« Aujourd’hui, nous allons vous montrer ce que le monde n’a encore jamais vu. » a déclamé hier soir Benjamin Netanyahou devant un parterre de journalistes convoqués en conférence de presse. Chacun sait que le premier ministre israélien aime les annonces géopolitiques théâtrales mais cette fois, il n’est pas venu seul, derrière lui, sur un écran défilent des documents en farsi et, dissimulés par une couverture noire, se trouvent aussi des dossiers et une armoire à CD. Le premier ministre israélien annonce alors qu’il a des preuves tangibles d’un programme nucléaire iranien clandestin obtenues par le biais d’une d’une opération des services de renseignement israéliens et qu’il est prêt à les transmettre à l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et à tous les pays qui ont signé « l’accord nucléaire iranien ».
La date de ce coup de théâtre n’est évidement pas un hasard puisqu’il intervient moins de deux semaines avant la décision de Trump quant à son éventuel retrait de l’accord signé en 2015 avec Téhéran. Dans une mise en scène préparée, Netanyahou lance a son auditoire : « Voici cent dix mille dossiers qui prouvent qu’ils (les Iraniens) ont menti ».
110 000 fichiers, 55 000 pages et 55 000 fichiers numériques sur CD-ROM totalisant une demi-tonne de documents d’archives. Mais comment Israël est-il entré en possession de ce trésor de documents nucléaires iraniens ?
Un haut responsable israélien a rapporté sous anonymat au New York Times que ces documents étaient le résultat d’une opération du Mossad en janvier 2017, saluée comme l’une des « plus grandes réussites » des services de renseignement israéliens, lesquels auraient découvert l’emplacement des archives secrètes du programme clandestin iranien de fabrication d’armes nucléaires à Téhéran en février 2016 dans le district de Shorabad. En janvier 2017, les agents du Mossad infiltrés auraient fait main basse sur une demi-tonne d’archives lors d’une opération de nuit puis auraient fait passer clandestinement celles-ci en Israël le même soir. Ce matin, le Yediot A’haronot a affirmé que les responsables iraniens ne se seraient aperçu de leur disparition que quelques mois plus tard et que c’est la vérification de l’authenticité des documents qui expliquerait pourquoi ils ne seraient divulgués qu’aujourd’hui. Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo ex directeur de la CIA qui connaissant l’existence de ces preuves en a confirmé hier l’authenticité. Des équipes seront prochainement envoyées en Allemagne, en France en Russie et en Grande-Bretagne, a annoncé dans la soirée le bureau du premier ministre israélien, qui s’est entretenu avec Emmanuel Macron et Angela Merkel.
« L’administration Obama était consciente que l’Iran avait menti à plusieurs reprises sur son programme d’armement nucléaire », a déclaré l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Dan Shapiro, mardi matin mais « Obama a estimé que le plan d’action global de 2015 était le meilleur moyen d’empêcher l’Iran de construire une arme nucléaire pendant au moins une décennie » a ajouté Shapiro à la radio de l’armée ce matin.
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