A propos de deux dossiers brûlants
Bizarrement, la justice israélienne est confrontée à deux dossiers à un même moment, l’un plus brûlant que l’autre. Il s’agit du dossier Azaria, ce soldat qui a tiré de but en blanc sur un terroriste déjà à terre, et du rav Berland, de retour dans le pays après une très longue cavalcade.
Et nous aussi, nous éprouvons d’intenses difficultés à en parler : l’un, parce qu’il n’est pas du tout évident de dépasser le côté sentimental ou idéologique, et le second, parce que le sujet est délicat, touche au respect de la personne, et d’un dirigeant d’un groupe orthodoxe, très fortement adulé par ses disciples, et, de plus, ayant un potentiel de profanation du Nom divin redoutable. Si nous en parlons, et si nous n’en parlons pas.
Alors, que faire ?
Le dossier Azaria est moins délicat tout de même : en soi, la justice peut arriver à tenter de démêler les motifs du coup de feu de ce jeune, un peu perturbé sur le champ, à voir un arabe à terre, et en pensant à d’autres de ses camarades, tombés sous les attaques de musulmans de cet ordre. De plus, il était parfaitement possible que ce terroriste pouvait encore faire exploser une éventuelle ceinture explosive, selon les traditions musulmanes en cours de nos jours. D’un autre côté, l’establishment d’Etat a de suite condamné le jeune, ce qui met la justice en difficulté : aller contre celui qui était alors ministre des Armées, ou contre le Premier Ministre ? C’est tout de même délicat… Espérons pour Azaria que tout se terminera au mieux.
Pour le rav Berland, l’enjeu est bien pire : nous n’avons pas le droit de tirer des conclusions, car seul un Beth Din peut le faire – et encore, parce que si les actes concernés ont été commis, il s’agit d’une question qu’un Beth Din, de nos jours, n’est pas tellement en mesure de juger, sauf s’il s’agit de décider si une femme est permise ou interdite à son mari du fait de relations interdites. Mais attention : sont-ce là les faits ? Nous n’en savons rien non plus – même si un enregistrement allant dans ce sens circule actuellement, mais qui en assure-t-il la véracité ?
Toutefois, justement, un fait est clair : le rav a circulé dans le monde entier, fuyant sa propre ombre, durant plusieurs années. Est-ce normal ? Est-ce une solution pour un rav, ou un Juif quelconque, soupçonné d’un méfait ? Nous avons des doutes à cet égard.
Il s’est plaint d’ailleurs au tribunal israélien que, partout où il allait, on mettait les femmes et les filles en garde : il y a un vieux rabbin en provenance d’Israël dans notre contrée, gare à vous ! Surprenant. Mais surtout, si les motifs de la cavale de ce rav étaient reposaient sur la crainte de provoquer une profanation du Nom divin si les tribunaux locaux allaient fouiller dans son dossier, qu’a-t-il fait ? Le voici profanant le Nom divin au Maroc, au Zimbavé, en Afrique du Sud, en Hollande…
Mais l’affaire est à présent jugée en Erets Israël. Là, le procureur déclare avoir fait l’objet de menaces, chose que ce fonctionnaire n’a jamais connue. Est-ce normal ? Que l’on nous permette d’émettre des doutes.
Le gendre du rav a témoigné devant le tribunal, visiblement pas en faveur de son beau-père. Depuis lors, il fait l’objet de poursuites de la part des disciples du rav. Est-ce acceptable ?
Un des importants rabbanim de Breslav, le rav Chekhter, a, d’abord, fait paraitre une lettre très dure, déclarant sa ‘hassidouth totalement séparée de tout ce qui se passe dans cette ancienne branche de ce groupe. Mais, par la suite, il a contesté la véracité de sa première lettre. Nous ne savons pas quelle est la bonne version : la première, ou la seconde, reposant peut-être sur une prise de conscience des risques encourus… L’un dans l’autre, nous ne pouvons que regretter une telle situation.
Deux affaires, beaucoup de passion…