«Ils vont provoquer leur perte et devenir leur tombe» : Israël veut noyer les tunnels du Hamas à Gaza
DÉCRYPTAGE – Tsahal compte utiliser l’eau de mer pour détruire le réseau souterrain creusé par le groupe armé. Cette méthode présente toutefois des risques.
Tel-Aviv
Contre cette menace permanente, aucune solution idéale n’a été trouvée. Finalement, Tsahal s’est décidé à recourir à une méthode des plus rudimentaires : inonder les tunnels. Plusieurs tests «réussis» ont été réalisés afin de déterminer l’efficacité d’une telle tactique, a indiqué l’armée sans plus de précision. «C’est une bonne idée», s’est contenté d’affirmer la semaine dernière le général Herzi Halevi, le chef d’état-major.
Selon les médias, cinq stations de pompage ont été installées par l’armée sur une plage du camp de réfugiés d’al-Shati, dans le nord de la bande de Gaza. «Les tunnels constituent l’élément central des capacités des terroristes du Hamas, ils représentaient jusqu’à présent un atout pour eux, mais ils vont provoquer leur perte et devenir leur tombe », prévoit un porte-parole militaire.
En recourant à cette option, l’armée israélienne reprend à son compte une méthode expéditive utilisée en 2015 avec succès par l’Égypte, qui a sabordé des centaines de tunnels reliant son territoire au sud de la bande de Gaza. Ce réseau souterrain très actif servait à un trafic de marchandises, d’armes, de munitions, tout en constituant une source de revenus importante pour le Hamas, qui prélevait des «droits de douane». Ils servaient aussi à l’infiltration d’islamistes auteurs d’attaques contre des troupes égyptiennes déployées dans la péninsule du Sinaï.
Un risque pour les otages
Cette méthode présente toutefois des risques. Les 135 Israéliens et étrangers encore détenus par le Hamas depuis la sanglante incursion de commandos islamistes en Israël, le 7 octobre, risquent d’être noyés en même temps que leurs geôliers. Toutes les précautions seront prises pour «déterminer la localisation de nos captifs» avant de passer à l’action, a répondu un porte-parole de Tsahal. Selon des médias israéliens, l’État hébreu a également pris cet engagement auprès des États-Unis, dont plusieurs ressortissants font partie des kidnappés. Mais il ne fait aucun doute que le Hamas continuera à utiliser des otages comme boucliers humains, y compris pour éviter l’inondation de tunnels.
Un tsunami souterrain soulève aussi de graves problèmes humanitaires comme pour l’environnement. L’eau de mer salée risque de s’infiltrer dans les nappes phréatiques alors que les 2,3 millions Palestiniens de cette enclave miséreuse souffraient déjà avant la guerre d’une pénurie permanente d’eau potable. De plus, l’eau salée va toucher les exploitations agricoles palestiniennes et fragiliser les fondations de bâtiments encore intacts après les bombardements aériens massifs israéliens. En d’autres termes, l’effet de ces inondations pourrait se faire sentir bien après la fin de la guerre.