Bernard Ravet a été principal dans trois des collèges les plus difficiles de Marseille. Il raconte la guerre de positions (*) que mène l’islamisme au sein de ces établissements publics, rapporte L’Express.
« Depuis plus de dix ans, le fanatisme frappe à la porte de dizaines d’établissements. Il cherche à empiéter sur le territoire physique de la République, centimètre par centimètre, en imposant ses signes et ses normes dans l’espace scolaire, dans les cours de récréations, les cantines, les piscines. Il cherche aussi à envahir les salles de classe. Sur de multiples sujets -l’égalité entre les hommes et les femmes, le darwinisme, la Shoah… -, les professeurs sont de plus en plus contestés dans leur enseignement. Et de plus en plus démunis », écrit Bernard Ravet.
« Lorsque j’étais principal du collège Versailles, une femme s’est présentée à moi. Elle venait d’arriver dans le quartier, en provenance d’Israël, et voulait inscrire son fils dans le collège. Je les rencontre. Autant le français de la maman est bon, autant celui du fils, qui a grandi là-bas et effectué sa scolarité en hébreu, est hésitant. Il va falloir que je l’inscrive dans ma classe de primo-arrivants afin qu’il suive des cours de français langue étrangère. A peine aura-t-il baragouiné deux mots avec son accent à couper au couteau que les autres lui demanderont d’où il vient. S’il dit la vérité, il se fera laminer. Je n’ai aucun doute là-dessus: interrogés quelques mois plus tôt par Edouard Zambeaux, un journaliste de RFI venu en reportage au collège, sur leurs relations avec les Juifs, des élèves ont répondu: « Il n’y en a pas. Et s’il y en avait, ils seraient obligés de se cacher. » Je ne veux pas prendre de risque, encore moins en faire prendre à ce garçon. J’interroge sa mère, sans cacher les raisons de mon embarras: « Avez-vous songé à l’inscrire au collège privé juif ?
– A Yavné ? Oui. Mais il n’y a plus de place.
Je prends mon téléphone devant elle. Le collège confirme. Il me faudra activer des amitiés personnelles pour atteindre un élu marseillais issu de la même communauté afin de le sensibiliser et d’obtenir une dérogation. Je l’assume: ce jour-là, une fois encore, j’ai agi en directeur d’ONG, parant à l’urgence qui me semblait la plus vitale, et pas en principal de collège investi de la mission de défendre des valeurs républicaines qui, en l’état, ne m’auraient pas permis de garantir la sécurité de cet adolescent dans mon collège musulman à 95%, où certains sont chauffés à blanc tous les soirs via les télévisions par satellite arabes vouant aux gémonies Israël, les Juifs, et la France coupable d’interdire le port du voile aux élèves », explique-t-il.
(*) Principal de collège ou Imam de la République? de Bernard Ravet avec Emmanuel Davidenkoff. Éditions Kero. Parution le 23 août 2017.
Éric Hazan – © Le Monde Juif .info | Photo : DR