Ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres…Israël pourrait devenir le plus grand bénéficiaire du blocage du Canal de Suez par le navire Evergreen.
Ces derniers jours les médias des pays arabes ne cessent d’évoquer les conséquences à long terme du dysfonctionnement du canal de Suez après l’accident qui a généré des milliards de dollars de pertes et des retards faramineux dans les livraisons de pétrole et autres marchandises.
Beaucoup d’entre eux, y compris Al-Jazeera -peu connu pour évoquer Israël sous un angle bienveillant- ont fait valoir que l’Etat hébreu pourrait être la voie idéale pour contourner le canal de Suez. L’accident pourrait donc accélérer considérablement la levée de fonds qui permettrait la réalisation des projets d’infrastructure israéliens que Jérusalem planifie depuis longtemps bien, bien avant cette affaire.
Les pétroliers déchargeraient leur cargaison au port pétrolier d’Eilat au lieu de traverser le canal de Suez. De là il serait acheminé vers Ashkelon via l’oléoduc Eilat Ashkelon -l’EPA- un oléoduc initialement mis en place pour transporter le pétrole iranien pendant l’ère du Shah. Un projet qui dérange beaucoup le Caire. Les deux autres projets consistent en l’établissement de lignes ferroviaires entre les États du Golfe et les rives israéliennes de la Méditerranée, l’un depuis la baie de Haïfa au golfe Persique.
Israël ne concourt pas seul pour la construction d’un corridor de transport de l’Asie vers l’Europe. Les Iraniens sont sur le coup et tentent de promouvoir vigoureusement les voies ferrées qui traversent leur territoire depuis les ports du Pakistan, vers l’Europe via la Syrie ou la Turquie.
Ces derniers jours, ils se sont empressés de présenter le couloir Est-Ouest sur son territoire comme une alternative immédiate au canal de Suez encombré. Il y a aussi le « Corridor Nord » de l’Asie vers l’Europe, que le président Poutine tente de pousser vigoureusement.
Sans compter le projet de la « Route de la Soie », que le gouvernement chinois promeut depuis une dizaine d’années, un projet qui prévoit deux routes commerciales entre la Chine et l’Europe – une maritime et une terrestre – censées se rencontrer au niveau du goulot d’étranglement du canal de Suez.
Nathalie Sosna-Ofir