Le ministre de l’Éducation a réfuté toute idée de sa part d’imposer l’apprentissage de l’arabe à l’école primaire.
Le ministre de l’Éducation a vertement dénoncé mercredi une «déformation» de ses propos. «Je n’ai jamais dit que l’arabe devait être obligatoire à l’école primaire, mais nous avons intérêt à différencier la langue arabe d’un certain fondamentalisme religieux», a-t-il insisté, revenant sur les déclarations d’élus de droite et d’extrême droite lui reprochant de vouloir développer l’apprentissage de l’arabe à l’école pour lutter contre l’islamisme. On en est très loin. Aujourd’hui, seulement 0,1 % des écoliers apprennent l’arabe, soit 567 élèves, surtout dans l’enseignement privé. Contre 97,3 % d’élèves qui apprennent l’anglais, 4,3 % l’allemand, 0,8 % le portugais et 0,4 % l’italien. Au collège et au lycée, seuls 11.200 collégiens et lycéens étudient l’arabe, soit 0,2 % des élèves… en dépit de nos liens économiques et diplomatiques étroits avec le Maghreb et le Proche-Orient. Et alors que 3 millions de personnes parlent arabe sur notre territoire.
Accords bilatéraux
Pluricentenaire, l’enseignement de l’arabe en France est laissé à l’abandon par l’Éducation nationale, au profit des cours proposés par les mosquées et des professeurs venus de l’étranger. La polémique actuelle est d’ailleurs née de la publication lundi d’un rapport de l’Institut Montaigne proposant de «relancer l’apprentissage de la langue arabe». L’enjeu est «majeur tant les cours d’arabe sont devenus pour les islamistes le meilleur moyen d’attirer des jeunes dans leurs mosquées et écoles», rappelle le rapport en trois lignes.
«L’arabe doit se développer comme le russe ou le chinois, une langue qui attire très fortement depuis plusieurs années», a précisé mercredi Jean-Michel Blanquer, tout en promettant, comme l’avait déjà fait Najat Vallaud-Belkacem, de se pencher sur les enseignements de langue et de culture d’origine (Elco). Dans les années 1970, la France a signé des accords bilatéraux avec huit États (Algérie, Maroc, Tunisie, Turquie, Espagne, Portugal, Italie, ex-Yougoslavie) pour maintenir la connaissance de la langue d’origine dans une perspective de retour au pays.
Ces cours sont dispensés dès le CE1 par des intervenants étrangers payés par leurs pays. Aujourd’hui, 50.000 élèves du primaire suivent ainsi de façon optionnelle des cours d’arabe en dehors du temps scolaire – mais dans les murs des écoles publiques – environ 1 h 30 par semaine, après la classe. Les Elco ont fait l’objet d’innombrables rapports critiques, considérant que ces enseignements étaient susceptibles de conduire au communautarisme, surtout pour la langue turque. La pédagogie de la répétition souvent employée est par ailleurs souvent poussiéreuse, dirigiste. À un tel point que beaucoup d’écoliers renoncent à poursuivre des cours d’arabe dans l’enseignement secondaire…
Depuis 2006, des progrès ont été réalisés. L’Éducation nationale encadre davantage le dispositif, et les pays du Maghreb ont admis que leurs programmes devaient correspondre à la pédagogie française. Mais c’est très loin d’être systématique. Sans abandonner les Elco, pour des raisons diplomatiques, Najat Vallaud-Belkacem avait décidé de les toiletter. Tout devait être radicalement transformé en 2018. «Je n’ai constaté aucun changement», rétorque Jean-Michel Blanquer, qui, à son tour, affirme que les enseignants seront inspectés par les autorités de la République. Mais avec quels moyens? Aujourd’hui, seuls trois inspecteurs d’arabe sillonnent le pays, avec déjà la charge de contrôler les professeurs d’arabe des collèges et lycées publics.
Source www.lefigaro.fr