Good pour Israël? OUIiiiiiiiiiiiiiiii! Justin Trudeau bénéficie sans conteste d’une excellente image en Israël. Ce n’est donc pas par hasard si son visage souriant était récemment dans toutes les Une des médias de l’Etat hébreu. Le premier ministre Justin Trudeau a fait en mai 2019 la déclaration suivante à l’occasion de Yom Ha’atzmaout, le Jour de l’indépendance d’Israël : « Ce soir, au coucher du soleil, nous nous joindrons aux Israéliens, aux communautés juives et à d’autres au Canada et à travers le monde pour célébrer le 71e anniversaire de la création de l’État d’Israël.
« Cette année, nous soulignons également le 70e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Canada et Israël. Depuis 1949, nos deux pays sont des amis proches, des alliés incontournables et des partenaires au sein de plusieurs organismes internationaux. Le mois dernier, lorsque le président d’Israël, Reuven Rivlin, s’est rendu au Canada, nous avons célébré cet anniversaire important et resserré encore davantage ces liens. « Le Canada demeurera fièrement aux côtés d’Israël, notamment grâce à notre appui solide à Israël dans le cadre des Nations Unies. C’est pourquoi, plus tôt cette semaine, nous avons condamné les attaques à la roquette perpétrées par le Hamas et d’autres groupes terroristes. Nous continuerons également de condamner le mouvement BDS et tout autre mouvement qui cible nos amis israéliens, les Canadiens juifs et nos valeurs communes.
« Si le Canada et Israël entretiennent une amitié proche, c’est grâce en grande partie à la communauté juive du Canada et aux liens étroits qui unissent les gens de nos deux pays. Cela n’est qu’un des nombreux exemples de la façon dont les Canadiens juifs aident notre pays à réussir. « Pour de nombreuses communautés juives, cette année a été particulièrement difficile. Nous pensons encore aux attentats violents à caractère antisémite survenus récemment. Les attentats visant la communauté juive sont des attentats perpétrés contre nous tous. Nous allons toujours combattre l’antisémitisme et la haine sous toutes ses formes, et ensemble, nous ferons de notre monde un endroit meilleur. « Au nom du gouvernement du Canada, je souhaite à tous ceux qui célèbrent cette journée importante, Yom Ha’atzmaut samea’h. »
LE PLUS. Un article de RT. Le Parti libéral de Justin Trudeau a remporté les élections fédérales canadiennes du 21 octobre dernier sans obtenir de majorité absolue. Le chercheur en géopolitique Adlene Mohammedi revient sur les résultats de ce scrutin, notamment au Québec
Justin Trudeau conserve son poste de Premier ministre du Canada malgré un bilan mitigé et plusieurs polémiques. Son concurrent conservateur, Andrew Scheer, était probablement trop terne – et trop transparent lors des débats – pour l’inquiéter. A gauche, les néo-démocrates se sont écroulés et ont perdu la quasi-totalité de leurs sièges québécois. La campagne pleine de bons sentiments de Jagmeet Singh n’a pas séduit.
Trudeau n’a pas la majorité absolue et se contentera donc d’un gouvernement minoritaire. Les 157 élus libéraux (contre 121 pour les conservateurs) devront ainsi convaincre les autres formations à Ottawa, notamment les 24 députés néo-démocrates susceptibles d’apporter un appui «progressiste» qui permet d’atteindre la majorité absolue. Trudeau devra donc gouverner en marchant sur des œufs. Au Canada, la division n’est pas seulement politique, elle est aussi géographique.
Un Canada divisé
Plusieurs commentateurs des élections canadiennes ont parlé de «balkanisation». Tandis que l’ouest canadien (notamment l’Alberta, le Saskatchewan et le Manitoba) a massivement voté pour les conservateurs (la Colombie-Britannique se distingue par un vote plus «progressiste»), les libéraux dominent à l’est du pays (notamment en Ontario).
Si le mot «balkanisation» semble excessif et si cette division mérite d’être nuancée (la Colombie-Britannique et l’Ontario accueillent toutes les couleurs politiques et le mode de scrutin – uninominal majoritaire à un tour – ne permet pas une réelle représentation), les points de vue semblent difficilement conciliables sur certains sujets : certains veulent plus d’oléoducs, d’autres n’en veulent pas.
Géographiquement, cela se traduit notamment par une opposition entre certaines provinces de l’ouest (l’Alberta et le Saskatchewan) et le Québec, dont la population est majoritairement hostile aux projets d’oléoducs. Au-delà des questions économiques, environnementales et même identitaires (en Alberta, le pétrole est un véritable totem), se posent des questions de compétence : le Québec veut avoir son mot à dire sur tout projet d’oléoduc sur son territoire. On lui rétorque que les oléoducs inter-provinciaux relèvent d’une compétence fédérale. De tels dossiers rappellent l’importance de la question de la souveraineté.
Un Québec qui s’affirme tant bien que mal
Au Québec, les libéraux de Justin Trudeau conservent la première place et devancent les souverainistes du Bloc québécois menés par Yves-François Blanchet. En passant de dix députés à 32 et en devenant le troisième parti de la Chambre des communes du Canada, le Bloc québécois apparaît comme le grand gagnant de ce scrutin, d’autant plus que cette fois, le Bloc a tenu à convaincre les Québécois sans leur parler de souveraineté (ou alors indirectement ou très peu).
Lors des élections québécoises, nous avions évoqué la victoire d’un nationalisme non souverainiste et le triomphe de l’identité sur la souveraineté. Cette lecture est valable pour la performance des bloquistes aux fédérales : si les Québécois ne sont pas «prêts» pour la souveraineté, autant défendre l’identité québécoise (notamment une laïcité contestée par le multiculturalisme fédéral) et les spécificités du Québec auprès d’Ottawa. Pour l’actuel chef du Bloc, la souveraineté sera évoquée en son temps.
Blanchet est allé plus loin lors de cette campagne en se présentant comme le défenseur de Québec (du gouvernement Legault et de l’Assemblée nationale québécoise) face à Trudeau. Comme le défenseur des compétences provinciales face au fédéral. Le pari a été gagné au vu des résultats obtenus. Le gouvernement québécois pourra ainsi compter sur des députés déterminés à défendre ses compétences contre les ingérences des libéraux à Ottawa.
Vers un retour du débat sur la souveraineté ?
Est-ce pour autant une bonne nouvelle pour l’idée souverainiste ? Pas vraiment. D’abord, quand une formation politique évoque à reculons ses propres fondements, ce n’est jamais bon signe. Et cela est valable aussi pour les formations souverainistes à Québec. On imagine mal des écologistes renoncer à parler d’écologie. On sait, revanche, ce que deviennent les partis socialistes qui cessent de défendre le socialisme.
Ensuite, l’argument qui consiste à attendre que les Québécois soient «prêts» à entendre parler de souveraineté semble peu convaincant. Si les élus et les militants souverainistes renoncent à parler de souveraineté, la population québécoise ne risque pas d’être «prête».
Enfin, et en cela les bloquistes ont raison, la souveraineté québécoise se débat à l’échelle du Québec et non à l’échelle du Canada. Le travail pédagogique que se propose de faire Blanchet peut être utile : en défendant systématiquement à Ottawa les compétences de Québec, il peut contribuer à donner envie aux Québécois d’acquérir plus de compétences, toutes les compétences.
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