Ill : Amsalem contre Lapid
Le système juridique israélien comporte un élément original, bien que puisé dans la pratique juridique anglaise : celle d’accepter un « ‘èd medina », un témoin d’Etat, ou « turn state’s evidence », ce qui signifie que la police est arrivée à un accord avec eux. En général, il s’agit de personnes qui ont commis des méfaits, mais qui se voient proposer de déposer contre un inculpé plus important, moyennant une remise de leur peine éventuelle.
Comme l’a dit le député du Likoud David Amsalem, « je ne voudrais en aucune manière qu’une telle personne épouse ma fille »… Il s’agit de malfaiteurs, qui ont eu la chance qu’on ait besoin d’eux, mais ceci n’enlève rien à leur mauvaise conduite, et ne leur accorde aucun statut plus avantageux.
Là, dans la présente période trouble et gênante qui se déroule à nos yeux en Terre sainte, deux personnages ont accepté de porter témoignage contre Netaniahou dans le cadre d’accords de cet ordre : Yaïr Lapid, et Chelomo Filber.
Le premier est connu, il a été ministre des Finances, et dirige un parti dans le pays, non sans lutter sans cesse contre le public religieux. Dire qu’il a sans doute commis des fautes professionnelles n’est pas évident, mais il est assez clair que lui aussi a fortement profité de sa proximité d’Arnon Milchan, ce producteur de films, espion et marchand d’armes israélo-américain, qui fait l’objet d’enquêtes du fait des nombreux cadeaux qu’il a offert à Netaniahou, peut-être de manière intéressée. Toutefois, reproche-t-on à présent à Yaïr Lapid, quand il a fait part de la liste des gens avec lesquels il a eu des contacts, et desquels il devra garder distance du fait de son poste ministériel, le nom de Milchan n’a pas été évoqué… Gênant.
Dans ce cas également, c’est le président de la coalition gouvernementale, le marocain David Amsalem, qui a usé d’un terme pourtant émanant du yiddisch, celui de « stincker ». Etymologiquement, ce mot signifie « puant ». Il est employé à l’égard de personnes à la conduite douteuse. C’est donc le compliment que Amsalem a accordé à cet ancien ministre.
Quant à Filber, c’est pire : il a travaillé dans le cadre du ministère alors sous la direction de Netaniahou, le ministère de la communication, et aurait alors accepté un accord selon lequel Walla, alors contrôlé par ce ministère, ferait passer des messages favorables à Netaniahou. C’est terrible : alors que tout le monde, dans les media, comprend à quel point Netaniahou est un personnage horrible, voici donc un site qui prétend le contraire. On ne peut imaginer la gravité de cette faute professionnelle, mais sans nous moquer du système, admettons tout de même que si effectivement Filber a fauté, comment peut-on le prendre comme témoin ? Ne va-t-il pas avoir tendance à changer la réalité pour améliorer l’image qu’il donne ? Nul doute au monde que sur le plan de la Halakha, une personne avec des intérêts gros comme un éléphant n’est pas digne de confiance, en aucune manière au monde !
Tout cela n’est pas très agréable, ni ne fait montre d’un haut niveau moral.