- Il importe de noter que l’Égypte, qui a aussi une frontière commune avec Gaza, n’a rien envoyé aux Palestiniens, ni tests de dépistage du coronavirus, ni gel de désinfection.
- « Après plus de soixante-dix ans, le Liban reste le pays où les réfugiés palestiniens souffrent le plus de discriminations juridiques et économiques et où ils sont exclus de certaines professions et victimes de tracasseries pour tout ce qui touche au permis de travail et au droit de propriété » – Dr Mohsen Saleh, directeur général du Centre d’études Zaitouna de Beyrouth, arabi21.com, 20 juillet 2019.
- Assad Abu Khalil, libano-américain, professeur à la California State University, et « pro-palestinien » ne semble pas gêné des sévères restrictions que son propre pays – le Liban – inflige aux Palestiniens. Qu’un homme politique libanais (et non pas israélien) appelle aujourd’hui à confiner les Palestiniens dans leurs « camps de réfugiés » ne le trouble pas non plus.
- L’Égypte a depuis longtemps abandonné les Palestiniens en bloquant à double tour sa frontière avec Gaza. Les Libanais, les Égyptiens et la plupart des Arabes perçoivent les Palestiniens comme le problème du seul Etat d’Israël. Lorsque la crise actuelle du virus sera passée, il faut espérer que les Palestiniens se souviendront qu’un seul pays leur est venu en aide : Israël. Peut-être se rappelleront-ils que leurs frères arabes les ont trahis – ce n’était pas la première fois, ni sans doute la dernière.
Depuis que Samir Geagea, un éminent politicien libanais, a appelé au bouclage des 12 camps de réfugiés palestiniens, les Palestiniens du Liban craignent que les autorités libanaises n’utilisent le coronavirus pour durcir plus encore les interdits et restrictions qui font que la vie dans les camps de réfugiés est déjà si difficile. Photo : manifestation le 31 janvier 2020, des Palestiniens d’Ain el-Hilweh, le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Liban. (Photo de Mahmoud Zayyat / AFP via Getty Images) |
Alors qu’Israël ne compte pas ses heures pour freiner et enrayer la propagation du coronavirus chez les Palestiniens, les États arabes retrouvent les geste de leur comportement traditionnel envers leurs frères palestiniens : ils ne lèvent pas le petit doigt.
Très récemment, les autorités israéliennes ont livré 200 kits de dépistage du coronavirus à l’Autorité palestinienne. Parallèlement, des équipes médicales israéliennes et palestiniennes œuvrent ensemble à contrer la propagation du virus.
En dépit des milliers de roquettes et de ballons incendiaires ou bourrés d’explosifs que le Hamas lance et continue de lancer vers Israël, les autorités israéliennes ont livré 200 tests de dépistage du coronavirus aux services médicaux de la bande de Gaza.
Les autorités israéliennes ont aussi transféré aux services de santé palestiniens 20 tonnes de produits désinfectants fabriqués en Israël. Le matériel comprenait du chlore et du peroxyde d’hydrogène pour désinfecter et assainir les surfaces en zone ouverte mais aussi en zone fermée, comme les mosquées et les églises.
Il n’est pas interdit de noter que l’Égypte, qui a une frontière commune avec la bande de Gaza, n’a envoyé aucun test de dépistage ni aucun produit de désinfection aux Palestiniens.
Quant aux Palestiniens du Liban, ils craignent que les autorités libanaises ne prennent prétexte du coronavirus pour les discriminer encore plus.
Samir Geagea, homme politique libanais et président des Forces libanaises, parti politique chrétien anti-palestinien, a provoqué un tollé en appelant au bouclage immédiat des 12 camps de réfugiés palestiniens du Liban.
En janvier 2019, le Liban comptait 475 075 réfugiés palestiniens, selon l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA). « Les Palestiniens du Liban sont privés de plusieurs droits importants », a souligné l’UNRWA.
« Ils sont exclus de 39 professions et empêchés d’acquérir un bien [immobilier]. Ils sont privés des droits accordés aux étrangers qui vivent et travaillent au Liban parce que les réfugiés palestiniens ne sont pas officiellement citoyens d’un autre État. La guerre civile en Syrie a contraint de nombreux Palestiniens de Syrie à chercher refuge au Liban. Pas moins de 29 000 Palestiniens sont pris en charge par l’UNRWA, qui leur verse un pécule, scolarise les enfants, finance les soins de santé et accorde une protection sociale minimale. »
La médecine, le droit et l’ingénierie sont au nombre des professions fermées aux Palestiniens au Liban.
« Après plus de soixante-dix ans, le Liban reste le pays où les réfugiés palestiniens souffrent le plus : nombre de droits économiques et humains ne leur sont pas accordés, des freins les bloquent à l’entrée du monde du travail et les tracasseries pour l’obtention des permis de travail et l’accès à la propriété sont innombrables », a déclaré le Dr Mohsen Saleh, directeur général du Centre d’études Zaitouna de Beyrouth.
« Les discriminations persistantes infligées aux réfugiés palestiniens, en particulier sur le marché du travail, génèrent des sentiments d’injustice et d’oppression. Lesquels peuvent être instrumentalisés par des organisations extrémistes ou favoriser diverses formes de délinquance qui mettent en péril la stabilité relative et la sécurité du Liban. Permettre aux réfugiés palestiniens de travailler dans des conditions décentes est un impératif politique, sécuritaire et social autant qu’un besoin économique pour le Liban. »
Les Palestiniens craignent qu’en sus des discriminations et mesures d’apartheid qui les frappent, les autorités libanaises ne prennent prétexte du coronavirus pour les confiner dans leurs camps de réfugiés. L’appel jugé « raciste » de Samir Geagea de boucler les Palestiniens dans leurs camps risque de durcir plus encore le cadre humanitaire et sanitaire des Palestiniens.
Tayseer Khaled, cadre dirigeant du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP), une organisation membre de l’OLP, a jugé la proposition de Geagea « raciste et inacceptable ». Le verrouillage des camps de réfugiés, a-t-il dit, « est contraire aux droits de l’homme et aux droits humains ».
Une autre faction de l’OLP, le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), a répondu à Geagea que ce sont « les esprits racistes, et non les camps de réfugiés, qui devraient être confinés ».
Mohammed al-Shuli, Palestinien et militant des droits de l’homme, a déclaré que la guerre contre le coronavirus ne devait pas servir de prétexte pour discriminer les Palestiniens. Les autorités libanaises a-t-il ajouté, n’ont bouclé aucune ville ou village du Liban et aucun Libanais n’a été confiné à domicile.
« La déclaration de Geagea cible uniquement les Palestiniens », a commenté al-Shuli. « Aucun cas de coronavirus n’a été enregistré dans les camps de réfugiés et les Palestiniens ne sont pas opposés aux mesures de précaution. Les déclarations extrémistes n’ont rien de nécessaire. »
Un groupe appelé Alliance des factions palestiniennes au Liban a également considéré qu’il était « raciste » de prétendre confiner les Palestiniens dans leurs camps et de boucler ces mêmes camps. « Cette épidémie mondiale traverse des pays et des communautés ; surfer sur le coronavirus pour discriminer les réfugiés palestiniens et leur droit à la vie est répréhensible et inacceptable », a déclaré le groupe. « Cette proposition est surtout le reflet de l’âme noire du politicien libanais ».
Au moment où les Palestiniens s’inquiètent à nouveau des discrimination légales et de l’apartheid qui sévit au Liban, un certain Assad Abu Khalil, professeur libano-américain à l’Université d’État de Californie Stanislaus, à lancé un appel au meurtre contre le seul pays qui aide les Palestiniens contre le coronavirus, Israël. Le 8 mars, ce professeur a tweeté : « Israël aura – j’en suis sûr – des procédures médicales différentes pour les Juifs et les non-juifs. Les non-juifs seront placés dans des camps de détention collective ».
Ce professeur libanais qui se dit « pro-palestinien » ferait bien de s’intéresser au carcan restrictif que son propre pays – le Liban – impose aux Palestiniens. Il pourrait également remarquer que c’est un élu libanais (et non un élu israélien) qui a appelé à confiner les Palestiniens dans des « camps de de détention collective ».
Les Palestiniens auraient tort d’entretenir une quelconque illusion sur les aides que le Liban, l’Égypte ou tout autre pays arabe pourrait leur apporter, notamment dans le cadre de l’épidémie du coronavirus. Le Liban discrimine les Palestiniens depuis des décennies, et le coronavirus ne va pas infléchir la tendance.
L’Égypte aussi a depuis longtemps abandonné les Palestiniens à leur sort en rendant hermétique sa frontière avec Gaza. Les Libanais, les Égyptiens et la plupart des Arabes considèrent que les Palestiniens sont le problème d’Israël. Lorsque la crise actuelle du virus sera passée, les Palestiniens feraient bien de se souvenir qu’un seul pays est venu à leur secours : Israël. Ils pourraient aussi garder en mémoire que leurs frères arabes les ont trahis – une fois de plus et sans doute pas la dernière.
Khaled Abu Toameh, journaliste multi-récompensé basé à Jérusalem, est Shillman Journalism Fellow au Gatestone Institute.