Iran : faire confiance à Trump ?

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Trump et l’Iran : menace, recul et ambiguïté stratégique
Alors que Donald Trump débute son second mandat à la tête des États-Unis, le dossier iranien revient au premier plan de l’actualité internationale. Fort de son expérience passée, l’ancien président américain semblait cette fois décidé à en finir avec ce qu’il considère comme l’une des plus grandes menaces pour la stabilité mondiale : le régime islamique de Téhéran. Pourtant, les premières actions de sa nouvelle présidence dessinent un tableau contrasté.

Une posture ferme… en apparence

À son retour à la Maison-Blanche en janvier, Trump s’est montré plus assuré et déterminé. Il a rapidement adressé un ultimatum au pouvoir iranien : démantèlement du programme nucléaire, fin du soutien aux milices comme les Houthis et le Hezbollah, et arrêt des discours appelant à la destruction d’Israël. En cas de refus, Washington promettait une réponse implacable.

Les observateurs s’attendaient alors à un durcissement sans concession, d’autant que les États-Unis ont intensifié leur présence militaire au Moyen-Orient : renforts navals, déploiement d’unités aériennes, stockage d’armements. Tous les éléments semblaient réunis pour exercer une pression maximale sur l’Iran.

 

Un virage inattendu

 

Contre toute attente, c’est la partie américaine qui a tendu la main. Malgré un rejet clair des conditions américaines par Téhéran, qui a continué à soutenir des groupes hostiles à l’Occident et à afficher une rhétorique belliqueuse, l’administration Trump a choisi de renouer le dialogue. L’ouverture de négociations directes a surpris de nombreux analystes, qui y voient une reconnaissance implicite du régime iranien.

Pour l’Iran, c’est une victoire tactique. Habitué aux longues phases de discussions, le régime maîtrise l’art de prolonger les pourparlers afin de préserver ses intérêts. Depuis plus de trente ans, Téhéran réussit à gagner du temps tout en poursuivant, lentement mais sûrement, le développement de ses capacités militaires et nucléaires.

Une stratégie bien rodée à Téhéran
Il serait naïf de croire que l’Iran agit comme une puissance rationnelle cherchant un compromis. Le régime islamique n’est pas un acteur classique de la scène internationale : il repose sur une idéologie religieuse et révolutionnaire qui rejette les valeurs occidentales. Ses ambitions vont bien au-delà du nucléaire : domination régionale, élimination d’Israël, expansion de son influence par des milices interposées.

 

 

L’objectif de Téhéran n’est pas nécessairement de construire une bombe dans l’immédiat, mais de se maintenir en position de force stratégique, au seuil de la capacité nucléaire. Cela lui permet de négocier depuis une position de quasi-parité avec les grandes puissances, sans avoir encore franchi la ligne rouge.

La levée des sanctions, l’enjeu central
Dans ce jeu d’équilibriste, la levée des sanctions économiques constitue l’enjeu principal pour l’Iran. L’économie du pays, fortement fragilisée, peine à se relever des mesures coercitives imposées par les États-Unis et leurs alliés. En échange d’un engagement à ne pas développer l’arme nucléaire, Téhéran espère voir ces sanctions levées ou allégées.

Mais cet « engagement » est souvent perçu comme une manœuvre temporaire. Les précédents accords, comme celui de 2015, ont montré que l’Iran est prêt à respecter certaines contraintes techniques à court terme, tout en maintenant ses ambitions à plus long terme. Pour ses dirigeants, les négociations ne sont qu’un moyen de faire baisser la pression internationale, sans jamais abandonner leurs objectifs stratégiques.

 

Des voix discordantes à Washington

 

La politique de Trump à l’égard de l’Iran suscite également des tensions au sein même de son administration. Tandis que le président multiplie les déclarations musclées, son vice-président, J.D. Vance, adopte une position plus prudente, estimant qu’un conflit ouvert avec l’Iran serait trop coûteux et ne servirait pas les intérêts américains. Cette divergence de ton alimente la confusion sur la véritable ligne directrice de Washington.

Trump, homme d’affaires aguerri, semble osciller entre intimidation et tractation. Mais négocier avec l’Iran n’est pas comparable à traiter avec un partenaire économique occidental. Téhéran agit avec patience, dans une logique de confrontation idéologique sur le long terme. Il utilise les négociations comme un outil, non pour résoudre un désaccord, mais pour en tirer un avantage stratégique.

Dans ce contexte, la reprise du dialogue pourrait être interprétée non comme un signe de progrès, mais comme une preuve de faiblesse aux yeux des responsables iraniens. L’histoire récente montre que le régime de Téhéran a su exploiter chaque relâchement occidental pour renforcer son arsenal et étendre son influence. La question demeure : Trump saura-t-il cette fois imposer une véritable rupture ou répétera-t-il le même scénario, avec un nouvel habillage ?

 

Jforum.fr

 

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