Une personne s’est fait exploser devant l’ambassade des Etats-Unis à Podgorica après avoir jeté une grenade à l’intérieur de l’enceinte du bâtiment, dans la nuit de mercredi à jeudi, a annoncé le gouvernement du Monténégro.
Une correspondante de l’AFP arrivée sur le lieux peu de temps après l’attaque n’a pas constaté de dommages. La presse et les badauds étaient tenus à l’écart immédiat des lieux.
« J’ai entendu deux explosions, l’une après l’autre. La police est arrivée très vite et a emporté le corps d’un homme », a raconté à l’AFP un homme, gardien de nuit dans un centre sportif proche de l’ambassade, qui a demandé à ne pas être nommé.
Très sécurisé, le bâtiment est en proche périphérie de Podgorica, près du bâtiment de la police secrète et de la rivière Moraca. Selon le témoin, l’homme aurait pu arriver par ce pont à pied.
« A minuit et demi (23H30 GMT), en face du bâtiment de l’ambassade des Etats-Unis au Monténégro, une personne inconnue s’est suicidée avec un engin explosif. Juste avant, cette personne avait jeté un engin explosif (…) à l’intérieur du site de l’ambassade », selon le gouvernement monténégrin.
« L’engin était très probablement une grenade à main. L’enquête policière et l’identification est en cours, sous la direction du procureur et de la police du Monténégro », selon le tweet du gouvernement.
Aucune piste n’a été évoquée.
Otan et jihadistes
« L’ambassade de Podgorica confirme une petite explosion près de l’ambassade à environ minuit jeudi 22 février », a de son côté indiqué à l’AFP un porte-parole du Département d’Etat.
« Les responsables de l’ambassade travaillent actuellement en étroite collaboration avec la police pour identifier le ou les assaillants », et « l’ambassade mène en ce moment une inspection interne pour confirmer que tout son personnel est en sécurité ».
L’ambassade restera fermée mardi.
Le Monténégro a rejoint l’Otan au printemps 2017, ce qui a suscité l’opposition d’une grande partie de la population de ce petit pays majoritairement slave de 660.000 habitants où une élection présidentielle est prévue en avril.
L’annonce de cette adhésion à venir avait entraîné de violentes manifestations en 2015.
Par ailleurs, un millier de ressortissants des pays des Balkans occidentaux ont rejoint les rangs jihadistes pour combattre en Syrie et en Irak depuis 2012, selon des chiffres communiqués récents. Le flot s’est tari.
Quelque 300 personnes seraient rentrées dans leurs pays, plus de 200 sont mortes sur le front et environ 400 sont toujours sur place.
Parmi ces jihadistes, 23 venaient du Monténégro.
La justice du petit Etat balkanique du Monténégro a pour la première fois condamné en janvier un de ces hommes, qui a écopé de six mois de prison pour avoir combattu avec les jihadistes en Syrie.
Dans la région des Balkans, l’ambassade des Etats-Unis à Sarajevo avait été visée en octobre 2011 par une attaque terroriste.
Un islamiste, Mevlid Jasarevic, avait tiré à l’arme automatique contre le bâtiment pendant près d’une heure. Il avait blessé un policier, avant d’être lui-même blessé par un tireur d’élite et arrêté. Il a été condamné à 15 ans de prison.
Putsch raté
En octobre 2016, les autorités monténégrines avaient indiqué avoir empêché un putsch préparé par un groupe de militants prorusses qui auraient projeté de renverser le gouvernement la soirée des élections législatives.
Selon le parquet, les putschistes avaient projeté d’envahir le Parlement pour y proclamer leur victoire. Le but aurait été de faire pièce à l’intégration à l’Otan.
Durant l’enquête, les autorités ont également évoqué un projet d’assassinat du Premier ministre de l’époque Milo Djukanovic.
Quinze personnes sont jugées pour cette tentative, parmi elles deux Russes et deux Serbes qui sont en fuite.
L’opposition prorusse avait dénoncé un « procès politique monté de toutes pièces » par le pouvoir.
Source www.lorientlejour.com