Si la Russie ne peut pas contenir l’Iran en Syrie, les Saoudiens se demandent : comment Israël le peut-il?
Le journal saoudien Sharq al-Awsat révèle, le 15 février, que les Russes avaient renoncé à limiter la présence militaire de l’Iran en Syrie. Il a cité des sources de renseignement saoudiennes dans l’est de la Syrie, où les Saoudiens ont pris le contrôle de la région pétrolière orientale de la Syrie, en décembre, sous l’égide des États-Unis. Ces sources se demandent comment Israël peut espérer réussir là où les Russes ont échoué.
Le jeudi 13 février, notent-ils, Israël a supprimé quatre officiers iraniens lors d’une attaque contre un nouveau transport d’armes iranien livré dans la région de Damas. Deux des morts étaient des généraux des gardiens de la révolution – Riday Mahmadi, commandant des forces iraniennes dans la région de Damas, et Haj Hossein, qui était chargé d’armer les forces iraniennes en Syrie.
Bien que ce soit encore un autre exploit impressionnant du renseignement israélien, son impact sera de courte durée, selon les sources militaires de DEBKAfile. Téhéran remplacera rapidement les deux officiers, de la même manière qu’il a rapidement embauché un fidèle du Hezbollah auprès de Hassan Nasrallah au poste laissé par l’élimination du chef d’Al Qods, Qassem Soleimani, par les Américains, le 3 janvier. Les gardes ne laissent pas de chaînon manquants dans leur chaîne de commandement – en Syrie ou en Irak.
La destruction systématique par des missiles israéliens des lots d’armes iraniens débarqués en Syrie a également une valeur provisoire. Alors que Tsahal est exceptionnellement efficace pour repérer et cibler les expéditions d’armes entrantes, une certaine quantité doit être présumée atteindre sa destination, sinon comment tenir compte des rapports périodiques sur le nombre croissant de missiles de précision entre les mains du supplétif iranien, le groupe terroriste libanais du Hezbollah? Cette question s’applique également au Hamas palestinien dans la bande de Gaza.
Le commandant général de Tsahal, le lieutenant-général Aviv Kochavi, a abordé la menace iranienne et d’autres menaces à la sécurité d’Israël lors de la présentation de son nouveau programme militaire pluriannuel la semaine dernière. Il a souligné en préambule que les forces armées de Tsahal doivent composer avec “des armées terroristes encerclantes, en Syrie au Liban, dans la bande de Gaza et le Sinaï, qui ne sont pas sous le contrôle de l’État », ainsi que l’Iran, qui« détient actuellement un stock de 1 000 missiles de précision capables d’atteindre Tel-Aviv, dont certains ont plusieurs véhicules (à vecteurs ou ogives) à têtes multiples indépendamment guidées (MIRV) qui sont difficiles à intercepter. ” Il a également souligné que «le Hezbollah avance dans son propre projet de roquettes de précision (= missiles)».
Nos sources militaires posent cette question. Comment le Hezbollah peut-il faire de telles avancées après trois ans d’attaques israéliennes constantes? Et comment se fait-il que des groupes terroristes de la bande de Gaza et du Sinaï soient encore autorisés à représenter une menace stratégique pour la sécurité nationale?
Le nouveau plan de Tsahal, surnommé Élan («Momentum»), parle de «renforcer les capacités des forces terrestres et de tirer parti de la portée aérienne pour permettre aux unités de combat d’attaquer et de détruire un nombre maximum de cibles en un minimum de temps». Cependant, selon les sources de DEBKAfile, une leçon tirée de la longue expérience des guerres est que personne ne peut prédire comment un conflit, une fois déclenché, prendra fin. On ne peut compter sur personne pour remporter une victoire rapide du tac au tac. En combattant l’Iran, Israël est plus susceptible de se heurter aux mêmes obstacles que la Russie a rencontrés en Syrie – une présence persistante et en constante évolution qui est difficile à cerner.
La décision du général Kochavi de créer un commandement chargé spécifiquement de l’Iran dirigé par un général n’a rien d’innovant. Les généraux de Tsahal ont occupé ce poste dans le passé, le dernier nommé était le major-général Nitzan Alon, après quoi le poste a disparu sans explication.
Alors que Élan («Momentum») a été approuvé par le Premier ministre et le ministre de la Défense, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a ajouté un avenant, en critiquant le plan comme nécessitant une stratégie offensive plus précise.
Naftali Bennett est revenu la semaine dernière de sa première visite à Washington et de ses discussions au Pentagone, en tant que ministre de la Défense. Il en a ramené un accord pour une division du travail visant à repousser l’expansion iranienne : les Américains opéreraient en Irak, tandis que Tsahal continuerait de s’en prendre aux Iraniens en Syrie.
Aucun responsable américain n’a confirmé ou, d’ailleurs, nié l’existence de cet accord. Aucune référence n’a été faite à aucun autre responsable israélien compétent dans le gouvernement intérimaire qui officie à Jérusalem, jusqu’aux élections générales du 2 mars.