Un historien polonais décoré par son gouvernement malgré un article controversé sur la Shoah

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Décès d’un officier américain ayant permis la libération de 2 500 Juifs pendant la Shoa

Un historien polonais, au cœur d’un scandale dans son pays après la parution d’un article remettant en question la situation des Juifs après l’invasion nazie de la Pologne, vient d’être décoré pour sa «contribution spéciale» à l’éducation.

La ministre polonaise de l’Education Anna Zalewska a décoré le 16 octobre 2017 Tomasz Panfil, professeur d’histoire de l’Université catholique de Lublin, d’une médaille de son ministère pour sa «contribution spéciale à l’éducation». Les images de la cérémonie ont été diffusées par l’Institut polonais de la mémoire nationale, qui emploie également Tomasz Panfil en tant que chercheur.

Un événement banal ? Tout semble à croire… sauf que l’historien a récemment fait l’objet d’un scandale qui a défrayé la chronique en Pologne. Début octobre, Tomasz Panfil a écrit un article pour le quotidien Gazeta Polska, où il y affirmait que «la situation des Juifs ne semblait si mauvaise que ça après l’agression de l’Allemagne contre la Pologne». Repris par le site Oko, l’article a suscité un vaste débat dans le pays.

D’après l’historien, même si les nazis ont ordonné aux juifs de porter des étoiles jaunes et établi des ghettos, ils ont également «autorisé la formation de Conseils juifs (Judenraete), des structures d’auto-administration». L’article de Panfil affirme par ailleurs que «la politique du NSDAP [Parti national-socialiste des travailleurs allemands] a introduit la discrimination de la population juive, intensifié la répression et mené aux pogroms, mais en même temps, Hitler et ses partenaires préféraient l’émigration comme moyen de « nettoyer » l’Allemagne».

La publication, qui a peu attiré l’attention des médias européens et américains, a suscité la colère en Pologne, où les souvenirs douloureux de l’occupation nazie de 1939 à 1945 sont toujours prégnants. L’Institut polonais de la mémoire nationale avait d’ailleurs tenu à prendre ses distances avec ces remarques controversées. «En ce qui concerne l’article du docteur Panfil, l’Institut polonais de la mémoire nationale affirme que les termes qui y ont été choisis ne sont en aucun cas compatibles avec la position de l’Institut», avait fait savoir l’Institut dans un communiqué cité par le quotidien Lubelski Kurier.

Ce n’est pas la première fois que Tomasz Panfil se retrouve au centre d’une controverse. En 2014, il avait estimé que la croix gammée était un «symbole ambigu» et que le Parti national-socialiste était un «parti de gauche», d’après le site Wirtualna Polska. Sa crédibilité académique avait d’ailleurs été remise en cause par certains de ses collègues : selon Mariusz Mazur, professeur d’histoire de l’Université Marie Curie de Lublin, il n’était jusqu’alors jamais intervenu lors d’aucune conférence scientifique sur l’histoire moderne, et s’occupait principalement d’héraldique et de numismatique.

Au moins 200 000 Juifs ont été exterminés lors de massacres dans le centre et le sud de la Pologne lors de son occupation par l’Allemagne nazie entre 1939 et 1945, et encore quelque 20 000 à l’ouest du pays, selon les données du Musée national de l’Holocauste des Etats-Unis.

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La plupart des camps de la morts nazis, dont Auschwitz, Treblinka, Majdanek et Sobibor, se trouvaient sur le sol polonais. Plus d’un million de juifs ont péri ne serait-ce qu’à Auschwitz, un sixième du total des victimes de la Shoah.

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