« Jihad des tribunaux » : une politique pénale au service des Islamistes

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Des membres du groupe nationaliste français Génération Identitaire chantent sur le toit d’une mosquée (alors en construction) à Poitiers, France, le 20 octobre 2012. (Source de l’image: Capture d’écran vidéo de France 3)

 

par Yves Mamou – Gatestone

  • En France, toutes les périphrases du mot « terroriste » (« déséquilibré », « néophyte »…) n’ont qu’un but : nier que le terrorisme islamiste est un mouvement coordonné et que les jihadistes sont principalement des citoyens français en guerre contre leur propre pays.
  • Nier que le terrorisme est une guerre, aboutit à nier que les terroristes sont soutenus, abrités, transportés et financés par une zone grise de citoyens français soi-disant pacifiques.
  • En France le déni de la guerre a pour corollaire l’« anti-racisme ». Quiconque ose questionner l’islam ou l’islamisme dans les relations qu’ils entretiennent l’un ou l’autre avec la violence et le terrorisme encourt le risque d’être traîné devant les tribunaux et jugé comme un « raciste ».

 

En 2012, 73 militants de Génération Identitaire, un petit groupe d’extrême droite, ont occupé le site d’une mosquée en construction à Poitiers. Cette action coup de poing à la Greenpeace avait été conçue pour commémorer l’anniversaire de la bataille de Poitiers (732 après J.-C.), au cours de laquelle Charles Martel a donné un coup d’arrêt à l’invasion arabe de la France. Les médias furent au rendez-vous, mais le procureur de la République de Poitiers aussi. Ce dernier ouvrit illico une enquête pour « incitation à la haine raciale ».

Cinq militants furent arrêtés et mis en examen. Ils ont été condamnés en décembre 2017, à des peines de prison avec sursis d’un an. Quatre d’entre eux ont été privés de leurs droits civiques (droit de vote) et familiaux pour les cinq prochaines années. En outre, l’organisation Génération Identitaire a dû payer une amende de 10 000 euros et les quatre militants ont dû payer une amende de 24 000 euros à l’organisation « Musulmans de France » (Ex UOIF, organisation connue pour être la représentation des Frères Musulmans en France), propriétaire de la mosquée de Poitiers. Si l’amende n’est pas acquittée, les militants iront en prison.

L’avocat de Génération Identitaire, Frédéric Pichon, s’est dit « abasourdi » tant par la sévérité de la peine que par la satisfaction donnée « aux Frères Musulmans ». Il a ajouté que la décision était « politique ». « Je ne peux m’empêcher de faire la symétrie avec l’incroyable impunité dont, parallèlement, bénéficient les Femen lorsqu’elles vont à Notre-Dame. La mosquée de Poitiers était en construction, ce n’était donc pas encore un lieu de culte mais un simple chantier, contrairement à Notre-Dame de Paris ».

La sentence prononcée contre les militants de Génération Identitaire n’aurait dû surprendre personne, car elle est le résultat d’une politique. La politique pénale française énoncée par le ministre de la justice et portée par les procureurs postule que l’ennemi de la société n’est pas l’islamisme, mais le fascisme traditionnel de l’extrême droite. Cette politique pénale repose sur deux postulats. La première est que les 250 personnes assassinées en France par le terrorisme islamique, ne sont pas la conséquence d’une guerre déclenchée par divers groupes islamistes contre la France ou tout autre pays non musulman. Pour tous les parquets de France, les tueurs islamistes ne sont que des « malades mentaux ». Le second postulat découle du premier : s’il n’y a pas de guerre islamiste contre les non-musulmans, alors toute critique de l’islam et de l’islamisme ne relève pas de la liberté d’expression mais du racisme.

Ce déni de la guerre islamiste a été gravé dans le marbre du système judiciaire français par Christiane Taubira, Garde des Sceaux en 2012, sous la présidence du socialiste François Hollande. L’élaboration de ce credo doit sans doute beaucoup aux nombreux membres du Syndicat de la magistrature (SM) qui ont truffé le cabinet de Christiane Taubira au ministère de la justice. Ce syndicat de juges islamo-gauchistes – c’est à eux que l’on doit le « mur des cons » – semble avoir été représenté au sein du cabinet de Christiane Taubira dans un rapport inversement proportionnel à sa faible influence au sein de la magistrature.

Pour donner une idée de ce qu’est le Syndicat de la Magistrature (SM), rappelons que son secrétaire général, Laurence Blisson, a déclaré au journal communiste l’Humanité en 2015, après l’attentat terroriste contre le magazine satirique Charlie Hebdo : « Nous sommes face à des actes criminels extrêmement graves, d’une très grande envergure, mais pas face à une guerre… ce sont des actes criminels, qui doivent rester de droit commun. On ne peut pas rentrer dans un nouveau droit, un ‘droit de l’ennemi’ ». Laurence Blisson n’a pas hésité non plus à participer à plusieurs réunions publiques d’extrême gauche, au côté de personnalités islamistes telles que Tariq Ramadan, ou Marwan Muhammad, fondateur du Collectif contre l’islamophobie (CCIF).

Sous Taubira également, le procureur de Paris, François Molins, est devenu l’épine dorsale de la lutte contre le terrorisme. En parfait dénieur-en-chef-de-la-guerre, Molins a fait preuve d’une grande inventivité lexicale pour casser l’idée que chaque attentat participait d’une guerre. Pour qualifier les auteurs d’actes terroristes il a utilisé à chaque fois des termes psychiatriques et individualisants : « »; « loups solitaires »; « bien déséquilibré » ou « radicalisé très rapide » ; la palme revenant à islamiste « néophyte ». Pour François Molins, il s’agissait moins de nier le caractère terroriste de l’acte criminel que la coordination entre les terroristes.

La psychiatrisation des terroristes – qui perdure aujourd’hui encore alors que Christiane Taubira n’est plus ministre –, présente certes l’avantage de dépolitiser la violence jihadiste. Mais elle a l’inconvénient de nier le lien qui existe entre le dernier acte de terreur et ceux qui l’ont précédé, tout comme elle nie le lien qui existe entre l’attentat qui se produit à Paris et tous ceux qui ont eu lieu à Londres, Barcelone ou San Francisco.

Cette politique a un second désavantage, elle ne permet de lutter contre le terrorisme qu’à moitié. Si le terroriste est un radicalisé de la dernière minute, nul besoin de rechercher et punir les individus qui peuplent la zone grise du terrorisme et qui fournissent un logement, un transport, une arme…

Le traitement judiciaire de Jawad Bendaoud est la parfaite illustration de ce déni de la guerre. C’est dans l’un des appartements de Bendaoud qu’on été localisés et tués deux membres de la cellule islamiste qui a assassiné 130 personnes le novembre 2015 à Paris (Bataclan, Stade de France, et plusieurs cafés restaurants). Arrêté, Bendaoud a d’abord été mis en examen pour « association criminelle de malfaiteurs terroristes en vue de commettre une action violente », un chef passible de la cour d’assises spéciale. Trois mois plus tard, une fois que la colère publique est retombée, le crime de Bendaoud a été réduit à un simple « recel de malfaiteurs terroristes » et renvoyé en correctionnelle. Sous le premier chef d’accusation, Bendaoud risquait 20 ans de prison ; sous la seconde, seulement trois. Six, parce qu’il faisait l’objet d’un sursis dans une condamnation précédente.

Kobili Traore, l’islamiste qui a assassiné Sarah Halimi, sa voisine juive, au printemps 2017, a lui aussi bénéficié d’un traitement de faveur immédiat : il a été incarcéré en hôpital psychiatrique. Pour le procureur de Paris, cet islamiste n’était ni un islamiste ni un antisémite. Juste un pauvre diable souffrant de troubles mentaux. Seul un rapport d’experts et la pression publique ont incité le procureur de Paris à retenir la circonstance aggravante de l’antisémitisme.

En France, si le déni de la guerre profite aux islamistes, il se révèle lourd de conséquences pour les tenants de la liberté d’expression. Les lois anti-racistes, véritable corollaire du déni de la guerre, sont utilisées contre quiconque ose questionner l’islam ou l’islamisme dans ses rapports avec la violence et le terrorisme.

Avant 2012, la justice française considérait le « racisme » comme une affaire quasi-intraitable. Les commissariats hésitaient à enregistrer les plaintes liées à un délit raciste, tant ils craignaient de perdre leur temps sur un sujet où la preuve est si difficile à administrer. Même lorsqu’une plainte était enregistrée, le dossier souvent, n’était pas transmis au procureur. Quant aux procureurs, ils rangeaient les plaintes en racisme au fond de la pile.

A partir de 2012, Christiane Taubira, ministre de la Justice, a changé tout cela. Elle a ordonné à tous les procureurs d’engager un « référent discrimination », un magistrat d’instruction spécialisé dans les affaires liées au racisme. Elle a également ordonné à tous les procureurs de travailler en étroite collaboration avec les organisations « antiracistes », ce qui les a amenés à prêter une oreille compatissante aux organisations « anti-islamophobes » musulmanes, à commencer par le Collectif contre l’islamophobie. En janvier 2015, à la suite de l’attentat terroriste de Charlie Hebdo, Taubira a enjoint par « dépêche » à tous les procureurs de France d’accorder une attention particulière à toutes les manifestations liées au racisme. Intention extrêmement louable, mais qui ont été comprises pour ce qu’elles signifiaient réellement : toute critique ou protestation contre l’islam ou les islamistes faisait courir au protestataire le risque d’être poursuivi au titre de la lutte contre le « racisme ». Le gouvernement, effrayé par le spectre de la guerre civile, a commencé à combattre le « discours de haine » anti-islamique.

Un authentique « jihad des tribunaux » a ainsi commencé de persécuter comme « raciste » toute personne qui exprimait une peur de l’islamisme, justifiée ou non. Une constellation d’organisations musulmanes alliée à de puissantes associations « antiracistes » (non musulmanes), a poursuivi en justice non seulement quelques militants d’extrême droite, mais aussi des journalistes, des écrivains, des universitaires, des musulmans laïques, et toute personne qui croyait exercer son droit à la liberté d’expression. Les juges de fond ont souvent relaxé ces prévenus, mais ont régulièrement pénalisé l’extrême droite et la fachosphère comme le montre le jugement prononcé contre Génération Identitaire.

Il sera intéressant de voir le traitement que le tribunal réservera aux deux islamistes qui, à la mi-novembre 2017, ont pénétré dans le monastère du Carmel de Verdun, au moment où les religieuses célébraient les Vêpres. Les islamistes ont crié et chanté des sourates coraniques en arabe, et ont « encouragé » les religieuses à se convertir à l’islam. « Si vous ne vous convertissez pas à l’Islam », ont-ils dit, « vous irez en enfer ». Sur le livre d’or du Carmel réservé aux visiteurs du monastère, ils ont écrit « Allahou Akbar » (« Allah est le plus grand »). Les deux hommes ont ensuite été arrêtés par la police. Leur procès est prévu en avril 2018. Officiellement, ils sont inculpés de « violence psychologique » et risquent jusqu’à trois ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 45 000 euros.

 

Yves Mamou, auteur et journaliste, basé en France, a travaillé pendant deux décennies en tant que journaliste pour Le Monde. Il achève un livre sur « les collaborateurs et idiots utiles de l’islamisme en France », qui sera publié en 2018.

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