Israël plaide pour le maintien des bases russes en Syrie
Une stratégie israélienne inédite
Israël a récemment convaincu les États-Unis de l’importance de maintenir les bases militaires russes en Syrie, situées à Tartous et Khmeimim. L’objectif est clair : freiner l’influence croissante de la Turquie dans la région et éviter qu’elle ne soutienne l’implantation de groupes islamistes. Cette information, révélée par l’agence Reuters, s’appuie sur des témoignages de plusieurs sources proches des discussions entre Jérusalem et Washington.
Une position surprenante pour Washington
La proposition israélienne a surpris l’administration américaine. Historiquement, les États-Unis considèrent la Turquie, en tant que membre de l’OTAN, comme un allié plus fiable qu’une Russie alliée de l’Iran. Les relations militaires et nucléaires entre Moscou et Téhéran suscitent des inquiétudes, et les Américains ont exprimé leur scepticisme face à l’argument israélien en faveur d’un maintien de la présence russe en Syrie.
Lors d’une réunion qui s’est tenue en février à Washington, Israël a exposé son analyse à des hauts responsables américains ainsi qu’à plusieurs membres du Congrès. Toutefois, ni le Département d’État, ni le Conseil de sécurité nationale, ni le bureau du Premier ministre israélien n’ont commenté publiquement cette initiative.
Une zone sous surveillance israélienne
Dans le même temps, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a affirmé que toute la zone située au sud de Damas faisait désormais partie des « intérêts stratégiques d’Israël ». Il a promis qu’aucune force militaire, y compris celles du gouvernement syrien, ne serait autorisée à s’implanter dans cette région. Par ailleurs, Netanyahou a également souligné la nécessité de protéger la minorité druze dans la province de Deraa, bien que cette annonce ait été diversement accueillie au sein de la communauté druze elle-même.
D’un côté, certains Druzes ont exprimé leur satisfaction face à l’engagement israélien. De l’autre, plusieurs représentants se sont rendus à Damas pour réaffirmer leur loyauté envers le régime syrien et insister sur le fait qu’ils ne recherchaient pas l’appui d’Israël.
La Turquie et l’Iran en toile de fond
Selon Aron Land, chercheur au Century International Think Tank, Israël craint que la Turquie ne soutienne activement le gouvernement syrien islamiste en place et facilite l’installation de bases pour le Hamas et d’autres groupes armés. Ce scénario inquiète particulièrement l’État hébreu, qui surveille de près les récentes évolutions dans la région.
Des rapports indiquent que la Turquie pourrait aider l’Iran à réactiver des routes logistiques permettant d’acheminer des armes vers le Liban via la Syrie. Une situation qui a conduit Gideon Saar, ministre israélien, à exprimer publiquement ses préoccupations. La coordination entre Ankara et Téhéran pourrait redessiner l’équilibre des forces et renforcer l’axe anti-israélien dans la région.
Quelle réponse de Washington ?
À ce stade, la position finale de l’administration Trump sur la question reste incertaine. Il n’est pas encore clair si les États-Unis accepteront l’idée d’un maintien des bases russes en Syrie ni s’ils envisagent d’alléger les sanctions contre Hayat Tahrir al-Sham, un groupe djihadiste opérant dans le pays. Par ailleurs, la question de la présence militaire américaine dans l’est de la Syrie reste en suspens.
L’initiative israélienne souligne une évolution stratégique majeure au Moyen-Orient. Elle reflète la volonté de Jérusalem de jouer un rôle actif dans la reconfiguration du paysage géopolitique régional, quitte à s’appuyer sur des alliances inattendues pour garantir sa sécurité. Reste à savoir si Washington adoptera une position alignée sur celle d’Israël ou s’il privilégiera une approche plus traditionnelle basée sur ses alliances avec la Turquie et d’autres partenaires de l’OTAN.
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