« C’est là que Je te donnerai rendez-vous, et Je te parlerai » (Chemoth 25,22)
Rachi explique : « Quand Je te donnerai un rendez-vous pour te parler, c’est cet endroit-là [le Michkan] que Je désignerai comme lieu de rencontre pour venir t’y parler. »
Bien que Moché Rabénou, le plus grand des prophètes, fut connecté constamment avec le Tout-Puissant, de ce verset nous voyons qu’Hachem a tout de même fixé un lieu et temps spécifique pour parler avec Moché.
En ce qui nous concerne, bien qu’il soit possible de se tourner et implorer Hachem à chaque instant, un temps et un lieu spécifiques ont été fixés pour la Tefila. En l’absence du Beth-Hamikdach, ce lieu en question n’est autre que la synagogue, que l’on nomme aussi « Mikdach Méat-le petit sanctuaire. Comme il est enseigné dans la Guemara (Meguila 29a), Hachem assure au prophète Ye’hezkel que durant l’exil il y aura tout de même un « petit sanctuaire », comme il est dit (Ye’hezkel 11;16) « J’ai cependant été pour eux un petit sanctuaire ». Et rabbi Yits’hak explique qu’il s’agit des synagogues et salles d’études de Babel qui sont considérées comme des Beth-Hamikdach miniatures.
Le rav Pinkus zatsal (parachat Behar) nous avertit de ne pas déprécier la valeur de la synagogue, car sa sainteté est aussi grande que celle du Beth Hamikdach. Et le rav explique cela par la parabole suivante : il y a plusieurs années pour écouter de la musique il fallait s’équiper d’une installation complète pour faire marcher un disque vinyle, puis est arrivée la cassette qui a considérablement réduit l’appareillage. Il y a eu ensuite la révolution du baladeur (walkman), puis le compact-disque (CD).
Toutes ces réductions de format n’ont pas réduit la qualité du son et du morceau choisi. De ce fait, on comprend bien que chaque synagogue est une parcelle du Beth-Hamikdach.
Et la Guemara (Berakhot 6a) atteste au nom de Aba Binyamin que la Tefila d’une personne n’est écoutée que dans une synagogue. Comme il est dit « Tourne-Toi Ô Eternel pour écouter le chant et la prière que Ton serviteur prie devant Toi en ce jour ».
Quel est ce lieu de chant ? La synagogue, là-bas, sera formulée la Tefila.
Après avoir vu la grandeur de ce lieu, voyons maintenant l’importance du temps.
La première notion que la Tora écrite vient nous enseigner est celle du temps comme il est écrit : « Vayéhi ‘érev vayhi boker, un jour ». De la même manière, la Tora orale commence avec cette même notion du temps, comme il est dit : « Méémataï Korim ét Chema’ – à partir de quand pouvons-nous lire le Chema’ ». Enfin le Choul’han ‘Aroukh commence lui aussi son œuvre avec cette notion du temps et l’heure du lever.
Cela vient nous délivrer un message primordial dans notre ‘Avodath Hachem (service divin) que l’accomplissement des Mitsvoth est indissociable de la notion du temps. Il est un temps pour porter le talit, mettre les tefilinnes, confectionner la matsa, accueillir Chabbath, lire le Chema, demander la pluie….
Nous prions trois prières chaque jour, ainsi qu’il est dit (Tehilim 55 ;18): « Le soir, et le matin, et à midi, je médite et je me lamente ; et Il entendra ma voix. » Qui a institué ces prières ? Ce sont les patriarches Avraham, Yits’hak et Ya’akov qui les ont institués. Chacune de ces prières est fixée à un temps précis que l’on ne peut ni retarder ni devancer.
Dans la Guemara (Berakhoth 7b) il est rapporté le fait suivant : rav Na’hman était affaibli et ne venait pas à la synagogue. Rabbi Yits’hak lui dit : « Pourquoi le maître ne vient-il pas à la synagogue afin d’y prier ? » II lui répondit : « Je ne peux pas, car je suis faible ». II rétorqua: « Que le maître rassemble dix personnes et il priera ainsi avec un minyane/quorum ». II répondit : « C’est trop de dérangement ».
Rabbi Yits’hak continue son questionnement : « Que le maître demande à l’officiant de le prévenir lorsque l’on commence à prier à la synagogue. » II demanda : « Pourquoi tout cela ? » II répondit: « Voici ce qu’a dit rabbi Yo’hanan au nom de rabbi Chim’on bar Yo’haï : ‘Que signifie (Tehilim 69 ;14): « Mais, pour moi, ma prière s’adresse à Toi, Éternel, en un temps agréée » ? Quand est le « temps agréé » ? – C’est lorsque la communauté est en prière. »
Après tous ces enseignements, chacun de nous pourrait se demander comment puis-je arriver en retard à la synagogue, et arriver quand bon me semble ?
La Tefila a un temps et un lieu pour être écoutée et agréée. C’est un rendez-vous fixé avec Hachem, et y arriver en retard, c’est affront pour le Tout-Puissant. Lorsque nous avons un rendez-vous chez le médecin, la banque ou autre, arrive-t-on en retard ? Non ! Nous arrivons même en avance, pour être bien sûr de ne pas rater ce rendez-vous tant attendu.
Dans la synagogue « Lederman », là où priait notre maître rav ‘Haïm Kanievski zatsal, un fidèle arrivait régulièrement en retard pour la Tefila. Des fois deux minutes, parfois cinq, dix… Une fois le rav lui fit la remarque, et lui expliqua l’importance d’arriver à l’heure à la Tefila. Il écouta attentivement le rav, et répondit magistralement que l’essentiel était tout de même de venir, même quelques minutes après le début.
Quelques semaines passèrent, ce même fidèle se rendit au domicile du rav pour lui dire que sa boutique avait pris feu. Déconcerté, il expliqua au rav que les pompiers n’étaient pas arrivés à temps pour neutraliser l’incendie. Sous la colère, il se plaignit au capitaine de la caserne, de leur négligence et des conséquences graves de ce retard. Mais lorsque le capitaine lui répondit avec nonchalance que « l’essentiel était tout de même de venir, même quelques minutes après le début », j’ai compris le sermon du rav.
Si nous aussi voulons des yechou’oth/délivrances qui arrivent à temps, efforçons-nous d’arriver à l’heure.
Le mot “מזל” Mazal (destiné), est composé de trois lettres : “מ”mèm, “ז”zayine, “ל”lamed. Le mèm fait référence au MAKOM-lieu, le zayin au Zmane-temps et le lamed au Lachon-langue.
Si nous nous trouvons au bon endroit, à la bonne heure et que nous adressons de bonne Téfilot, alors Hachem « organisera » une bonne destinée, un Mazal tov !
Plus que jamais notre peuple a besoin en ces temps difficiles de la prière de chacun « en temps et en heure », pour précipiter la venue du Machia’h et de mériter de voir la rédemption finale. Amen
Mordekhai Bismuth – Retrouvez-nous sur ovdhm.com