Israël perd patience: le calme à Gaza ou la guerre

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Judith Douillet – Source : Israel HaYom

Gaza ne semble pas l’avoir compris, mais Israël a perdu patience. Encore quelques cerfs-volants et ballons incendiaires dans les prochains jours, et les deux côtés risqueraient de glisser vers une escalade rapide et étendue.

Cette analyse du Hamas est fondamentalement erronée. Des conversations avec des hauts fonctionnaires de l’échelon politique et de sécurité au cours des dernières 24 heures indiquent que la patience israélienne est épuisée. Quelques hauts responsables israéliens pensent encore qu’il ne faut pas faire la guerre aux ballons incendiaires – d’autant plus que ces derniers (qui sont devenus le nouvel outil favori, en lieu et place des cerfs-volants) n’ont tué personne, alors que la guerre en tuera beaucoup. Le consensus actuel parmi les décideurs est que le stock d’opportunités du Hamas est épuisé.

Parmi les politiciens ou des commentateurs, certains pensent que le vecteur de prise de décision en Israël a changé. La vérité est qu’Israël ne voulait pas de guerre à Gaza. Plus précisément: elle ne veut toujours pas. Pour cette raison, Israël a tenté par tous les moyens d’arrêter les attaques du Hamas – d’abord les manifestations violentes à la frontière, puis la vague d’attaques le long de la barrière et, ces dernières semaines, la terreur des cerfs-volants et des ballons.

Tous les sous entendus possibles ont été transmis au Hamas. Au moyen de divers intermédiaires (principalement égyptiens, mais aussi de hauts responsables du Golfe, de Russie, d’Amérique et d’Europe) et par des moyens plus violents – des tirs à proximité des pelotons de lancement, des attaques d’entrepôts et de quartiers généraux, jusqu’à la destruction d’objectifs plus importants pour le Hamas, tels que des tunnels creusés en territoire israélien.

Suite à l’échec de toutes ces mesures, Israël a frappé l’endroit le plus douloureux pour le Hamas – le passage de marchandises dans la bande de Gaza, qui nuit financièrement à l’organisation en raison de la perte de financières. Cette initiative a échoué la semaine dernière, mais Israël l’a encore tentée avant-hier. La cessation de l’acheminement du gaz et du carburant vers la bande de Gaza d’ici dimanche prochain – en coordination avec les Egyptiens, qui ont fermé le terminal de Rafah – a été la dernière tentative d’éloignement du Hamas du champ de bataille.

Comme indiqué, il est douteux que Gaza comprenne qu’Israël a atteint les limites de sa tolérance. La confrontation est à nos portes. Son lancement, ou pas, est actuellement entre les mains du Hamas; en Israël, ils sont toujours convaincus que l’organisation ne veut pas d’une vaste opération – une hypothèse soutenue par les demandes du Hamas prévoyait un cessez-le-feu samedi dernier – mais il ne faut pas oublier qu’il ne s’agissait que d’une éventualité.

Par exemple: le Hamas, comme l’armée israélienne, a mené des exercices de combat avancées au cours des derniers jours et est prêt à se battre dans l’immédiat. Yahya Sinwar s’assure de déambuler parmi la population et de mener ses affaires comme d’habitude, mais ses subalternes sont pressés d’agir.

Ceux qui essaient de bloquer ce scénario sont les Egyptiens. Même s’ils réussissent aujourd’hui ou demain, il est douteux que le Hamas fasse un demi-tour stratégique, et il est donc fort probable qu’avec l’érosion des facteurs restrictifs, nous entrions dans la confrontation pendant l’été 2018. L’ampleur de cette confrontation est inconnue; Cela dépend de l’ampleur des pertes des deux côtés, des efforts de médiation, de la pression interne et internationale, et surtout de ce qu’Israël choisit comme cibles.

Mettre fin à la terreur des cerfs-volants et des ballons incendiaires constituent un objectif important mais non stratégique. Juste avant le début des opérations, il vaut la peine de décider quelle est la cible. Restaurer le calme au sud est un bon point de départ, à condition qu’il soit exploité pour un changement stratégique de la réalité vis-à-vis de Gaza.

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