Israël a considérablement développé son aide aux victimes du conflit syrien depuis 2016

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Un haut gradé du commandement nord de l’armée israélienne, le colonel Barak Hiram de la brigade 474, a décrit mercredi lors d’un point presse, le rôle d’Israël dans le traitement des civils syriens à la frontière entre les deux pays, et révélé que deux centres médicaux sont en construction en territoire syrien, à l’initiative de l’Etat hébreu.

Le colonel a énuméré les dangers qui guettent la région frontalière, en proie à de nombreux conflits, mais qui est par ailleurs devenue un refuge pour les civils pris au piège de la guerre en Syrie, a indiqué ce haut-gradé qui a dressé la liste des acteurs du conflit et leurs capacités.

Selon le haut-gradé israélien, entre 15 et 20 groupes de rebelles, djihadistes et modérés, contrôlent 65% de la frontière israélo-syrienne, ce qui représente quelques milliers de combattants, dont ceux Front al-Nosra, tandis que le groupe Etat islamique contrôle 20% de la zone, après avoir élargi son influence territoriale en février dernier, avec environ près d’un millier de combattants.

Israeli troops on Golan Heights

Le régime syrien et ses alliés contrôlent quant à eux 15% de la frontière.

En face, du côté israélien, c’est la 210e unité militaire qui est chargée d’assurer la sécurité à la frontière et de protéger les civils, a-t-il précisé.

Opération « bon voisinage »

Devant la persistance de la guerre civile syrienne qui a commencé en 2011, l’Etat hébreu a commencé à porter assistance aux civils du pays en février 2013, avant de considérablement développer son aide depuis 2016 avec la mise en place d’un programme militaire d’assistance médicale et humanitaire, appelé opération « bon voisinage ».

Ainsi, ce ne sont pas moins de 3.000 Syriens qui ont bénéficié des soins médicaux israéliens depuis le début de cette opération.

600 enfants, victimes du conflit, ont été prises en charge par l’Etat hébreu. En règle générale, sitôt arrivés sur les sites de mise en contact avec les autorités israéliennes, ils reçoivent des rafraîchissements et un petit-déjeuner, avant d’être transférés vers un hôpital où le personnel parle arabe, et où ils peuvent être accompagnés de leurs mères. En parallèle de leurs soins, des activités récréatives leur sont proposées, comme des spectacles de clowns parlant l’arabe.

Hiba ZoabiDr. Akiva Tamir, director of Save a Child’s Heart at Wolfson Medical Center
Hiba Zoabi

 

En 2013, l’idée de ces opérations était de d’occuper principalement des blessés, mais les équipes médicales traitent aujourd’hui davantage des maladies et des problèmes découlant de la guerre comme la surdité ou la cécité, et plus seulement les blessures visibles.

« S’ils ont décidé que le seul endroit sûr où s’échapper était la frontière israélienne, imaginez un peu les conditions qu’ils doivent affronter. Ils vivent dans les maisons abandonnées ou ruinées. Certains d’entre eux vivent dans des tentes », a déclaré un autre haut gradé à i24NEWS.

« 70% des docteurs en Syrie ont fui le pays et 75% des installations médicales ne fonctionnent plus. Voilà pourquoi nous sommes fiers de pouvoir offrir ce service, de manière quasi-quotidienne aujourd’hui », s’est de son côté réjoui Noam Fink, colonel de l’unité médicale du commandement nord, régulièrement envoyé dans ces centres afin d’y dispenser des soins aux Syriens.

« Il s’agit de l’un des efforts les plus significatifs de mon métier », a-t-il ajouté.

Cependant, aucun traitement médical n’est accordé par Israël aux djihadistes de l’EI ou d’al-Nosra, a précisé le haut-gradé à i24NEWS. « Nous ne nous occupons pas des extrémistes: ils ne veulent de toute façon pas être soignés par Israël ».

Deux centres médicaux en territoire syrien

En parallèle de ce programme, deux centres médicaux, sont actuellement en construction à l’initiative d’Israël dans la province de Quneitra, en territoire syrien. Un des établissements sera réservé aux femmes, et l’autre sera une clinique généraliste.

L’Etat hébreu a fourni les matériaux de construction et les installations médicales, tandis que les habitants de la région ont construit le site, indique l’armée.

Par ailleurs, plusieurs ONG (IFA, We Cannot Be Silent Anymore, Centre Peres pour la paix, Friendship Unlimited, Combat Genocide, Just Beyond Our Border) ont demandé et obtenu la création d’un centre médical de jour à la frontière. Celui-ci, qui sera ouvert dans quelques semaines, sera relié directement à la frontière, dans une zone fermée sur le sol israélien, afin de permettre aux Syriens d’y accéder à pied.

Le prochain hôpital de campagne pourra traiter 50 personnes par jour et sera géré par une ONG, dont le nom n’a pas été précisé, et sa sécurité sera assurée par l’armée israélienne.

Des soins médicaux de base y seront fournis toute la journée, et les patients retourneront en territoire syrien avant la tombée de la nuit.

Les cas les plus graves seront transférés vers les hôpitaux de Safed et Nahariya, dans le nord d’Israël, comme c’est actuellement le cas.

Israël avait déjà ouvert un hôpital dans ce secteur qui a été ensuite fermé en 2016.

360 tonnes de nourriture, 77 tonnes de vêtements, des dizaines de générateurs d’électricité, des appareils de pompage d’eau, collectés par les civils israéliens, vont également être acheminés en Syrie.

La nourriture et le matériel seront entreposés dans des containers que l’armée amènera à la frontière, et qui seront ensuite pris en charge par les ONG internationales.

« Il s’agit d’une initiative militaire basée uniquement sur les besoins humanitaires (eau, électricité, nourriture) pour nos voisins. En tant que officiers militaires et juifs, nous ne pouvons pas rester dans notre coin », a-t-il encore ajouté.

« Je suis fier d’aider les enfants. Nous ne pouvons pas imaginer quel est l’impact de la guerre sur ces personnes. En attendant que la situation ne s’améliore en Syrie (…) nous serons là pour aider les civils ».

L’officier israélien a enfin mis en garde contre « l’Iran et le Hezbollah qui veulent se rapprocher et installer leurs forces dans la région », et balayé les soupçons du régime syrien selon lesquels « Israël aiderait les groupes rebelles ». « Ces soupçons n’ont pas d’impact sur le fonctionnement du projet », a-t-il conclu.

Matthias Inbar et Shai Ben Ari, correspondants d’i24NEWS pour les Affaires militaires et stratégiques, ont contribué à cet article.

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