Un séisme en Israël fauche des milliers de vie, pulvérise des maisons et plonge le Moyen-Orient dans le chaos: ce scénario catastrophe a été la trame cette semaine d’un exercice naval international de la marine israélienne, qui veut consolider sa place en Méditerranée.
Si côté israélien, on affirme qu’il ne s’agit pas de manoeuvres en lien avec la défense d’Israël, ces exercices s’inscrivent dans un contexte de vives tensions au Moyen-Orient, où les Etats-Unis, alliés d’Israël, accentuent leurs pressions sur l’Iran, accusé de déstabiliser la région.
Présenté comme le « plus important exercice naval (international) jamais dirigé par la marine israélienne », l’opération visait à partager les expériences entre les armées américaine, française et grecque, tout en montrant le pays hôte comme une puissance émergente en Méditerranée, selon des experts.
Lundi, les frégates des quatre pays s’étaient réunies dans le port de Haïfa (nord) pour des premiers exercices de secours en mer, l’idée étant qu’en cas de catastrophe naturelle majeure, comme lors du séisme à Haïti en 2010 qui a servi de modèle à ces exercices, les frégates jouent un rôle clé pour acheminer de l’aide et secourir des blessés.
– « Cimenter les relations » –
Dans le hangar d’une frégate israélienne, de jeunes soldats soignent de faux blessés en urgence, sous les vrombissements des moteurs, pendant que traînent sur le plancher une tête décapitée en plastique, de fausses entrailles et des flaques de simili-sang…
Les Américains supervisent. L’un d’eux s’extasie. « Incroyable! », « Absolument phénoménal », lance au petit groupe de journalistes invités Zsolt Stockinger de la US Navy. Ces exercices permettent de « cimenter les relations entre nos nations », dit-il.
Hors le concert de superlatifs, c’est bien l’un des objectifs de l’exercice: échanger, se connaître, renforcer à partir d’exercices à caractère humanitaire les bases d’une « interopérabilité » entre des marines amies en Méditerranée.
Dans le port de Haïfa, de jeunes marins américains échangent avec les soldats israéliens d’à peine 20 ans dans une ambiance de camp de vacances, pendant qu’un commandant français aux airs de Corto Maltese grille un cigarillo sur le port.
Son FREMM Auvergne, titan d’acier de 143 mètres, a pris part aux exercices effectués de lundi à jeudi sous le regard aussi des observateurs de six autres pays –dont le Canada, l’Italie, l’Allemagne, le Royaume-Uni– et de l’Otan.
Les exercices n’ont « rien à voir avec une attaque contre Israël », a insisté Gil Aginsky, commandant de la base navale de Haïfa.
Mais la coopération envoie néanmoins « un message de dissuasion » aux ennemis tout en consolidant la place d’Israël comme une « puissance en Méditerranée orientale », a expliqué à l’AFP Eran Lerman, vice-président de l’Institut de Jérusalem pour la stratégie et la sécurité (JISS), un centre d’analyse spécialisé dans les questions sécuritaires.
Ces exercices « renforcent la coopération tout en consolidant la légitimité d’Israël comme pays important dans cette communauté d’Etats qui partagent les mêmes valeurs », dit-il.
Ces exercices surviennent aussi alors que la découverte de gaz en Méditerranée orientale ces dernières années a fait naître de grands espoirs, tout en attisant les convoitises dans une région déjà instable.
Israël exploite le gisement Tamar et se prépare à pomper du gaz du gisement Léviathan, aux ressources estimées à 539 milliards de m3.
« Il y a du pétrole et du gaz, je crois que les partages se passent plutôt bien avec les voisins immédiats. Mais après, il y a des plateformes qui sont, compte tenu de la position d’Israël, vulnérables, qu’il va falloir défendre », explique à l’AFP un expert français au fait de ces exercices.
Dans le contexte régional, avec un retrait américain en Méditerranée et une présence croissante de la Russie dans ce secteur, la France semble resserrer ses liens avec la marine israélienne, qui avait participé l’an dernier à un premier exercice conjoint à Toulon (sud) en plus de 50 ans.
« C’est un peu une reprise. Ca fait longtemps que nous n’avions pas eu d’échanges véritables avec la marine israélienne », explique l’expert français préférant l’anonymat. « Et derrière, c’est aussi un signal qui est donné vis-à-vis de la situation dans le Golfe, avec l’Iran ».
Le gouvernement israélien ne cesse de dénoncer les agissements de l’Iran dans la région, l’accusant de vouloir s’implanter dans la Syrie voisine en guerre, ou lui imputant de récentes attaques dans le Golfe, ce qu’a démenti Téhéran.
Source information.tv5monde.com