De hauts responsables américains, israéliens et arabes cherchent à conclure trois accords parallèles, mais liés, qui pourraient mettre fin à la guerre à Gaza, finaliser son statut d’après-guerre et, de manière plus ambitieuse, fixer des engagements pour la création d’un État palestinien.
L’ensemble le plus restreint de discussions majeures porte sur la conclusion d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Cela impliquerait l’échange de plus de 100 otages israéliens détenus par le Hamas contre un cessez-le-feu et des milliers de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Une deuxième piste est centrée sur la refonte de l’Autorité palestinienne, l’organisme semi-autonome qui administre certaines parties de la Cisjordanie occupée par Israël. Les responsables américains et arabes discutent d’une refonte de la direction de l’autorité et de sa prise de contrôle de Gaza après la fin de la guerre, en assumant le pouvoir aux dépens d’Israël et du Hamas.
Dans une troisième voie, les responsables américains et saoudiens incitent Israël à accepter les conditions de la création d’un État palestinien en échange de l’établissement par l’Arabie saoudite de liens formels avec Israël pour la toute première fois.
Les demandes et les résultats discutés dans les trois processus sont liés, et les pourparlers sont généralement considérés comme des projets à long terme. La guerre a commencé avec l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre qui a tué environ 1 200 personnes, ont indiqué des responsables israéliens. La contre-attaque israélienne a fait plus de 25 000 morts Palestiniens à Gaza, affirment les responsables du ministère de la Santé. Le président Biden a apporté son plein soutien à Israël dans la guerre.
- Transférer le pouvoir au sein de l’Autorité palestinienne du président sortant, Mahmoud Abbas, à un nouveau Premier ministre, tout en laissant M. Abbas conserver un rôle cérémoniel.
- Envoi d’une force arabe de maintien de la paix à Gaza pour y renforcer une nouvelle administration palestinienne.
- Adopter une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, soutenue par les États-Unis, qui reconnaîtrait le droit des Palestiniens à un État.
Ce qui suit est une feuille de route pour les trois pistes, basée sur des entretiens avec plus d’une douzaine de diplomates et d’autres responsables impliqués dans les pourparlers, qui se sont tous exprimés de manière anonyme afin d’en discuter plus librement.
1. Otages et cessez-le-feu.
Les responsables des États-Unis, d’Israël, de l’Égypte et du Qatar discutent d’un accord qui suspendrait les combats pendant une période pouvant aller jusqu’à deux mois. En novembre, les parties ont convenu d’une brève pause qui a permis au Hamas de libérer plus de 100 otages.
2. Réformer l’Autorité palestinienne
L’Autorité palestinienne a brièvement contrôlé Gaza après le départ des troupes israéliennes en 2005, mais le Hamas l’a forcée à quitter le pouvoir deux ans plus tard. Aujourd’hui, certains souhaitent que l’autorité revienne à Gaza et joue un rôle dans la gouvernance d’après-guerre. Pour rendre cette idée plus attrayante pour Israël, qui s’y oppose, les États-Unis, la Jordanie, l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres États arabes s’efforcent de remanier l’autorité et de changer sa direction.
Sous son président actuel, Mahmoud Abbas, 88 ans, le pouvoir est largement perçu comme à la fois corrompu et autoritaire. Les médiateurs l’encouragent à jouer un rôle plus cérémoniel et à céder le pouvoir exécutif à un nouveau Premier ministre qui pourrait superviser la reconstruction de Gaza et réduire la corruption. Les responsables américains affirment que l’objectif est de faire de l’autorité un administrateur plus plausible d’un futur État palestinien. Les responsables israéliens affirment également que les autorités doivent modifier leur système éducatif, qui, selon eux, ne favorise pas la paix, et mettre fin aux allocations sociales versées aux personnes reconnues coupables de violences contre des Israéliens.
3. Normalisation saoudienne avec Israël
Dans le cadre de la série de négociations la plus ambitieuse, l’administration Biden a relancé les discussions avec l’Arabie saoudite pour que les Saoudiens acceptent des relations diplomatiques formelles avec Israël.
L’accord à trois était en discussion avant les attentats du 7 octobre, et le prince héritier Mohammed ben Salmane d’Arabie saoudite semblait y être favorable, car l’administration Biden proposait un traité de défense américano-saoudien, une coopération sur un programme nucléaire civil et une plus grande coopération, en particulier comprenant des ventes d’armes. Dans le cadre de cet arrangement, affirment les responsables américains, les Saoudiens auraient accepté les concessions relativement mineures d’Israël sur la question palestinienne en échange de la reconnaissance saoudienne.
Cette reconnaissance constituerait une victoire politique importante pour les dirigeants américains et israéliens en raison du statut de l’Arabie saoudite en tant que nation arabe et musulmane de premier plan.
Cependant, depuis le début de la guerre, l’Arabie saoudite et les États-Unis ont augmenté le prix d’Israël, insistant désormais pour qu’Israël s’engage dans un processus menant à un État palestinien et incluant une gouvernance palestinienne de Gaza. Les responsables américains ont également déclaré aux Israéliens que l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes n’accepteraient de donner de l’argent pour la reconstruction de Gaza que si les dirigeants israéliens s’engagent sur la voie d’un État palestinien.
Pour rassurer les Saoudiens et les Palestiniens, certains responsables ont suggéré une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, soutenue par les États-Unis, qui consacrerait le droit des Palestiniens à la souveraineté. Mais, l’idée n’a pas encore fait son chemin.
Il y a également la question de savoir si l’administration Biden peut proposer au prince Mohammed un traité de défense mutuelle approuvé par le Sénat. Certains sénateurs démocrates ont déjà fait part de leurs inquiétudes quant à un tel traité. Et les chances que des sénateurs républicains s’y opposent devraient augmenter à mesure que l’élection présidentielle américaine de novembre se rapproche.
JForum.fr et NYT