Selon le quotidien israélien Haaretz, Israël achète secrètement du pétrole du nord de l’Irak contrôlé par les Kurdes via le port turc de Ceyhan.
Haaretz décrit une situation inhabituelle observée en novembre par Samir Madani, un marchand de pétrole koweïtien vivant en Suède, qui a créé le site internet TankerTrackers.com, impliquant le pétrolier Valtamed en direction du canal de Suez depuis le port turc de Ceyhan, alimenté par l’oléoduc de la région kurde du nord de l’Irak.
Le pétrolier s’est soudainement arrêté quelque part à l’est de la Méditerranée, au large de Tel Aviv mais hors des frontières territoriales d’Israël, a éteint son transpondeur permettant de l’identifier et a “refait surface” quelques jours plus tard, mystérieusement moins lourd que lorsqu’il avait quitté Ceyhan.
Le Valtamed a alors navigué vers Chypre et est revenu à sa base en Turquie, chargé de pétrole qui était arrivé du nord de l’Irak et il a recommencé tout le voyage, avec un procédé de disparition identique.
Haaretz en a conclu que “le Valtamed expédiait du pétrole, qui n’était répertorié nulle part, vers un pays qui n’était pas censé l’acheter. En d’autres termes, Israël achetait secrètement du pétrole kurde via la Turquie”.
C’est en 1927 que le pétrole a été officiellement découvert dans la région de Baba Gurgur, au nord de l’Irak, l’un des plus grands gisements au monde, mais le pétrole kurde doit être raffiné et acheminé vers la mer, ce qui a été fait pendant des années grâce à un oléoduc entre Kirkuk et Ceyhan.
Après que le gouvernement régional du Kurdistan (GRK) a organisé un référendum sur l’indépendance en 2017, lequel fut condamné par le gouvernement central irakien, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a menacé d’imposer un blocus au pétrole, paralysant ainsi la principale source de revenus du GRK et freinant l’économie kurde en refusant de charger le pétrole du GRK dans des pétroliers à Ceyhan.
Mais à la surprise de nombreuses personnes, Erdoğan n’a rien fait de tel et le pétrole kurde a continué à circuler sans entrave à travers la Turquie vers des clients principalement en Grèce, en Israël, en Pologne, à Chypre et en Croatie. Le gouvernement irakien a ensuite pris le contrôle du pétrole de Kirkuk dans une action militaire soutenue par des milices chiites soutenues par l’Iran.
Selon Haaretz, dans un autre incident, « le site internet TankerTrackers dit qu’un pétrolier dénommé Kriti Diamond a tendance à soudainement adopter une nouvelle identité (Kiton), à décharger le pétrole en Israël et ensuite reprendre son identité d’origine avant de retourner en Turquie. ». Le site a publié un Tweet, le 16 février, déclarant : « C’est avec une grande fierté que nous vous présentons le KRITI DIAMOND disparu, qui opère sous son nouveau pseudonyme: KITON ». Quatre jours plus tard, un autre Tweet du site disait : «Le MARIKA / KRITI DIAMOND a oublié d’ôter son déguisement ’’KITON’’, après avoir quitté Ashkelon, vide. »
Le site TankerTrackers a remarqué qu’un autre pétrolier transportant du pétrole brut, le Mabrouk, a quitté Ceyhan, s’est déguisé en Maro – une identité inconnue et non enregistrée – près de la côte israélienne, et a disparu pendant quelques jours pour réapparaître comme le Mabrouk.
Lorsque le quotidien israélien leur a demandé une justification, la « Oil Refineries » de Haïfa et la compagnie « Trans-Israel Pipeline » ont déclaré ne pas faire de commentaires sur les questions commerciales.
Source www.turquieplus.fr