L’économie israélienne vacille sous le poids d’une crise politique grandissante. La poursuite des réformes judiciaires engagées par le gouvernement, perçues par beaucoup comme une menace pour l’équilibre démocratique, commence à produire des effets concrets bien au-delà des cercles institutionnels : les marchés financiers réagissent avec force, et les épargnants en font les frais.
Les récentes séances boursières ont été particulièrement douloureuses : les principaux indices ont reculé d’environ 3,5 %, enregistrant leur plus mauvais jour depuis l’automne 2023, lorsqu’avait éclaté le conflit à Gaza. Cette baisse soudaine a été ressentie comme un signal d’alarme pour de nombreux investisseurs, illustrant que les inquiétudes politiques ne se limitent pas à des débats idéologiques, mais affectent aussi directement l’économie réelle.
La réforme judiciaire, décriée pour son potentiel à éroder l’indépendance des institutions, semble désormais être perçue comme un facteur de risque économique majeur. Ce virage politique a provoqué une onde de choc sur les marchés, impactant même des secteurs traditionnellement considérés comme stables, tels que la banque et l’assurance. Ces deux piliers de l’économie ont enregistré une chute de près de 8 %, représentant à eux seuls une perte d’environ 20 milliards de shekels sur les 40 milliards évaporés des portefeuilles boursiers.
Ces pertes colossales ne concernent pas uniquement des acteurs institutionnels : ce sont les épargnes des citoyens — à travers les fonds de pension, les produits d’épargne à long terme ou les assurances — qui en subissent directement les conséquences. Chaque baisse d’indice se traduit donc concrètement par un appauvrissement des ménages israéliens.
Au-delà de la correction technique des marchés, c’est une véritable crise de confiance qui s’installe. Les investisseurs redoutent une fuite des capitaux et un isolement croissant d’Israël sur la scène financière internationale. Pour beaucoup, le parallèle avec la situation économique en Turquie, où des choix politiques controversés ont alimenté la dépréciation de la monnaie et une instabilité chronique, semble de plus en plus pertinent.
Et si certains espéraient que d’autres signaux économiques puissent contrebalancer ce climat anxiogène, les annonces budgétaires récentes n’ont guère apporté d’apaisement. Le budget voté, axé sur des financements politiques sectoriels plutôt que sur un réel plan de relance, est jugé peu prometteur. Les seuls bénéficiaires tangibles apparaissent être les partis religieux orthodoxes, renforçant encore la frustration d’une large partie de l’opinion publique et des milieux économiques.
Même le marché des changes reflète cette nervosité généralisée. Le shekel, au lieu de se renforcer comme cela aurait été logique après de telles acquisitions internationales, s’est au contraire déprécié d’environ 4,5 % face à un panier de devises. Le taux de change du dollar, notamment, grimpe à des niveaux proches de ceux observés au début de la guerre à Gaza.
Cette glissade du shekel pourrait annoncer une nouvelle vague inflationniste, avec des répercussions directes sur les ménages, en particulier ceux ayant contracté des crédits immobiliers. À l’approche des fêtes de Pessa’h, la perspective d’une nouvelle hausse des prix inquiète d’autant plus que la Banque d’Israël pourrait se voir contrainte de maintenir, voire d’augmenter son taux directeur lors de sa prochaine réunion, écartant toute hypothèse de soutien monétaire.
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