La visite du Premier Ministre Binyamin Netanyahou en Russie, la semaine dernière, était consacrée à la question iranienne ou, plus précisément, aux lignes rouges formulées par Israël quant à toute présence iranienne si et quand la guerre civile syrienne qui dure depuis 6 ans aboutirait à son terme.
La possibilité que la Russie soit en capacité de faire l’impossible et qu’elle parvienne à imposer un accord de paix entre les parties en guerre en Syrie dans un avenir plus ou moins prévisible fait qu’Israël se méfie des bénéfices régionaux que cela puisse apporter à l’Iran.
L’Iran pourrait conserver une influence significative en Syrie et potentiellement même, le contrôle physique et géographique de l’ensemble du pays, grâce à ses dizaines de milliers de partisans opérant sur le terrain sous le drapeau du Hezbollah, des Gardiens de la Révolution iranienne ou des combattants des milices chiites, importées par l’Iran en Syrie de tout le Moyen-Orient et d’Asie centrale, et dont un groupe du Hezbollah irakien vient de déclarer mettre sur pied une brigade consacrée à la « libération du Golan ».
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Ce à quoi le monde peut s’attendre de la Syrie d’après-guerre se reflète dans les récents reportages sur les plans iraniens de construire une base navale à Tartous ou/et Banias, les second et troisième port du pays après Latakia, ainsi que dans les reportages montrant que les unités des Gardiens de la Révolution iranienne et du Hezbollah prévoient de déferler sur les Hauteurs du Golan, afin de les libérer des vestiges du soulèvement rebelle et d’y rétablir leur contrôle et celui officiel de la Syrie sur cette zone – une avancée qui placerait effectivement les forces iraniennes à la frontière entre la Syrie et Israël.
L’Iran, selon toutes probabilités, n’a pas intérêt à un conflit direct avec Israël, mais l’histoire a prouvé qu’il emploierait ses supplétifs en Syrie – le Hezbollah, les groupes terroristes palestiniens implantés à Damas et diverses milices chiites – pour mener sa tentative de reprise en main. Cela signifie que la question immédiate à laquelle Israël doit répondre concerne toute présence iranienne et du Hezbollah dans le Sud de la Syrie, alors que la question à long terme est celle du statut exact de l’Iran en Syrie dans tout accord par lequel le Président Bachar al Assad demeure au pouvoir à Damas.
La campagne pour libérer la ville de Raqqa dans le Nord-Est de la Syrie, aux prises avec l’Etat Islamique, qui est prévue d’être lancée dans les tous prochains jours, grâce à l’arrivée des Rangers et Marines américains, en renfort des FDS kurdo-arabes, va également très significativement impacter l’avenir de la présence iranienne dans le pays : si les Turcs et les rebelles syriens sunnites sous leur commandement devaient prendre la ville – ce qui n’est pas à l’ordre du jour – ou si les Kurdes, qui bénéficient des coudées franches de l’armée américaine, pour le faire, cela débouchera sur la constitution d’une zone de sécurité entre l’Irak chiite inféodé aux Mollahs d’Iran, et le reste de la Syrie contrôlée par diverses milices syriennes ou iraniennes qu’Assad peine à maîtriser. Mais si les forces d’Assad, avec l’aide des troupes iraniennes, étaient celles qui devaient reprendre Raqqa, l’Iran pourrait alors établir son contrôle sur un axe de territoires s’étalant de Téhéran à travers l’Irak et l’Est de la Syrie vers Damas et Beyrouth.
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Les Rangers de la 75ème Division, en appui des forces Démocratiques kurdo-arabes syriennes, en voie de constituer une zone-tampon entre les milices pro-iraniennes d’Irak et le reste du pays plus ou moins contrôlé par Assad et l’Iran.
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Il est plus que probable que le Président Vladimir Poutine a prudemment écouté les avertissements de Netanyahou. Mais, jusqu’à présent et pour longtemps, la Russie s’en tient à son alliance cynique avec l’Iran. Téhéran et Moscou désirent, d’abord et avant tout, cimenter le contrôle d’Assad sur la Syrie et la présence des agents opérationnels iraniens et chiites dans le pays est impérative à cette fin.
Netanyahou a été avisé de faire comprendre à Poutine qu’Israël est déterminé à maintenir ses intérêts régionaux et qu’il ne permettra à personne de franchir ses lignes rouges, même si la Russie voit les choses différemment.
Incidemment, cette dynamique était bien présente au cours des récentes frappes aériennes contre les convois d’armes syriennes et iraniennes à destination du Hezbollah, que les médias étrangers ont attribuées à Israël. Les Russes n’ont rien fait pour empêcher ces convois, pas plus qu’ils n’ont caché leur désapprobation des efforts israéliens accomplis pour déjouer ces trafics, mais le dialogue entre Jérusalem et Moscou au cours des dernières années, ont débouché sur l’acceptation de la Russie concernant la position israélienne sur ces questions.
Il est raisonnable de supposer que la réunion entre Netanyahou et Poutine a consisté à chercher une entente identique concernant ces lignes rouges israéliennes concernant la présence de l’Iran et du Hezbollah sur les hauteurs du Golan et sûrement dans bien d’autres régions de Syrie, où Israël souhaite ne pas les voir dominer l’agenda (Raqqa et zone-tampon kurde entre la Turquie, l’Irak et l’Iran)…
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Adaptation : Marc Brzustowski |
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