Par Jean-Pierre Lledo
Quel timing ! Une vraie horloge suisse.
Le Jour X – 4. Le général Galant, encore ministre de la défense, attaque Netanyahou en le sommant d’annoncer son plan pour Gaza « le jour d’après ».
Le Jour X – 3. Le général Gantz, flanqué de son compère le général Eiseinkot, lance un « ultimatum » à Netanyahou, en le sommant d’annoncer avant le 8 juin son plan pour Gaza « le jour d’après », et de « faire progresser la normalisation avec l’Arabie saoudite dans le cadre d’un processus global visant à créer une alliance avec le monde libre et l’Occident contre l’Iran et ses alliés ». Sinon il démissionnera et se lancera dans une lutte pour…. des élections anticipées. Ultimatum redoublé puisqu’il pourrait prendre effet encore avant le 8 juin.
Le Jour X – 2. Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, rencontre à Riyad, le prince héritier Mohamed Ben Salman, et selon la presse se profile un accord en deux volets : alliance défensive (on suppose contre l’Iran) et… un accord de normalisation des relations entre Riyad et Jérusalem avec comme condition l’amorce du processus de création et de reconnaissance par Israël d’un Etat palestinien.
Le Jour X – 1, Shikma Schwarzmann-Bressler, l’un des meneurs du mouvement de 2023 contre la Réforme judiciaire, dite « force Kaplan », s’était mise en veilleuse sur le conseil de son mentor Ehud Barak afin que le mouvement de certaines familles d’otages dirigé contre Netanyahou, soit pris en charge par d’autres leaders moins connus. Mais subitement elle vient de la ramener. De concert avec ces autres « revenants » soi-disant « frères d’armes », elle appelle aussi à la tenue… « d’élections ». Notons que cette « patriote » qui en septembre dernier qualifiait les sionistes religieux de « nazis » n’a jamais condamné le Hamas pour le 7 octobre, et n’a jamais appelé à soutenir les plus de 600 familles dont les enfants sont tombés au combat. Est-ce parce qu’une grande partie d’entre eux sont justement des « sionistes religieux » ?
Le Jour X. Sullivan arrive en Israël, et, on peut l’imaginer, pour deux choses :
- mettre au point la coordination entre les généraux précités, qui précisons-le ne sont plus des généraux d’active, juste des « ex » reconvertis en politique,
- établir un CALENDRIER.
Ce calendrier devrait être à peu près le suivant :
- Novembre 2024, il y a une échéance non-négociable : les élections présidentielles aux USA. Biden, est en très mauvaise situation. Les sondages donnent Trump vainqueur surtout depuis que Biden a annoncé un embargo sur les armes destinées à Israël. Un Etat palestinien pour sauver le soldat Biden, quelle merveilleuse idée pour remonter la pente ! Mais pour cela, il faut faire partir le grand obstacle : Netanyahou. C’est là qu’interviennent nos ex-généraux…
- Depuis des mois, ces généraux font la navette entre Washington et Jérusalem. Et à présent le temps presse. Bientôt les vacances, et novembre sera vite arrivé.
- Mai 2024. Les fameux « ultimatums » des ex-généraux… Et l’appel de la « force Kaplan » pour des élections anticipées.
- Juin 2004. Les trois généraux sans doute démissionneront. Galant du gouvernement. Gantz et Eizenkot de la coalition nationale mise en place après le 7 octobre avec l’engagement « de ne s’occuper que de la guerre et non de politique« .
C’est-il pas beau ça ? ! Quelle mécanique si bien huilée. Et quel orchestre ! Galant à la trompette… Gantz au trombone… Bressler à la grosse caisse… Et Sullivan en premier violon… Le chef des chefs n’étant autre que le deep state obamien.
J’espère qu’un jour se trouvera un journaliste d’investigation courageux, israélien ou non, pour reconstituer ce que j’ai appelé en 2023 « un coup d’Etat en marche ». Sous la houlette israélienne de l’ex-général Ehud Barak et avec la coordination des diverses officines de la CIA dont le « New Israël Fund », ce coup d’Etat a commencé à s’organiser vers la fin 2022 alors que les sondages annonçaient comme certaine une nette victoire de la droite dirigée par Netanyahou.
Ce journaliste d’investigation courageux qui sans doute devra remonter aux manigances du clan Shimon Peres pour faire aboutir les catastrophiques « Accords d’Oslo », et défaire la version officielle sur l’assassinat de Yits’hak Rabin, aboutira sans doute à la conclusion que la défaite des instigateurs de ce coup d’Etat avait une raison simple… La « révolution de couleur », dite « non-violente » conseillée et financée par le deep state américain et la CIA, qui avaient réussi en Europe de l’Est (Yougoslavie, Géorgie, Ukraine notamment) ne pouvait que se casser les dents sur Israël. Le processus « révolutionnaire » consistant à combiner des manifestations populaires dotées « gratuitement » de matériels publicitaires, de symboles (le Poing noir) et… de slogans, avec des harcèlements de dirigeants en place et des prises d’assaut d’institutions publiques, essentiellement les parlements, avait pu suffire pour renverser des pouvoirs faibles parce qu’autoritaires… Or, il en était tout autrement d’Israël. Malgré la présence (trop) importante d’ex-officiers en politique, aucun de ces derniers ne s’aviseraient à défier la Knesset. Pour ce travail de déstabilisation, le deep state israélien avait mieux : la Cour Suprême. Mais même elle ne pouvait se permettre de remettre en cause le résultat d’élections.
Il ne reste donc plus à « l’opposition » qu’à s’agiter, a faire beaucoup de bruit, à faire appel à l’égérie Bressler, à occuper les panneaux publicitaires Decaux grâce à une manne dont des enquêteurs patriotes devraient rechercher l’origine, à assassiner chaque matin le chef du gouvernement dans des Une de la quasi-totalité des journaux de la presse écrite et audio-visuelle, et à défaut du passage à l’acte… à lui souhaiter de rester sur le billard, après une opération, où d’être la victime d’un certain Elie Kopter.
En attendant, il ne nous reste plus qu’à constater que la belle mécanique bien huilée à peine mise en branle, s’est déjà grippée… Eh oui, entre la mer et les déserts, il y a trop de sable en Israël, et les grains de sable de l’histoire deviennent inévitables…
Grain N° 1. Le mensonge de Gantz et de son parti.
Son cabinet affirme que : « Si le Premier ministre avait écouté Gantz, nous serions entrés à Rafah il y a des mois et aurions terminé la mission. ». Première nouvelle ! Il y a « des mois », le 18 janvier 2024 précisément, son compère l’ex-général Eizenkot du même parti « Camp National », entré comme lui, après le 7 octobre, dans le gouvernement de coalition nationale dirigé par Netanyahou, disait ceci : « Parler de défaite absolue du Hamas est mensonger… Il ne faut pas raconter n’importe quoi… La vérité, c’est que les objectifs de guerre ne sont pas atteints dans la bande de Gaza. ». Très bien. Mais que nous a-t-il proposé ? S’emparer de Rafah ? Non ! Vous l’avez deviné : « Des élections » [1].
Aujourd’hui Gantz fait pareil. Il appelle non à la prise de Rafah, mais à… « des élections ». Or des élections, cela équivaudrait à arrêter la guerre… Ce qui est le désir le plus vif des Biden-Obama-Blinken. Sans parler du sinistre Sinwar…
Grain N°2. Chili Tropper.
Ministre et membre du même parti que Gantz HaMahané HaMamlakhti (Camp National) il rejette catégoriquement la création d’un État palestinien en échange d’une normalisation avec l’Arabie saoudite, déclarant à la radio militaire « Galei Tsahal »: « Nous sommes contre une telle initiative »[2].
On appréciera le parjure de Gantz qui, il y a à peine un mois, participa à un vote unanime de la Knesset refusant la création d’un Etat palestinien
Grain N°3. Le Cancre Galant.
Je m’étais déjà interrogé quant à l’ultimatum lancé au chef du gouvernement ces derniers jours par son ministre de la Défense à propos du « Jour d’après » dans la bande de Gaza[3]. Mais depuis un journaliste d’Israël Hayom, Amir Ettinger, révèle quelques détails de son plan[4] : un appareil administratif civil avec des Gazaouis « locaux » et une sécurité également… « locale », qu’Israël doterait… d’armes légères !!! Et comme Galant ne doit pas arriver à prendre au sérieux son propre plan, il lui faut ajouter que pour éviter qu’elles ne tombent entre les mains du Hamas, tout cela se ferait dans un cadre international de pays arabes modérés avec le soutien des États-Unis comme superviseur !
Le général Galant ignorerait-il qu’une grande partie des attentats terroristes dans les territoires gérés par « l’autorité falestinienne » sont commis par des soi-disant « agents de la sécurité » ce dont ladite « autorité palestinienne » se dit très fière ?
Est-ce dans ce but que le ministre de la Défense voudrait convaincre les soldats de Tsahal de combattre, d’être blessés parfois grièvement, voire de mourir ?
De plus, contrairement aux mensonges des uns et des autres, il est faux d’affirmer que le chef du gouvernement n’a rien dit du « jour d’après ».
Il y a déjà 7 mois, on avait pu l’entendre dire ceci : « Je peux vous dire qu’il n’y aura pas de Hamas. Il n’y aura pas « d’Autorité civile » qui enseigne à ses enfants la haine d’Israël, la haine des Israéliens, à tuer des Israéliens, à anéantir l’État d’Israël. Il ne peut y avoir « d’Autorité » qui paie les familles des meurtriers en fonction du nombre de personnes assassinées. Il ne pourra y avoir une Autorité dirigée par quelqu’un, qui plus de 30 jours après le 7 octobre, ne l’a toujours pas condamné. Ce n’est pas possible. Il faudra autre chose là-bas. Mais dans tous les cas, il faudra un contrôle sécuritaire… Cela contredit l’idée de souveraineté des Palestiniens ? Mais que peut-on y faire ? Je l’ai dit à nos amis américains[5] ».
Cette démarche se résumait en trois points :
- Cessez-le-feu après la victoire totale sur le Hamas.
- Retour des otages.
- Contrôle sécuritaire d’Israël pour une durée indéterminée de tous les territoires falestiniens situés à l’ouest du Jourdain.
Et cette démarche avait été approuvée par son gouvernement et son cabinet de guerre, et donc par Galant, Gantz, Eizenkot pour ne parler que de ces trois-là… qui n’en sont pas, apparemment, à un parjure près.
Grain N°4. La « gauche » n’a plus de boussole.
106 députés (sur 120) de la Knesset ont condamné l’inqualifiable prise de position de la CPI mettant sur le même plan l’agresseur et l’agressé, un mouvement terroriste condamné par tous les pays dits démocratiques et un Etat qui est le seul Etat démocratique du Moyen-Orient. Les 14 députés ayant refusé de s’y associer sont les députés arabes et ceux du parti qui se dit de gauche « Avoda » (Travail).
La goutte a fait déborder le vase et sur la chaine israélienne N12, l’ancien député travailliste Eitan Cabel vient d’annoncer qu’il quittait son parti : « Cela fait plusieurs années que le parti Avoda s’est écarté de sa voie. Mais hier, j’ai ressenti comme un coup de poing dans le ventre. Après cet événement, j’ai décidé que je ne suis plus prêt à appartenir à un parti qui a totalement perdu le nord”. ».
La gauche qui, jusqu’au 7 octobre, croyait que son plus grand ennemi n’était pas ni le Hamas, ni l’autorité falestinienne, ni le monde arabo-musulman, mais la droite israélienne, n’a pas fini de déchanter. Et quand au terme du mandat de ce gouvernement, les élections auront lieu, beaucoup se mordront les doigts d’avoir voulu les anticiper.
En attendant, je conclurai avec une supplication.
Familles d’otages, tous les Israéliens, et pas que, de par le monde, sont ravagés par ce qu’ont enduré et continuent d’endurer vos enfants et vos parents de la part de ces MONSTRES que sont leurs ravisseurs gazaouis. Et notre douleur s’accroit avec chaque soldat qui tombe, pour chaque grand blessé, pour toutes leurs familles…
Mais, de grâce, chères familles d’otages ne tombez pas dans le piège du Hamas qui aimerait nous imposer ses conditions et son agenda, en utilisant vos parents, vos enfants, qui sont tous NOS enfants et NOS parents.
Accuser notre gouvernement et non le Hamas, accuser notre gouvernement et non les gouvernants et les institutions internationales du monde entier qui ne disent rien et ne font rien, pas la moindre pression vis-à-vis du monde arabo-musulman qui a applaudi le 7 octobre, cela ne ramènera pas NOS enfants et NOS parents. Au contraire, cela ne fera que reporter leur délivrance et chaque jour est un jour de trop.
A chaque fois que l’on accuse nos gouvernants, Sinwar se réjouit et gagne une bataille. Mettre à genoux le Hamas, capturer ses principaux chefs, sera la seule manière de les délivrer.
Chères familles d’otages, ne vous trompez pas d’ennemis.
C’est le Hamas qui a les mains pleines de sang.
Pas nos gouvernants (qu’on les aime ou non).
Ne vous comportez pas comme vient de le faire la CPI.
Face au MONSTRE, unissons nos énergies et surtout gardons notre raison.
Unité du peuple juif et coups de boutoir de Tsahal, telle est la seule manière d’arracher nos otages au boucher de Gaza.
23 mai 2024 – Jean-Pierre Lledo
[1] https://fr.timesofisrael.com/eisenkot-parler-de-defaite-absolue-du-hamas-est-un-leurre/
[2] https://fr.timesofisrael.com/le-parti-de-gantz-soppose-a-un-etat-palestinien-dans-le-cadre-dun-accord-avec-ryad/
[3] https://lphinfo.com/general-gallant-je-vous-ecris-une-lettre-que-vous-lirez-peut-etre-par-jean-pierre-lledo/
[4] https://www.kountrass.com/le-ministre-de-la-defense-pour-le-jour-du-lendemain-le-plan-de-gallant-les-habitants-de-gaza-seront-equipes-darmes-les-pays-du-monde-leur-verseront-de-largent/
[5] Netanyahou et l’après-guerre. https://www.youtube.com/watch?v=QTdCGwZQYKg