Juifs et Palestiniens ont deux conceptions de la vie

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Par Jacques BENILLOUCHE – Temps et Contretemps

illustration : Le père de Raad Hazem terroriste de Dizengoff est félicité

          Il faut se rendre à l’évidence. La grande différence entre les Palestiniens qui glorifient la mort et les Israéliens qui se battent pour la vie est fondamentale car ils ne pourront jamais se retrouver sur le même terrain. Le père du terroriste intoxiqué par le culte de la mort, se réjouit de la perte de son fils à la fleur de l’âge, sans aucun regret avec un cœur de pierre, tandis que les Juifs pleurent la mort inutile de quatre (trois, non ?) jeunes promis à un grand avenir et qui voulaient vivre intensément. Des deux côtés, élever des enfants pour les voir disparaitre à 30 ans est un gâchis difficilement acceptable.

Le père du terroriste glorifie sa mort et menace

         Mais là est la dichotomie entre deux conceptions de la vie qui ne permettra jamais aux deux communautés de se retrouver et qui donne de l’eau au moulin de ceux qui exigent la séparation totale avec les Palestiniens et la création d’un État indépendant. Selon le principe : eux chez eux et nous chez nous. C’est pourtant une solution à laquelle s’oppose l’extrême-droite pour garder quelques arpents de terre mais proposée depuis longtemps par le nationaliste Avigdor Lieberman.

Au lieu de pleurer sur une vie brisée, le père du terroriste se réjouit que son fils soit un héros mort qui prépare «la libération de la mosquée al-Aqsa et bientôt la victoire». Dans sa maison de Djénine, la joie est à son comble permettant aux leaders d’organiser les adhésions pour les futurs martyrs, à l’initiative du Hamas qui ne perd jamais une occasion pour exploiter le suicide de jeunes intoxiqués. Pour les islamistes, il s’agit de la «réponse naturelle et légitime à l’escalade des crimes de l’occupation contre notre peuple, notre terre, Jérusalem et la mosquée al-Aqsa». Un vrai amalgame. Le Hamas a précisé «qu’il ne permettrait pas les tentatives de judaïser Jérusalem, et de faire des sacrifices dans les cours de la mosquée al-Aqsa pour construire leur prétendu temple». Toutes les organisations arabes revendiquent cet attentat sans apporter d’éléments tangibles sur leur programme d’action mais elles retrouvent toutes la motivation des «incursions dans la mosquée Al-Aqsa».

Partout dans les villages arabes de Cisjordanie, de Gaza et même du Liban, c’est la fête au son des klaxons des véhicules avec distribution de gâteaux de fêtes. En Occident il est difficile de comprendre le paradoxe consistant à fêter le suicide planifié d’un jeune arabe poussé à la mort par des dirigeants inconscients.

Cet attentat est grave car il pourrait convaincre les militants israéliens d’extrême-droite d’aller à l’assaut de la mosquée Al-Aqsa pour prier à l’intérieur du site à l’occasion de Pessa’h. Le Ramadan 2022 pourrait être sanglant si les dirigeants arabes n’appellent pas au calme leurs ouailles et si le gouvernement renonce à autoriser les dizaines de milliers de fidèles arabes à envahir la Mosquée Al-Aqsa sous le prétexte d’y prier.

Sentant le danger d’une aggravation de la situation, Mahmoud Abbas a condamné fermement l’attaque de Dizengoff tout en soulignant «les dangers de poursuivre les incursions répétées dans la mosquée al-Aqsa et les actions provocatrices des groupes de colons extrémistes» ; une excuse cousue de fil blanc. On se souvient que l’an dernier, l’expulsion de Sheikh Jarrah avait provoqué une guerre de 11 jours entre Tsahal et le Hamas avec pour conséquence la mort de 13 Israéliens et de plusieurs dizaines de Gazaouis. C’est pourquoi, le Hamas a cette fois salué l’attaque mais s’est bien gardé d’en revendiquer la responsabilité. Un haut responsable, Mushir al-Masri, a estimé que : «Les opérations de résistance sont une réponse naturelle aux crimes d’Israël contre le peuple palestinien».

Les Palestiniens fêtent la mort des Israéliens

Naftali Bennett, qualifié de faible par le Likoud, a réuni tous les responsables sécuritaires pour prendre de nouvelles mesures. Il a pour cela battu le froid et le chaud pour ne pas trop envenimer la situation. Un important point de passage dans le nord de la Cisjordanie, près de la ville natale du terroriste, sera fermé indéfiniment. Bennett a justifié de nouvelles mesures : «Chaque meurtrier saura que nous l’atteindrons, et quiconque aide les terroristes doit savoir que le prix qu’il paiera sera insupportable. Nous accordons une pleine liberté d’action à l’armée, au Shin Bet et à toutes les forces de sécurité afin de vaincre la terreur. Il n’y a pas et il n’y aura pas de limites à cette guerre». Cela implique d’une part que les opérations seront décidées en interne par les chefs sécuritaires sans autorisation préalable et d’autre part, que les assassinats ciblés n’auront plus besoin de l’imprimatur du gouvernement.

Enfin, pour équilibrer ces mesures, Bennett a dû céder une contrepartie au nom de l’exigence internationale. Les dirigeants israéliens, jordaniens et palestiniens ont tenu une série de réunions ces dernières semaines, et Israël a pris un certain nombre de mesures visant à apaiser les tensions, notamment en délivrant des milliers de permis de travail supplémentaires aux Palestiniens de la bande de Gaza. D’autre part, Israël a autorisé les femmes, les enfants et les hommes de plus de 40 ans de Cisjordanie à prier à la mosquée Al-Aqsa. Des dizaines de milliers de personnes étaient attendues. Il en va de la crédibilité entamée du gouvernement qui doit frapper fort s’il veut encore être entendu et s’il veut neutraliser les terroristes.

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