Israël déchiré, les pros et les antis Netanyahu
Pour la quatrième fois en deux ans Israël s’est déchiré en deux. Les pros et les antis Netanyahou. Quel immense gâchis. Voir toute une nuit un décompte des pros et des antis Netanyahou, avec tous les calculs des politiciens ceux qui pourraient redevenir des pros ceux qui pourraient rejoindre les antis, et Israël dans tout ce fatras d’ambitions politiques contrariés.
L’union du peuple avant tout
Nous ne sommes plus au temps où des hommes avaient des projets pour la nation sur la base d’une vision politique au service du Peuple. Un Béguin quittant le pouvoir parce qu’il avait faillit au Liban, et qu’il ne voulait pas être un sujet de discorde. Un Ben Gourion qui se retire au kibboutz de Sdé Boker après l’affaire de Qibya. Aucun n’a cherché à se maintenir au pouvoir avec le risque de diviser le peuple.
Force est de constater que le pouvoir « coûte que coûte » est devenu une forme de gouvernance. Applaudissons la réussite de la vaccination en Israël qui est un exemple reconnu mondialement. Mais si derrière ce « coûte que coûte » il n’y avait que les élections du 23 mars 2021. Si derrière les accords d’Abraham il y avait le même calcul.
Quand le vice apparait comme une vertu
Le vice peut apparaître comme une vertu. Cette vertu se traduit comme un bienfait pour la société. Au départ il y a un intérêt égoïste, accaparer une plus grande richesse. Jeff Bezos, Steve Job, Marc Zuckerberg, Georges Soros pour ne citer qu’eux. Chacun à sa manière s’est enrichi considérablement. Mais cet enrichissement qui était leur idée première à profiter à l’ensemble de la société. C’est ainsi que le vice devient vertu. Pour Netanyahou l’attrait du pouvoir qui est son moteur interne, l’oblige à se surpasser par ailleurs. Son vice devient vertu. Dans tous les cas il y a une « monopolisation » d’un domaine. Elle se traduit par une destruction quelque part des autres acteurs concurrents. Amazone tue des petits commerçants. Facebook capte les réseaux sociaux. Google monopolise internet. Netanyahou tue ses adversaires politiques, en les humiliants publiquement.
Les antis Netanyahou
Tous d’anciens alliés, qui pouvaient prétendre à un avenir politique meilleurs pour avoir servit fidèlement Netanyahou se sont vus écartés brutalement du pouvoir, dans le discrédit et l’humiliation. Leur nombre n’a cessé de grandir : Yaïr Lapid, Naftali Benett, Avigdor Libermann, Benny Gantz, Guideon Saar. Aucun d’entre eux n’a vraiment démérité. Mais humiliés, discrédités, avec une volonté de les assassinés politiquement, ils sont devenus enragés. Certains veulent un combat frontal sans concession, d’autres sont prêts à un combat plus subtil, mais au risque de se faire avaler, comme l’a été Benny Gantz. Homme fort de la troisième élection, il a voulu jouer un jeu risqué celui de l’alliance politique, il s’y est brulé les ailes.
Les pros Netanyahou
Les pros ne sont ni pros ni aveugles, ils utilisent la machine Netanyahou pour survivre. Netanyahou connaissant l’ampleur de sa détestation crée des sous-marques. Il crée un parti sioniste religieux avec Bezalel Smotrich à sa tête, qui lui promet son soutien, pour siphonner les voix de de Naftali Bennett, un concurrent très sérieux. Les partis religieux qui avant, étaient à gauche ou à droite suivant les opportunités ont fixé domicile chez Netanyahou qui leur accorde « coûte que coûte » des avantages qu’ils ne pourraient pas avoir ailleurs. Avigdor Libermann qui est devenu un enragé contre ces partis, leur reproche surtout leur alignement sur Netanyahou. C’est ce qui motive ses propos racistes envers ceux qu’il a côtoyé dans des gouvernements précédents. Sa haine de Netanyahou se retourne contre ses alliés à savoir les partis religieux que maintenant, il vomit.
L’espoir déçu
Guideon Sa’ar était apparu comme une alternative. Un homme du Likoud, capable de tirer avec lui une partie du Lkoud, d’agglomérer les mécontents dans un parti de centre droit. Crédité de 26 à 20 sièges, il fut en partie l’espoir de la gauche. Tous les espoirs étaient alors permis. Une alternative crédible sur le papier était née. Manque de chance, le brave Guidéon Sa’ar n’a aucun charisme. Il apparait sans envergure, et il dégringole doucement et surement. Les électeurs de gauche déçus, retournent au bercail. Les électeurs n’ayant plus un leader capable de s’opposer à Bibi, votent en fonction de leur humeur. Benny Gantz est un brave homme, pourquoi pas lui, c’est ainsi que ce dernier sauve sa peau à la dernière minute. Le parti travailliste retrouve des couleurs, et même Mertz que Guideon Saar avait en parti siphonné sauve sa peau.
Israël dans tout çà
Déchiré en deux, les pros qui sont pros, parce qu’il n’y a aucune alternative, et les antis qui sont antis sans être capables de s’entendre sur un projet, laissent un pays déboussolé et désabusé qui cherche encore les raisons d’y croire. Dans les antis on trouve, des laïques, des antisionistes (partis arabes) des gens de gauche (parti travailliste, Meretz,) des gens de droite voir d’extrême droite Libermann et Sa’ar, du centre gauche comme Lapid. Une grande partie de ces braves gens sont dans anciens alliés de Netanyahou, ce qui fait que l’électeur moyen ne comprends plus ce vase communiquant qui ne communique plus. Résultat Israël est fatigué de s’entre-déchirer.
Israël pays dynamique aux ressources incroyables est piégé par sa classe politique, faite de rancœurs, de haines inassouvies, d’ambitions politiques, de trahisons.
Le danger guette. L’époque des rois est finie. De ce temps-là, le crime de lèse-majesté était puni de mort. Un certain peuple aime les rois, mais attention n’est pas roi qui veut, surtout en Israël.
Résultats provisoires à 9h01 ce matin
Les Pros
LIKOUD 31 sièges
SHASS 9 sièges
Judaïsme unifié 8 sièges
YAMINA 7 sièges
Sionisme religieux 6 sièges
Total 61 sièges
Les Antis
Yesh Atid 18 sièges
Bleu Blanc 8 sièges
Parti travailliste 8 sièges
Israël Beiténou 7 sièges
Liste arabe 6 sièges
Nouvel Espoir 6 sièges
Meretz 6 sièges
Total 59 sièges
Pour rire, on pourrait dire « carottes plus navets » égale 59 sièges. Le problème c’est qu’il y aura certainement des retours au bercail chez Espoir nouveau de Guidéon Sa’ar. Les anciens du Likoud qui ont suivi G. Sa’ar, n’ont peut-être pas envie de rester dans une opposition stérile, alors que Bibi peut les acheter à un bon prix. A savoir s’il n’y a pas des sous-marins de Bibi, chez Guideon Sa’ar pour donner une illusion de victoire.
On peut dire que Bibi sera le prochain premier ministre. Mais à quel prix ?
Israël en tant que nation bénéficie du « coûte que coûte » de Netanyahou, mais pas les israéliens d’en bas, ceux qui paient le prix cher, qui vivent dans la misère, pour avoir des riches de plus en plus riches. Attention, cet avertissement vaut aussi pour les partis religieux. La solidarité juive est impératif économique, social, et éthique. Cette justice est immanente et incontournable parce qu’elle la raison même de l’Histoire, qui elle a toujours une fin morale. Israël n’a pas les moyens d’un schisme qui la condamnerait. Les pros et les antis sont condamnés à s’entendre au plus vite.
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