Un élève de la Yechiva de Mir a vécu une histoire extraordinaire : il s’était adressé au Roch Yechiva, le rav Nathan Tsvi Finkel, environ deux semaines avant le début des vacances de la Yechiva, pour demander la permission de rentrer chez lui aux Etats-Unis, en raison de l’état de santé de son grand-père qui se dégradait. Le jeune homme précisa : « Je suis très lié à mon grand-père et j’aimerais lui rendre visite, et comme il ne reste que deux semaines avant la fin de la période d’étude, le Roch Yechiva pourrait-il m’autoriser à avancer mon retour à la maison ? ».
Rabbi Nathan Tsvi lui répondit : « Respecter les zemanim, les périodes d’étude à la Yechiva, est extrêmement important, et même la nécessité de voir le grand-père n’est pas une raison pour quitter la Yechiva plus tôt. En particulier si l’autorisation de la part du Roch Hayechiva de partir avant la fin du zeman pourrait, que D’ préserve, conduire d’autres élèves à prendre la permission de partir avant la fin de cette période, cela risque de créer une brèche ; continue à assister diligemment aux sessions d’étude jusqu’à la fin, et peut-être que, grâce à ce mérite, on enverra du Ciel une guérison complète à ton grand-père », conclut le Roch Yechiva avec chaleur.
Le jeune homme quitta la maison du Roch Yechiva, mais ne retourna pas au Beth Hamidrach. Il décida qu’il était obligé de revoir son cher grand-père, et il téléphona chez lui pour annoncer que, quelques heures plus tard, il atterrirait en Amérique. L’avion atterrit, et en sortant, il se hâta d’allumer son téléphone portable, et… il découvrit qu’il avait reçu dix messages sur son répondeur. Il écouta les messages… c’était les membres de sa famille qui lui demandaient de le rappeler de toute urgence. Le jeune homme appela sa mère et fut ébranlé d’entendre la triste nouvelle : « Tu n’auras plus la chance de revoir papi, annonça tristement la mère, il a quitté ce monde il y a quelques heures, on t’a cherché de toute urgence, car papi a demandé à être enterré à Jérusalem, et toi, son cher petit-fils, qui a le privilège d’étudier dans la ville sainte, tu devras prendre en charge l’organisation de l’enterrement. »
Le jeune homme, qui venait d’atterrir quelques minutes plus tôt au terme d’un vol long courrier, devait de nouveau remonter dans l’avion dans la direction opposée pour retourner en Erets Israël. Installé dans l’avion de retour dans le vol qu’on lui organisa rapidement, pendant toute la durée du vol, apparut devant lui la figure du Roch Yechiva qui lui tenait la main chaleureusement, tout en lui expliquant à quel point il était important de préserver le cadre des sessions d’étude ; il avait des regrets de n’avoir pas obéi à ses instructions.
L’enterrement du grand-père commença avec peu de participants, et soudain, une grande émotion s’empara des participants, lorsqu’ils aperçurent la figure du Roch Hayechiva de l’empire de Tora, rav Nathan Tsvi Finkel, venu participer à l’enterrement. Malgré les souffrances qu’il traversait et son manque de forces, rabbi Nathan Tsvi était venu accompagner le défunt jusqu’à la fin de l’enterrement.
Après la cérémonie, le Roch Yrchiva voulut s’adresser à son élève. L’élève était empli de crainte, de tremblement et de sentiments de honte… et alors, rabbi Nathan Tsvi, le père de milliers d’élèves de Yechivoth, qui était proche de chacun d’entre eux, s’approcha de son élève et lui glissa à l’oreille : « Tu as passé deux jours entiers de voyages épuisants en avion, aller et retour, et tu as certainement faim et es très faible. J’ai demandé à ma famille de te préparer un bon repas complet, et je te demande de m’accompagner pour manger et te reposer ». Les yeux du jeune homme s’emplirent de larmes lorsqu’il entendit la demande du Roch Yechiva. Bien qu’il ait voyagé contre son avis, le Roch Yechiva avait un cœur compatissant et un esprit large, et avait pris la peine de venir à l’enterrement, pour encourager son élève et se soucier de son état.
Le jeune homme relate que pendant toute la durée du trajet jusqu’à la maison du Roch Yechiva, et pendant le repas, son rav ne fit aucune critique et n’émit aucune plainte, « c’était la réprimande la plus efficace, affirme le jeune homme, il n’était pas nécessaire de rajouter un mot. La conduite extraordinaire de rabbi Nathan Tsvi était comme un livre de Moussar vivant. »