Le général de division à la retraite Giora Eiland a abordé la menace posée par les Houthis et la manière d’y faire face, dans un contexte d’attaques croissantes en provenance du Yémen. • « Ils ne tirent pas 30 ou 300 missiles, mais un seul à la fois. Supposons qu’ils aient 300 missiles et qu’ils les lancent à un rythme d’un jour sur deux. Cela leur suffirait pour deux ans. »
JDN
Le général (rés.) Giora Eiland, ancien chef du Conseil national de sécurité, a discuté ce matin (jeudi) de la menace houthie et des moyens d’y répondre, alors que les attaques depuis le Yémen se multiplient. Lors d’une interview sur 103fm, Eiland a exprimé des réserves sur l’idée qu’une attaque contre l’Iran réduirait immédiatement la menace provenant du Yémen : « L’Iran et les Houthis sont liés, mais aujourd’hui, ce lien est lâche. Même si nous attaquons l’Iran, cela n’affectera pas immédiatement la motivation ou les capacités des Houthis. Leur arsenal a été construit sur plusieurs années, et ils peuvent l’utiliser même sans le soutien direct des Iraniens. »
Bien que l’Iran soit le principal fournisseur d’armes des Houthis, Eiland estime qu’éliminer ce lien ne mettrait pas fin aux tirs de missiles : « Je pense qu’ils ont suffisamment d’arsenal. Ils nous harcèlent parce qu’ils tirent presque chaque nuit. Ils ne tirent pas des dizaines ou des centaines de missiles, mais un seul à la fois. S’ils en possèdent 300 et les tirent à un rythme d’un missile tous les deux jours, cela peut durer deux ans. »
Le général a également souligné que « tout ne peut pas être résolu rapidement. Concernant le Yémen, il est vrai que nous n’avons pas encore réussi à les dissuader ou à neutraliser complètement leurs capacités. Nous avons un problème, mais cela ne signifie pas qu’il faut céder à la frustration et agir impulsivement. »
Le véritable défi : le renseignement
Selon Eiland, la principale difficulté pour gérer la menace houthie réside dans le manque de renseignement précis : « Contrairement à ce que nous avons fait avec le Hezbollah, où 15 ans de renseignement nous ont permis de savoir qui était où, à quel moment et pourquoi, ce niveau de connaissance n’existe pas encore pour les Houthis. Cela ne se construira pas en deux jours, mais un bon renseignement est la clé du succès. »
Créer une coalition internationale
Eiland insiste sur l’importance d’une coopération internationale avec d’autres adversaires des Houthis : « Il faut un changement de paradigme. Ce n’est pas seulement une question d’attaques sporadiques. Le Yémen est un État en partie contrôlé par une entité qui défie l’ordre mondial, qu’il s’agisse des lois maritimes ou des normes internationales. La solution doit passer par une coalition internationale, qui commencera par un blocus maritime et aérien total, en identifiant toutes les voies de contrebande d’armes depuis l’Iran et d’autres pays. Une telle coalition pourrait finalement neutraliser cette menace. »
Enfin, il souligne la nature complexe des conflits modernes : « L’idée que les Houthis ne sont qu’un simple groupe terroriste est trompeuse. Ce sont des armées modernes bien équipées. Pour vaincre un État aujourd’hui, il faut parfois toucher des centaines de milliers d’innocents. Si Churchill et Roosevelt avaient suivi une approche différente pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne nazie régnerait encore sur l’Europe. Le Yémen est un État et, pour en finir avec cette menace, il faut démanteler les régimes. »