La Chine serre la vis sur les métaux rares : un choc mondial en préparation
Pékin vient de prendre une décision qui pourrait bouleverser plusieurs secteurs industriels à travers le globe. Depuis deux semaines, la Chine a interrompu l’exportation de plusieurs métaux rares stratégiques, indispensables à la fabrication de composants de haute technologie. Une mesure qui, bien qu’elle ait peu d’impact économique direct pour la Chine elle-même, pourrait paralyser des industries entières en Occident, notamment dans les domaines de la défense, de l’automobile et de la robotique.
Impact limité en Chine, mais mondial ailleurs
La Chine concentre près de 99 % de la production mondiale de certains métaux lourds rares, et contrôle environ 90 % de la production annuelle mondiale d’aimants en terres rares – qui atteignait environ 200 000 tonnes en 2023. Le pays reste quasiment sans rival depuis la fermeture d’une usine au Vietnam, seul site alternatif notable, en raison de conflits économiques.
En restreignant ces exportations, Pékin minimise les dommages sur son économie, tout en créant une pression considérable sur ses partenaires commerciaux, notamment les États-Unis, le Japon et l’Allemagne. Ces derniers dépendent fortement des matières premières chinoises, même s’ils produisent eux-mêmes une partie des aimants finis.
James Litinsky, PDG de MP Materials – entreprise américaine spécialisée dans l’extraction de terres rares – a exprimé son inquiétude quant aux conséquences pour les programmes militaires. Il souligne que la robotique et les drones, considérés comme les technologies de guerre du futur, sont désormais vulnérables à un manque de matériaux critiques.
Des stocks faibles, une résilience inégale
Le Japon, déjà frappé par un embargo similaire en 2010, a cette fois anticipé et constitué des réserves suffisantes pour environ un an. Ce n’est pas le cas des États-Unis, où les entreprises hésitent à immobiliser des capitaux dans des stocks coûteux. Résultat : une exposition accrue au risque d’interruption brutale.
Une stratégie préparée de longue date
Le geste de la Chine n’est pas improvisé. En 2019, au plus fort des tensions commerciales du premier mandat de Donald Trump, Xi Jinping avait visité personnellement le site de production de JL Mag Rare-Earth à Ganzhou, leader mondial des aimants à terres rares. Ce déplacement avait alors été interprété comme un avertissement : la Chine pourrait un jour utiliser ses ressources comme levier dans la guerre économique. Ce jour est visiblement arrivé.
Alors que les tensions sino-américaines atteignent un nouveau pic, cette décision chinoise révèle la vulnérabilité de l’économie mondiale face à des ressources stratégiques concentrées dans un seul pays. Elle pose aussi une question centrale : comment diversifier rapidement les chaînes d’approvisionnement pour échapper à la dépendance ?