Plus tard, lorsqu’il évoquera son enfance et particulièrement ses années passées à Vichy, Jean Rochefort témoignera de l’horreur de la guerre, notamment dans un ouvrage publié en 2013 : « Ce genre de choses » (Stock).« Dans ma onzième année, le maréchal Pétain me pince raisonnablement un lobe d’oreille. Je joue trop près de lui avec une balle en mousse couleur rouille » se souvient-il. Il rapporte également comment, en classe de sixième, à Vichy, il lance à un copain juif pour une banale histoire de stylo : « Sale Juif ! ». « Le lendemain, à la sortie, une petite femme me fixe longuement, je baisse les yeux sans savoir pourquoi. Elle approche, me colle une baffe, c’était sa mère, je n’oublierai jamais. Merci ».
« En banlieue, autour de Vichy, il y avait les quiquach, c’était comme ça qu’on appelait les hannetons. On attachait les mains du collabo dans le dos, on tenait fort la tête, on ouvrait les paupières, on posait un quiquach sur l’œil et on cousait les paupières. Ne voulant pas rester dans le noir, le hanneton essayait de fuir, il bougeait fort les pattes, les pattes des quiquach ce sont des herbes laboureuses de globes oculaires. Elles en faisaient du hachis des globes oculaires, de très loin aussi on les entendait, les collabos aveugles.
J’avais quoi ? 14 ans ? Je n’arrive pas à oublier. Les psys me disent : « C’est normal », peut-être, mais la nuit ça réveille» écrivait-il.
Le « spectacle » des femmes tondues marquera également le comédien qui, de nombreuses années après, l’évoquera avec beaucoup d’émotion.