ses ressources comme levier dans la guerre économique. Ce jour est visiblement arrivé.

Alors que les tensions sino-américaines atteignent un nouveau pic, cette décision chinoise révèle la vulnérabilité de l’économie mondiale face à des ressources stratégiques concentrées dans un seul pays. Elle pose aussi une question centrale : comment diversifier rapidement les chaînes d’approvisionnement pour échapper à la dépendance ?

Jforum.fr – Illustration : site chinois de métaux rares

 

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